psychologie des peuples

Psychologie des peuples

Psychologie, philosophie politique

Etudes des caractéristiques psychologiques supposées de peuples en vue d’expliquer leurs institutions et leur culture.

C’est comme « Analyse comparée de la civilisation et de la culture » que se présente le monumental ouvrage de W. Wundt, La Psychologie des peuples (1911). Il se trouve à la charnière de deux styles d’appréciation des différences de mœurs entre les groupes humains : un premier courant né lors des Lumières, à mesure que la convergence vers des idéaux universalistes de rationalité a permis de classer en fonction de leur relatif éloignement les peuples appréhendés à travers le filtre de leur  » caractère national  » ; et un second courant, plus positif et comparatiste, axiologiquement neutre, soucieux d’exploiter les méthodes de la psychologie sociale en ethnologie. Car s’il existe un répertoire de comportements culturels, qui sont en plus cohérents entre eux, au sein d’un groupe ethnique ou national (l’hypothèse de Wundt), il est tentant de créditer la perception des différences par l’observateur étranger d’une pertinence pour caractériser scientifiquement ce qui était jusqu’alors surtout le fait moral ou subjectif de la relativité des mœurs. Au niveau supérieur, des  » représentations du monde  » ethniques caractériseraient la religion, l’art, voire la science des peuples.

Comme psychologie interculturelle, la version contemporaine de la psychologie des peuples est exposée au paradoxe bien connu en psychologie des groupes : bien loin de définir l’identité des individus par l’appartenance au groupe, certains groupes se constituent à partir de la ressemblance consciemment mobilisée de leurs membres entre eux (par affiliation). Du coup, la psychologie interculturelle abandonne à l’idéologie les effets hypothétiques de l’appartenance ethnique en tant que telle sur un  » caractère national  » : les effets psychologiques pertinents sont les effets d’affiliation de rang inférieur (les sensibilités religieuses, esthétiques, etc.), dont l’intégration en un tout au sens de Hegel ou de Spencer, encore envisagée par Wundt, inspire la méfiance.

Psychologie sociale, groupes

Crépon M., Les géographies de l’esprit, Payot, 1996.

Triandis H. et Lambert W., Handbook of Cross-Cultural Psychology, Boston, 1980.

Wundt W., Völkerpsychologie, Leipzig, 1911.

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