L’ASSOCIATION FRANÇOISE & EUGÈNE MINKOWSKI

Historique

Pendant les années qui suivirent la fin de la deuxième guerre mondiale la France accueillit de nombreux réfugiés venant des camps de personnes déplacées.

Les épreuves subies, la vie dans les camps, la dispersion des familles, les difficultés d’insertion dans un pays inconnu et dont ils ignoraient la langue furent à l’origine de nombreux troubles mentaux. Or, dans les grandes villes où ils affluaient et spécialement à Paris, il n’existait que très peu de structures adaptées aux soins que nécessitait leur état. Le dispensaire Tiomkine au 11 de la rue Saulnier dans le 9ème arrondissement, créé pendant la seconde guerre, en était une. Eugène Minkowski y assurait une consultation médico-psychologique en liaison avec l’OSE (cf. biographie d’Eugène Minkowski).

De la fin de la guerre au début des années 50, les réfugiés d’Europe Centrale viennent augmenter le nombre de personnes accueillies au dispensaire et, répondant à un besoin croissant d’aide et de soutien psychiatrique, Eugène Minkowski fait appel à un autre psychiatre, le Dr Joseph Fursay-Fusswerk, et à une psychologue, Mme Kahn Dreyfus pour le seconder. Les consultations s’adressent aux enfants comme aux adultes et sont données en français, allemand, russe et polonais.

Le 24 janvier 1952, un accord, officialisant cette consultation, est signé entre L’Organisation Internationale pour les Réfugiés, le Service Social d’Aide aux Emigrants (S.S.A.E.) et l’Association des Amis des Dispensaires Israélites de Paris (A.D.P.P.) à la mémoire de W. Tomkine, pour l’aménagement d’un service médico-pédagogique auprès du dispensaire Tiomkine. C’est le S.S.A.E. qui assurera le financement des consultations sur le fonds d’assistance aux réfugiés. Ce service s’engage à « recevoir pour examen, consultation et traitement ambulatoire gratuits tous les réfugiés atteints de maladies nerveuses ou psychiques placés sous la protection internationale, sans distinction de nationalité ni de confession et à leur délivrer, le cas échéant, des certificats en vue de leur placement dans les établissements appropriés« . A la demande d’Eugène Minkowski, il est dédié à la mémoire de sa femme, le Dr Françoise Minkowska, elle-même psychiatre, disparue en 1950.

Dans le courant des années 50, deux consultations supplémentaires sont créées, l’une pour les travailleurs portugais, l’autre pour les réfugiés hongrois. Les résultats de l’ensemble de ces consultations sont si satisfaisants qu’il est décidé de créer un dispensaire d’hygiène mentale pour tous les étrangers non francophones, qu’ils aient ou non le statut de réfugié. Le problème de l’hébergement et de la gestion de cette nouvelle structure se pose alors, le dispensaire Tiomkine ne pouvant plus l’assurer. Par ailleurs, bien qu’extrêmement favorable au développement de ces consultations, le S.S.A.E. ne dispose pas de fonds qui permettent l’achat de locaux.

Le 6 mars 1962, l’association des Amis de Françoise Minkowska est créée, sous la présidence d’Eugène Minkowski, pour permettre de collecter des fonds et pouvoir assurer l’activité du dispensaire.

Grâce à l’action déterminante de deux fondateurs de l’association, Madame Chevalley et Monsieur Touze, respectivement présidente et vice-président du S.S.A.E., une subvention est obtenue dans le cadre de l’Année Mondiale des Réfugiés. Complétée par des fonds alloués par le Secours Catholique, l’Association à la mémoire de W. Tiomkine (A.D.P.P.) et le Comité Inter-Mouvement d’Aide aux Evacués (C.I.M.A.D.E), elle permet l’achat d’un local situé au rez-de-chaussée du 18 rue Saulnier, à quelques mètres du dispensaire Tiomkine. Un prêt sans intérêt de la Caisse d’Epargne de Paris et un don du Conseil Général de Paris ont permis l’aménagement de ce local.

Par convention, signée entre l’association des Amis de Françoise Minkowska et les services d’Hygiène Mentale de la Seine, ces derniers accordèrent la prise en charge de la totalité du budget de fonctionnement du dispensaire qui devient le centre Françoise Minkowska.

Une fréquentation toujours accrue des consultations existantes, la création de nouvelles consultations[1] au fur et à mesure des flux de migrants liés aux événements politiques successifs survenus dans les différentes régions du globe et la nécessité grandissante d’une aide sociale associée au traitement médical, ont très vite contraint l’association des Amis de Françoise Minkowska d’agrandir le centre.

En 1972, grâce à des subventions du Fonds d’Action Sociale pour les travailleurs migrants (F.A.S.) et de la Caisse d’Epargne de Paris, l’association a pu acheter et aménager un appartement situé au premier étage du même immeuble.

17 novembre 1972 : Eugène Minkowski décède.

1973 : Alexandre Minkowski, pédiatre internationalement reconnu et fondateur de la néonatologie en France, succède à son père à la présidence de l’association.

23 décembre 1975 : Les statuts de l’association sont modifiés par décision de son Assemblée générale. L’association change de dénomination et devient ce qu’elle est toujours à présent, l’association Françoise et Eugène Minkowski pour la santé mentale des migrants.

Depuis 1985, le financement du centre est assuré par convention entre l’association Françoise et Eugène Minkowski et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie de la région Ile de France.

En octobre 1994, le Pr Alexandre Minkowski démissionne de la présidence de l’association. Les membres du Conseil d’Administration désignent sa fille, Marianne Minkowski, directeur de recherche au CNRS, pour lui succéder.

En 1998, un premier projet d’établissement sur 5 ans est élaboré pour positionner le centre Françoise Minkowska dans le paysage médico-social régional.

Le 1er avril 1999, l’association et le centre emménagent dans de nouveaux locaux situés au 12 de la rue Jacquemont, dans le 17ème arrondissement  de Paris. Ces locaux présentent l’avantage d’offrir un espace de 400 m² sur un même étage, améliorant ainsi les conditions d’accueil des patients et la communication entre équipes.

Ces deux dernières étapes correspondent à une période charnière pour l’association et pour le centre. Le projet d’établissement, comme le déménagement, ont mobilisé tous les protagonistes de l’association, administrateurs, directeur et salariés du centre. Une réflexion concertée et constructive a ainsi permis à l’association de développer et de valoriser l’expertise unique du centre tant dans le domaine du soin et de la prise en charge des migrants que dans celui de la diffusion et du partage de son savoir par la formation de professionnels, l’enseignement universitaire et la participation à des projets de recherche.  En l’espace d’une quinzaine d’années, son action est reconnue an plan national mais aussi européen.

Le 22 octobre 2012, l’association et le centre ont célébré leur cinquantenaire. Pour cet anniversaire, un colloque, parrainé par le Pr Norman Sartorius[2]  avec la participation du Dr Boris Cyrulnik[3]  et du Pr Driss Moussaoui[4], a été organisé au Palais du Luxembourg, sous le patronage du sénateur David Assouline.

 


[1] 1964 : consultation pour les espagnols; 1965 : consultation pour les portugais ; 1972 : consultation pour les personnes originaires du Maghreb ; 1975 : consultation pour les personnes originaires d’Afrique Noire, consultation pour les réfugiés du Sud-est Asiatique et consultation intersectorielle pour les portugais dans l’Essonne ; 1979 : Consultation pour les turcs.

[2] Ancien directeur de la division « santé mentale » à l’OMS, président de l’Association pour l’Amélioration des Soins en Santé Mentale

[3] Neurologue , psychiatre, éthologue et psychanalyste

 

[4] Professeur de psychiatrie

 

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