UFR Études Psychanalytiques – ED Recherches en Psychanalyse
Université Paris-Diderot
Ce qui demeure étranger
La question de l’étranger habite la psychanalyse depuis son origine. D’une part, l’invention de la clinique analytique, faisant le constat que « le moi n’est jamais maître dans sa propre demeure », met le sujet en face d’une altérité constitutive. D’autre part, la psychanalyse elle-même ne se rend jamais familière avec l’inconscient, et n’a de cesse de se confronter aux limites du savoir, retrouvant à ses marges l’altérité de la vérité dans son rapport au savoir. Comme si elle était vouée à demeurer étrangère, ou dans une position d’extraterritorialité, vis-à-vis du champ des savoirs. En sorte que si l’analyse travaille de façon élective la question de l’étranger, elle est aussi bien travaillée par elle. De nos jours, la question de l’étranger renvoie à la rencontre avec la figure d’autrui, du migrant, du différent, mais aussi celle de l’autre en nous, c’est-à-dire le pulsionnel, l’infantile, l’inquiétant car indomptable, une éternelle terra incognita. Et face aux aléas ordinaires de la vie ou à ceux que lui imposent des expériences plus extrêmes, le sujet n’est-il pas alors sans cesse confronté au fait d’être habité par une hétérogénéité, d’être autre pour lui-même ? Les progrès scientifiques et les effets de modernité n’ont réussi qu’à déplacer les limites d’un malaise qui est corrélatif à ce qui demeure irréductiblement étranger en l’humain, individuellement ou socialement. Si l’étranger apparaît alors comme un condensateur de tensions psychiques et sociales, que peuvent en dire aujourd’hui les chercheurs en psychanalyse ? La question de ce qui demeure étranger se trouve ainsi, de manière transversale, toujours au cœur de nos recherches cliniques, qu’elles s’intéressent au corps, au langage, aux psychoses, au trauma ou à l’exil. Elle nous oblige à quitter nos certitudes en nous ramenant, inévitablement, à cet Unheimlich qui, comme le rappelle Freud, « serait toujours quelque chose dans quoi, pour ainsi dire, on se trouve tous désorientés ».
Lieu : Université Paris-Diderot
Amphitéâtre 9E
2 rue Marguerite Duras
75013 Paris
Renseignements : melucemadeira@gmail.com
Journée ouverte à tous. Entrée gratuite dans la limite des places disponibles.