Abdelmalek SAYAD : « Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles »

Editions Autrement, coll. Français d’ailleurs, peuple d’ici, 1998. 128 p. 14,95 €

Avec la collaboration d’Éliane DUPUY.

Abdelmalek SAYAD (1933-1998) est un sociologue français d’origine algérienne, kabyle, directeur de recherche au CNRS et à l’École des hautes études en sciences sociales (E. H. E. S. S.), assistant de Pierre Bourdieu. Fin connaisseur de la communauté nord-africaine en France, il a été décrit par ses amis comme un « Socrate d’Algérie ». En sociologie, il est le « père fondateur » de la question de l’immigration.

« Comment ne pas avoir peur quand tu sais que tu n’as pas le droit d’habiter là ? Tu n’existes pas. » Le bidonville c’est aussi l’histoire de la « ville qui n’existait pas » – une honte refoulée – auquel on a refusé le statut de réalité. Ni empêché, ni accepté. Toléré. Les bidonvilles de Nanterre se sont constitués à partir des années 50, une époque profondément marquée par la guerre d’Algérie qui, comme chacun sait, n’existait pas non plus. Sur ce territoire, un monde de baraquements envahis par la boue et les rats ou menacés par les incendies accidentels et criminels, a pourtant vécu avec ses échanges, ses rituels, reconstituant les solidarités rurales importées du pays. Plus de vingt ans après son éradication, ce bidonville hante la mémoire et les corps. Il a déterminé la révolte fataliste des immigrés, il nourrit la colère des enfants de la deuxième génération. Un témoignage nécessaire.

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