Acculturation et intégration des immigrés portugais dans la société française.

L’impact de la trajectoire des immigrés sur leur acculturation et leur intégration dans la société française dépend des conditions de départ. Ce que veut démontrer M.-B. Rochat Trindade dans structures sociales et familiales d’origine dans le Portugal c’est que l’immigration ne s’explique pas uniquement par ce qui se passe dans les pays d’immigration. Les conditions d’émigration sont aussi importantes que les conditions d’immigration. Elle montre qu’il y a plusieurs trajectoires d’immigration, trajectoires liées aux structures sociales préexistantes avant le départ. Elle s’efforce ainsi de démontrer qu’il n’y a pas un immigré portugais, mais que l’approche doit être différentielle et prendre en compte chaque cas.

L’étude a été menée à partir de deux ensembles :

- un village situé au centre du Portugal, Queiriga, qui vivent dans un système social très interdépendant où le liens familiaux concernent tous les habitants du village. La communauté villageoise est très liée.

- des gens de l’Algrave qui vivent dans la campagne, à proximité d’un centre urbain. La société est composée de familles nucléaires

La phase prémigratoire :

La circulation de l’information : la circulation de l’information concernant le phénomène migratoire est capital pour réussir l’émigration. L’information est différente selon les communautés :

- dans la communauté de Queiriga, l’information circule de manière continue ; il n’ a pas de lieu d’information, celle-ci est ouverte et accessible à tous. Elle est même propagée par la communauté car la mentalité des émigrants est telle qu’ils considèrent leur action comme une aide envers leur communauté d’origine. Celle-ci fait donc tout ce qui est en son pouvoir pour favoriser les départs.

- dans la communauté de l’Algrave, la recherche d’informations est nécessaire ; la société ne considère pas que l’émigration lui sera bénéfique.

Il y a donc une approche différente vis-à-vis de l’information, selon que l’émigration concerne ou non la communauté.

L’appui familial :

- dans le village, l’appui de la communauté est acquise ; celui qui part en laissant sa famille, sait que cette dernière sera épaulée par ceux qui reste, que la communauté exercera un contrôle sur sa famille.

- en milieu semi urbain, le schéma est différent ; il n’y a ni aide, ni contrôle de la communauté ; les Algraviens vont donc avoir tendance à se faire rejoindre très rapidement par leurs familles.

L’immigration au pays d’accueil :

Les implantations sont de trois types dans les pays d’accueil ; elles sont fonction des possibilités de regroupement :

- de nationaux protugais

- de régionaux : cas des Algraviens

- locaux ou d’origine villageoise (cas des paysans de Queiriga).

Les Portugais de Queiriga se sont regroupés en région parisienne à Orsay-Limours et travaillent dans des entreprises maraîchères de la régions parisienne. Ils essaient de créer à Orsay-Limours une parie de la structure communautaire qu’ils connaissaient dans leur pays d’origine. Ils profitent de cette proximité spatiale pour entretenir des relations très étroites. Leur acculturation est faible car ils considèrent leur émigration comme provisoire. Ils n’ont aucune raison de vouloir s’acculturer au pays d’accueil. Leurs liens avec le pays d’origine est poussé à l’extrême : chaque semaine, une camionnette fait le trajet Orsay-Queiriga ; cette navette amène au Portugal des biens de consommation courante et ramène des produit vivriers. La question qui se pose concernant ces produits est de savoir si c’est pour garder un contact avec le terroir ou parce qu’il y a échange troc et que la communauté d’origine n’a trouvé que ce moyen pour payer les produits importés de France. Il faut d’autre part noter que le gouvernement Salazar laisse passer cette navette et qu’il doit donc y avoir un intérêt. Les choses ne sont pas aussi simple que l’auteur veut bien nous les présenter. En définitive, l’intégration est inexistante.

Les Algraviens travaillent pour la majorité à l’usine Renault de Billancourt ; très nombreux sont ceux qui étaient déjà ouvriers dans l’usine Renault au Portugal. Une cinquantaine de familles sont regroupées à Billancourt et dans les communes avoisinantes. Cette communauté ne se fréquente pas quotidiennement ; les visites sont espacées et le rencontres ont lieu essentiellement en terrain neutre : associations sportives, culturelles. L’acculturation est assez facile et se fait surtout par le biais des enfants. Le réseau de relation s’étend aux Français et on put parler d’intégration progressive

Bibliographie complémentaire :

Rochat-Trindade : Structures sociales et familiales d’origine au Portugal in Ethnologie française 1977 N°3

Aller au contenu principal