Sommaire
Editorial par Mohamed El Moubaraki
Identité et interculturel par Hanna Malewska Peyre
Expérience et représentations de la violence chez des collégiens de Champagne-Ardenne par Vincent Peyre
Construction du projet des jeunes au Maroc par Emile Henri Riard
Les jeunes d’origine d’origine étrangère. Immigré / citoyen d’un regard à un autre par Hakima Laala Hafdane
La stérilité psychogène chez les femmes sénégalaises. Étude de cas par Chloé Santamaria
Le diabète non insulinodépendant chez le patient maghrébin : un regard sociosanitaire par Rajae Elkerri
Editorial
Ce numéro de la revue porte sur les adolescents. Aux quatre articles qui leur sont consacrés, ont été joints des réflexions à propos de deux formes de dysfonctionnement du corps,
Les trois premiers articles ont fait l’objet de communications lors de la journée d’étude « Adolescence : des conflits culturels à l’interculturalité ». Cette journée fut organisée le 20 mars 2003 dans le cadre de stages de formation proposés par l’association Migrations santé. Le quatrième et dernier texte de la série concerne les adolescents d’origine étrangère résidant en France.
Le premier article du numéro a été la communication inaugurale de la journée d’étude. Hanna Malewska Peyre y aborde des questions relatives à l’identité et à l’adaptation. Elle prend comme base de départ de son analyse la théorie de John Berry portant sur le mode d’acculturation des migrants dans les pays d’accueil. Différentes orientations en rapport avec leur propre culture et la culture du pays d’accueil sont distinguées. Ces orientations ont à connaître de l’identité et des différentes stratégies qui s’offrent aux migrants. Plusieurs cas de figure y sont exposés.
Hanna Malewska Peyre fait référence à ses multiples recherches sur la formation de l’identité et le processus d’acculturation. Elle produit le diagramme de la construction de l’identité qu’elle a développé dès le début des années quatre vingt, et qui met en lumière les différents facteurs à prendre en considération pour la constitution de l’identité personnelle et ses fonctions.
Les valeurs éthiques et culturelles, bien qu’il ne soit pas facile de définir la notion de valeur, font partie intégrante de l’identité. D’après l’auteur le concept de valeur « représente un objectif souhaité, individuel ou social qui oriente l’action et le jugement. Nous appelons centrales, poursuit l’auteur, les valeurs importantes pour la construction de l’identité. Ce sont les valeurs centrales qui donnent un sens à l’existence de l’individu. Elles sont le fondement de son système axiogène, ce sont les premières dans la hiérarchie des valeurs. »
Partant de la formation de l’identité, l’auteur aborde d’une part l’élaboration de l’identité culturelle et d’autre part la question de l’immigration, en se référant tant à la problématique de l’intégration qu’aux facteurs sociaux et politiques de l’acculturation au sein du pays d’accueil.
Le deuxième article expose les résultats d’une recherche conduite par Vincent Peyre auprès d’élèves de quinze collèges de la région Champagne Ardenne, en 2000-2001, afin d’analyser leur expérience et leurs représentations des violences, entre élèves, et entre élèves et adultes.
Les variables familiales et d’environnement ont été prises en compte ainsi que les caractéristiques des établissements scolaires. Les styles d’enseignement et les modes de direction des établissements sont également questionnés.
Le point de vue adopté est celui d’une psychologie sociale traitant les relations entre individus et entre ceux-ci et différents groupes. L’approche retenue par l’auteur du phénomène de la violence, privilégie le vécu rapporté par les jeunes eux-mêmes. À partir de ces références sont analysés : l’origine géographique et culturelle des jeunes, leurs représentations de la violence, leur sentiment de peur…
Comme conclusion, il ressort de cette étude que les jeunes collégiens :
ne font pas ressortir la violence au collège ou ailleurs comme un problème majeur pour eux.
qu’ils ont un besoin de sécurité d’autant plus élevé qu’il sont eux-mêmes en insécurité.
Emile Henri Riard à partir d’une étude consacrée à la construction du projet des jeunes au Maroc, nous livre ici, les lignes directrices des résultats de sa recherche. Il s’agit de la genèse des projets de jeunes marocains, qui prend en compte leur assise imaginaire à l’aide des outils que sont le questionnaire et le test des trois personnages. Les grands traits des résultats de cette recherche soulignent :
que lorsqu’ils existent, les projets des jeunes marocains sont généralement d’ordre professionnel ;
qu’il s’agit plus de prémices à la construction de projets qu’à des projets bien définis ;
L’optimisme de la majorité de ces jeunes, en dépit des obstacles, surtout d’ordre matériel ;
La très grande difficulté dans laquelle des groupes de jeunes se trouvent, à cause d’une réelle maîtrise de projet de vie.
Certaines variables socio- démographiques ont une influence plus faible qu’attendue. Pour la construction du projet des jeunes marocains, l’étude fait ressortir l’importance du rôle de, l’entourage, la famille, les pairs, les habitants du quartier, les associations. Une comparaison synthétique et adéquate, de la notion de projet individuel, dans des sociétés moderne et en voie de développement, est bien explicitée. La lisibilité et la compréhension de l’analyse en sont facilitées.
Pour clore ici, cette réflexion sur les adolescents, Hakima Laala Hafdane traite de la situation des jeunes issus de l’immigration. Si les migrants de la première génération passent inaperçus, leurs enfants, par contre, occupent la place publique et leur visibilité accrue interpelle la société. Pour approfondir son approche, l’auteur propose de partir de la question suivante :
Face à toutes les réalités du milieu, comment ces jeunes pensent-ils et tissent-ils leurs modèles de vie au sein de la société française ? La réponse qu’elle apporte passe par le décryptage et l’analyse du discours des jeunes issus de l’immigration. Elle permet de saisir et de comprendre leurs modèles de vie, et l’ambiguïté relationnelle qu’ils ont avec la Société. »
Deux autres articles complètent ce numéro. Le premier porte sur les étiologies de la stérilité psychogène chez la femme musulmane sénégalaise. Le dernier apporte une série de réflexions sur le diabète non insulinodépendant présent chez les Maghrébins en France.
L’article de Chloé Santamaria est donc consacré à la stérilité psychogène. C’est le résultat d’une recherche menée sur le terrain à Dakar auprès de femmes musulmanes sénégalaises. « L’hypothèse avancée est qu’une carence de soins maternels infantiles conduirait à une difficulté d’identification à la mère pouvant provoquer une éventuelle stérilité. » « Le désir d’enfant apparaît, comme un cheminement complexe où se mêlent successivement les identifications parentales ainsi que des représentations inconscientes. Dans le désir d’enfant, il est question de la transmission de l’histoire personnelle et familiale. C’est bien ceci qui est impossible, voire intolérable chez la femme stérile. »
Rajae Elkerri clôt ce numéro par un article sur le diabète non insulinodépendant chez le patient maghrébin sous l’angle d’une approche socio- sanitaire.
L’article rend compte d’une enquête de terrain, effectuée dans le cadre d’un DESS de sciences sanitaires et sociales à l’Université de Montpellier 111. Le diabète non insulinodépendant (DNID) est défini en tant que maladie chronique caractérisée par la durée et d’éventuelles aggravations. L’auteur conclut que la problématique du diabétique maghrébin s’inscrit, en définitive, dans un champ complexe, observable à travers une double grille qui objective :
d’une part, l’ensemble des facteurs inhérents à l’origine géographique et culturelle du sujet,
d’autre part, des paramètres sociaux, économiques, professionnels, résidentiels…. liés à son séjour en France et qui conditionnent son statut d’immigré,
Ce numéro est le dernier de l’année 2003. Il accuse un peu de retard. Mais nous sommes sûrs que nos lecteurs, que nous remercions pour leur fidélité, ne nous en tiendront pas rigueur. Nous leur souhaitons bonne réception de cet envoi et surtout bonne lecture.
(Mohamed El Moubaraki)
Identité et interculturel par Hanna MALEWSKA PEYRE**
Hanna MALEWSKA PEYRE est professeur de psychologie sociale à l’Ecole supérieure de psychologie sociale à Varsovie en Pologne.
Résumé
L’interculturel traite des interactions entre les personnes de cultures différentes.
La théorie de John Berry sur le mode d’acculturation des migrants au pays d’accueil distingue différentes orientations par rapport à leur propre culture et à la culture du pays d’accueil. Ces orientations concernent l’identité, Au début de sa recherche John Berry formule deux questions : est-il important pour un immigré de maintenir son identité et ses caractéristiques culturelles ? Est-il important pour lui d’adopter la culture de la communauté d’accueil ? Nous présenterons et discuterons les différentes réponses à ces questions. Nous approcherons d’abord la problématique de la formation de l’identité.
Bibliographie
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Ladmiral J.R., Lipiansky E.M., 1989. La communication interculturelle. Paris, Armand Colin
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Malewska-Peyre H., Taboada-Leonetti I., Zaleska M., 1982. Crise d’identité et déviance chez les jeunes immigrés. Vaucresson, La Documentation Française
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Malewska-Peyre H., Taboada-Leonetti I., A.Vasquez. Paris, PUE
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Mokounkolo R., Fouquereau E., Rioux L., 2002. Soi, identité ethnique et groupes sociaux de référence. Le cas des Algériens en France. in Identités, Acculturation et Altérité. C. Sabatier, H. Malewska, F. Tanon, eds. Paris, L :Harmattan.
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Expérience et représentations de la violence chez des collégiens de Champagne-Ardenne par Vincent PEYRE
Vincent PEYRE est sociologue, ancien directeur de recherche au CNRS.
Résumé
Partant d’une recherche conduite auprès des élèves de quinze collèges de la région Champagne-Ardenne, sont analysées leurs expériences et leurs représentations des violences entre élèves et entre élèves et adultes. Les variables familiales et d’environnement sont également prises en compte, de même que les caractéristiques des établissements scolaires eux-mêmes. En conclusion sont questionnés les styles d’enseignement et les modes de direction des établissements.
Ouvrages cités :
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Wieworka M. (1992). La France raciste. Paris, Fayard.
Construction du projet des jeunes au Maroc par Emile-Henri RIARD
Professeur en Psychologie. IUFM d’Amiens (GRIPS-Sco) ; U.P.J.V. (CURSEP).
Résumé
Cet article livre les lignes majeures des résultats d’une recherche menée au Maroc (action intégrée 97/129/LSHS), sur la genèse du projet des jeunes Marocains. Elle prend en compte son assise imaginaire, avec comme instruments un questionnaire et le Test des « trois personnages ».
Les résultats confirment l’importance de la famille et de la dimension collective extrafamiliale (habitants du quartier, associations), tout comme l’existence de différences entre les mondes rural et urbain. Ils mettent en évidence les enjeux, pour les jeunes, des relations entre les enseignants et les parents. Par contre Ils révèlent la faiblesse de la variable « âge » et l’impact de la région de résidence sur le proj . et.
L :assise imaginaire, si elle confirme le mouvement général d’orientation du sujet vers le futur, met en valeur des fonctionnements de nature « narcissique », et de probables difficultés tenant à une unité interne difficile.
Une hypothèse portant sur le mode de construction de nature oscillatoire du projet et sur la nature de l’angoisse qui anime ce mouvement clôt l’article par ailleurs accompagné d’annexes fournissant des résultats détaillés.
Quelques références bibliographiques :
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Les jeunes d’origine étrangère. Immigré/citoyen d’un regard à un autre par Hakima LAALA HAFDANE, Chercheur Sociologue, Formatrice
Résumé
Les jeunes issus de l’immigration occupent actuellement « la place publique » dans le discours politique et dans les projets de loi. Leur visibilité accrue, interpelle l’ensemble de la société. De plus en plus on les identifie comme des causes directes des troubles sociaux et de sécurité. Le discours des médias les incriminent davantage.
Notre interrogation dans cet article touche cette relation ambivalente que la France entretient avec ces jeunes, les raisons de leur visibilité sociale actuelle, leur parcours d’intégration, l’ambiguïté de leur appartenance, leur rapport avec la France et avec la société d’origine de leurs parents. Nous essayons aussi de comprendre leur métissage culturel en analysant leur processus de construction d’un ensemble de valeurs sociales auxquelles ils pourraient s’identifier.
Bibliographie
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La stérilité psychogène chez les femmes sénégalaises. Étude de cas par Chloé SANTAMARIA, Etudiante en DESS de psychologie clinique et psychopathologie interculturelle à Paris V.
Résumé
L’article présente l’extrait d’une étude sur les étiologies de la stérilité dite psychogène chez les femmes musulmanes sénégalaises.
Dans le cadre d’une recherche menée sur le terrain à Dakar, Sénégal, l’hypothèse serait qu’une carence de soins maternels infantiles conduirait à une difficulté d’identification à la mère pouvant ainsi provoquer une éventuelle infertilité.
Les conflits psychiques seraient refoulés car les codes culturels ne permettraient pas leur hbre expression.
Cette hypothèse est illustrée à travers l’étude de cas de Coumba, jeune femme de 30 ans.
Bibliographie
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Le diabète non insulinodépendant chez le patient maghrébin : un regard sociosanitaire par Rajae ELKERRI, Ingénieur en sciences sanitaires et sociales – doctorant en géographie de la santé, Université Montpellier III.
Résumé / Summary
Le diabète non insulinodépendant (DNID) est une pathologie chronique caractérisée par des épisodes de complications aiguës et d’éventuelles aggravations à long terme. Elle implique, pour ceux qui en sont atteints, une prise en charge au long cours.
Comme pour la plupart des maladies chroniques, une partie de cette prise en charge doit être assurée par le patient lui-même. Pour cela, les équipes soignantes doivent, dans x cadre de l’éducation du patient, allier savoir scientifique et compétences psychopédagogiques afin d’accompagner le patient sur le chemin de l’autonomie et d’un meilleur vécu de la maladie, au quotidien.
Par ailleurs, les patients diabétiques sont inégaux face à la maladie et à sa prise en charge. Ceci est particulièrement vrai dans le cas du diabétique issu de l’immigration maghrébine qui s’écarte du patient « moyen » de par son appartenance culturelle d’origine ainsi que son statut d’immigré dans le pays d’accueil.
Dans cet article, nous abordons quelques aspects de la problématique du patient DNID issu de l’immigration maghrébine Quelques réflexions sont également proposées au sujet de l’éducation du patient dans le cas général du diabétique non insulinodépendant et celui particulier du patient Maghrébin.
Mots clés : Diabète non insulinodépendant – Patient maghrébin – Education du patient – Sociosanitaire.
Summary
Non-insulin dependant diabetes is a chronic pathology characterised by episodes of sharp complications and possible further aggravations.
As for most of these chronic iliness, the patient has to mainly take himself on charge. For this, the medical crews have, as an education provided to the patient, te, match scientific knowledge and psycho-educational competence so as to accompany him along towards autonomy and to allow him deal with illness in the best terms in everyday life. Moreover, the diabetic patients are not all equal vis a vis their illness and its taking on charge. This is particularly true in the case of maghrebin diabetic who is unlike the average » patient because of his cultural belonging and of his status as an immigrant. In this article we will deal with sortie of the aspects of the problernatical issue of the diabetic patient from Maghrebin immigration. We will as well suggest some reflections about the education of the patient in the general frame of non-insulin dependant diabetic and in that of the Maghrebin patient.
Key words : Non-insulin dependant diabetes – Maghrebin patient – Education of the patient – Sanitary & social
Références bibliographiques
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