« Alors Balandier vint »‘… ou, plus exactement, nous le découvrîmes. Il nous parla d’abord de la situation coloniale et de ce quelle signifiait pour ceux qui la subissaient, démontrant du même coup que l’étude de cette situation avait pleinement sa place dans la recherche ethnologique. Il nous conduisit à Bakongo et à Poto-Poto, au cur bouillonnant de la ville africaine : l’ethnologie, ce n’était pas seulement la rencontre au fond des forêts avec des populations vierges de tout contact avec les Blancs, cela pouvait se pratiquer aux abords des gares routières, dans les bars et les cinémas de plein air, à la lumière des réverbères.
Mais, surtout, il nous apprit que la distinction des sociétés froides et des sociétés chaudes est, dans une large mesure, une illusion d’optique : toutes les sociétés ont leur poussée de fièvre et leurs époques de refroidissement. Elles connaissent toutes la crise, le désordre, le conflit, elles élaborent toutes les dispositifs et les stratégies qui leur permettent de vivre avec leurs contradictions.