Éditions Payot, 2005. Collection Essais. 212 p.
Bénédicte HAVARD-DUCLOS, sociologue, enseigne à l’Université de Bretagne Occidentale et est membre du laboratoire ars (Brest).
Sandrine NICOURD, sociologue, est maître de conférences à l’Université Paris XIII et membre du laboratoire printemps de l’Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.
Quelques chiffres : il existe en France 800.000 associations ; ces dernières années, il s’en crée 70 000 par an ; elles concernent 12,6 millions de bénévoles ; 8 Français sur 10 se disent concernés par la vie associative ; l’action sociale représente 14 % du temps bénévole ; 60 % des associations emploient plus de 50 bénévoles, 7 % plus de 700.
Quels sont aujourd’hui les ressorts de l’engagement ? Pourquoi vient-on dans une association ? Pour y passer du temps, agir pour les autres ? Et pourquoi y reste-t-on, alors que les bénévoles ou militants auraient mille autres occupations ?
Expliciter les raisons, mais aussi les difficultés et les failles de la fidélité associative, tel est l’enjeu principal de ce livre. Il s’agit de montrer la manière dont les associations, composées de volontaires et donc toujours susceptibles de se vider de leurs membres, parviennent ou pas à fidéliser les individus, à les intéresser suffisamment pour qu’ils se mobilisent en leur sein, à les inciter à leur consacrer du temps et de l’énergie.
Le discours médiatique, à force d’insister sur la fin des idéologies et du militantisme, sur l’affaiblissement des grandes organisations politiques ou religieuses, sur le repli individualiste et sur la versatilité des engagements, fait presque oublier que les personnes qui s’engagent le font généralement dans la durée.
La « motivation » ou le « manque de motivation » de nos contemporains à s’engager est une piste insuffisante pour comprendre comment la fidélité ou la versatilité dans l’engagement se construisent. Pour que l’activité bénévole soit justifiée et se maintienne dans la durée, les associations doivent entretenir les vocations, limiter les défections, donc répondre aux bénévoles et militants sur quatre registres : l’utilité sociale, le sens de l’engagement pour la trajectoire personnelle, le plaisir apporté par une sociabilité et un statut satisfaisants, la légitimité de l’engagement au regard des normes sociales dominantes.