» Une longue familiarité avec les sociétés maghrébines ne m’avait guère permis d’avancer véritablement dan sla compréhension des difficiles et délicats rapports entre hommmes et femmes. Entre parents et enfants. Entre individu et société. Une conjoncture particulière devait m’ouvrir la voie. J’eus en effet la chance d’être mêlée de près au mariage de deux Algériens :un Parisien et une Algéroise. Mon implication dans cet évènement et l’urgence, pou moi, d’une clarification indispensable pour me permettre de sortir d’un malaise, me contraignirent à la réflexion.
C’est ainsi qu’à cette occasion, je pus enfin commencer à dénouer l’écheveau des multiples contradictions interindividuelles au sein du lignage et tenter de comprendre d’abord comment, dans une société patrilignagère et patriarcale, de domination affirmée des hommes sur les femmes, une catégorie de femmes, les mères de garçons avaient pu jouer le rôle de grandes prêtresses de cette domination des hommes et de l’oppression des femmes.
La démarche suivie ici reprend mon cheminement personnel, allant du récit de l’expérience particulière à la construction d’un modèle dont la force permet de mesurer les difficultés considérables vécues par des hommes et des femmes soumis à l’emprise de cette idéologie patrilignagère et patriarcale encore très vivante au Maghreb, et dont les traces ne sont pas non plus toutes disparues de nos propres représentations au nord de la Méditérranée. »
Camille Lacoste-Dujardin