Introduction
L’immigration est une expérience structurante qui peut se traduire, pour la personne et pour sa famille, aussi bien par une amélioration du bien-être que par une détresse psychologique accrue, selon les circonstances dans lesquelles la migration se déroule et les attentes auxquelles elle répond (Bibeau et autres, 1992). Contrairement à ce qui a longtemps été pensé, l’immigration et le processus de refuge politique ne constituent pas en eux-mêmes un risque pour la santé mentale des communautés immigrantes (Beiser, 1988). Les communautés, les familles et les personnes immigrantes ont cependant un vécu spécifique aussi bien avant la migration qu’après leur arrivée dans le pays hôte, qui va influencer de façon complexe leur état de bien-être et leur niveau de détresse psychologique.
Ce chapitre vise d’abord à dresser un profil global, d’une part, de la santé mentale des personnes appartenant à quatre ensembles géoculturels de migrants établis au Québec, soit les communautés chinoise, haïtienne, maghrébine et moyen-orientale, et hispanophone et, d’autre part, des facteurs spécifiques à la migration et au statut de minorité susceptibles d’affecter leur bien-être psychosocial, telles la trajectoire migratoire et les situations discriminatoires auxquelles ces personnes ont été confrontées depuis leur arrivée au Québec. Il vise ensuite à examiner les relations entre, d’une part, la santé mentale de ces populations et, d’autre part, leur vécu prémigratoire, leur profil sociodémographique et leur vécu postmigratoire. Le chapitre est divisé en quatre parties. La première partie présente une revue sommaire de la littérature sur la santé mentale des immigrants et sur les facteurs prémigratoires et postmigratoires qui peuvent l’affecter. La deuxième partie fournit de l’information essentielle sur les aspects méthodologiques de la mesure de la santé mentale et du vécu prémigratoire et postmigratoire dans l’Étude auprès des communautés culturelles, ainsi que sur l’analyse des données. La troisième partie résume les résultats observés dans cette étude en ce qui concerne la santé mentale et les facteurs qui y sont associés. Finalement, la dernière partie présente une interprétation de ces résultats qui tient compte du patrimoine ethnoculturel des communautés étudiées et du contexte d’accueil québécois.
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