Sabine Wespieser, 2004.
Chahdortt Djavann est née en 1967 en Iran et a quitté ce pays à 23 ans lorsqu’elle y faisait des études de médecine. Elle a vécu deux ans à Istanbul où elle a débuté de nouvelles études à l’université américaine puis elle est arrivée à Paris en 1993. Elle a appris le français à l’Alliance française et à la Sorbonne ; puis repris des études supérieures à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales dont elle a obtenu le diplôme pour un mémoire intitulé « L’Endoctrinement religieux (analyse des manuels scolaires iraniens) ». Elle a commencé sa thèse de doctorat sur « La création littéraire dans la langue de l’autre ». Je viens d’ailleurs (Autrement, 2002) est son premier roman, écrit directement en français, langue qu’elle ne parlait pas à son arrivée en France. En 2003 elle a publié Bas les Voiles ! (Gallimard), pamphlet contre le voile islamique. Autoportrait de l’autre (Sabine Wespieser, éditeur) est son deuxième roman.
« C’est fini… » Ainsi commence le roman fiévreux de Chahdortt Djavann, qui se glisse dans la peau d’un homme au seuil de la mort. Dans un monologue intérieur bouleversant, où les images de l’enfance, de la mère, de l’amour et de la guerre s’entremêlent, l’auteur met à nu la vie d’un grand photographe de guerre.
Un bras de fer entre le personnage et sa vie dont il voudrait comprendre le sens. Pourquoi a-t-il passé des années à traquer des images de mort ? Sur quelles souffrances, sur quelles absences s’est-il construit au point de ne plus se reconnaître dans cet autre qu’il est devenu ?
Une écriture haletante, violente, sans concession, dans laquelle les pulsions de vie et de mort sont face à face.
Autoportrait de l’autre par Chahdortt Djavann : « Je voulais écrire un livre, j’en ai écrit un autre. L’écriture s’est imposée à moi, m’a guidée, entraînée dans l’histoire de cet homme. Je me suis glissée dans sa peau. Au début, je ne savais qui il était, qui il serait, où il irait, quel métier il aurait. L’image d’un gamin devant une décharge, inventant l’histoire de chaque carcasse de voiture me hantait. Et ce gamin lui-même était hanté par l’image de sa mère. C’est comme ça qu’il est devenu photographe de guerre. Avant de commencer le livre, j’ai rencontré des photographes de guerre de tous horizons qui ont bien voulu me parler de leur expérience professionnelle. J’ai visionné des documentaires et puis j’ai mené une recherche en Bretagne, pays d’origine de mon personnage. À vrai dire je n’ai pas l’impression d’avoir écrit ce livre mais d’avoir vécu une expérience, une vie, celle de mon personnage. Pour l’inventer, je me suis identifiée à lui, je suis devenue lui, il est devenu moi. Il a vécu en moi, menant son chemin. Au bout de la route, à la fin du livre, le vide, un puits sans fond, allait m’engloutir. J’ai pu m’en échapper par un sursaut : Bas les voiles ! Je me suis donnée un autre combat, à une autre guerre. »