Chimène KEITNER : « L’Unesco et la question de la diversité culturelle : bilan et stratégie, 1946-2004 »

Disponible sur le site de l’UNESCO : www.unesco.org

Disponible en anglais et en français.

Editeur : Division des politiques culturelles et du dialogue interculturel, UNESCO, 20 sept. 2004, 23 p.

La Déclaration Universelle de l’Unesco sur la Diversité Culturelle, établie en Novembre 2001 a suscité de nombreux débats. L’Organisation fait une place centrale à la question de la diversité culturelle, mais encore faut-il savoir ce que l’on entend par là. Chimène Keitner et Katarina Sténou interrogent alors le concept de diversité culturelle, en présentant l’évolution historique du concept de culture à l’Unesco.

On peut dégager quatres moments principaux :

- Culture et savoir : De sa fondation jusqu’au début des années 50, l’Unesco entend la Culture dans son universalité, sur le plan de l’humanité abstraite. Elle y est Civilisation, au niveau général : appréhendée en termes d’informations historiques, de productions artistiques et de pratiques. La Culture est un patrimoine du passé à protéger. L’accent est donc mis sur le maintien, la diffusion et l’accroissement du savoir. L’orientation humaniste de cette notion met l’accent sur une idée de fraternité et de coopération universelle, et de confiance en les capacités humaines. Elle ne laisse pourtant pas de place à la pluralité, et l’abstraction qu’elle contient présente le risque de neutraliser la spécificité culturelle. La variété n’y est pas considérée comme une valeur en soi.

- Culture et politique : Des années 50 à la fin des années 60, à la suite du processus de décolonisation, de nouveaux pays indépendants sont créés. La notion de Culture prend un aspect particulariste. Le débat franco-allemand du XIXe siècle fait naître deux notions opposables du concept de Culture : la notion allemande de Kultur s’oppose à la notion française de « Civilisation ». La Kultur est la culture spécifique, où chaque peuple s’exprime selon sa propre spécificité, et à travers sa propre culture a un destin spécifique. La Civilisation est l’idée humaniste universaliste de la Culture qu’ont les Lumières.
La variété devient une qualité, prend une valeur en soi. Mais considérer l’incommensurabilité des cultures, c’est aussi risquer l’incommunicabilité de la culture, et le relativisme.

- Culture et développement : Des années 60 aux années 70, la Culture n’est plus considérée comme un surplus, une superstructure, mais est un facteur de bien-être. Le développement ne peut désormais plus se limiter à l’économie, et l’on voit apparaître de nouveaux indicateurs de développement. De plus, la question de l’identité culturelle commence à apparaître, elle devient facteur d’indépendance et de solidarité.

- Culture et démocratie : Dans les années 80 et 90, les grands débats de notions sont apparus à l’Unesco, conduisant à l’élaboration des grands documents de l’Unesco. La naissance du multiculturalisme, les débats entre les libéraux et les communautaristes mobilisent la question de la diversité culturelle. Le collectif et le personnel se croisent désormais.

Ces différentes étapes soulève la question anthropologique suivante : comment penser la spécificité humaine en relation à la diversité des peuples et des coutumes ? Le débat entre particularisme et universalisme prend désormais un enjeu éthique : l’Unesco se doit de déterminer des pratiques, et une norme de l’agir, pour mener à bien sa finalité de promotion de la diversité culturelle, pour le vivre-ensemble.

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