Culture, santé et ethnicité.

Par Sylvie Grave l ,Alex Battaglini, Hélène Riberdy et Danielle Guay, Unité Écologie humaine et sociale, DSP de Montréal-Centre.

Le document intitulé Culture, santé et ethnicité : vers une santé publique pluraliste offre un cadre de référence et des outils aux professionnels qui d é s i rent intervenir en contexte pluriethnique dans le domaine de la santé publique. Il a aussi pour but de soutenir l’élaboration de projets où la composante culturelle sera considérée dès le début. Il vise également à maintenir une réflexion sur les enjeux et les limites sous-jacentes à l’utilisation de ces concepts. Finalement, il cherche à sensibiliser les responsables de projet aux moyens disponibles afin d’adapter le mieux possible les efforts de la santé publique à la réalité pluraliste.

Pluralité sociale et pluralité des mots

Il existe un nombre important de termes et de notions visant à rendre compte de la réalité s o c i o c u l t socioculturelle au Québec : minorités visibles, allophones, communautés culturelles ou groupes ethniques. L’utilisation parfois incohérente qui en est faite dans les milieux politiques et scientifiques entretient une certaine confusion. Il en va de même pour les notions d’intégration, d’assimilation et d’acculturation. Pourtant, ces notions, et les définitions qui les accompagnent, ne sont pas neutres et véhiculent leur lot de significations qui peuvent se refléter dans les actions politiques et économiques à l’avantage des uns et au désavantage des autres.

Il y a tout de même un certain consensus sur le concept de culture. On s’entend pour dire que la culture représente un mode de vie et un ensemble de réponses à un environnement partagé par les membres d’un groupe. Toutefois, au sein d’un même groupe ou encore d’une communauté, cette culture n’est ni statique, ni homogène et elle évolue continuellement.

La culture est par définition dynamique, car elle se transforme sans cesse selon une série de relations et de processus sociaux, mais les termes ou concepts que nous utilisons pour rendre compte de la diversité et du dynamisme culturel nous permettent-ils véritablement de refléter cette complexité ?

Il a longtemps été coutume de ranger la diversité humaine selon une typologie raciale. La notion de race, qui repose plus sur une signification sociale et politique que sur une quelconque réalité biologique, persiste toujours mais tend à être remplacée par celles de groupes ethniques ou de communautés culturelles. Mais, encore là, qu’entend-on par ces notions ?

Il y a certes un consensus sur le fait que le concept de groupe ethnique repose sur une identité partagée entre personnes. Cette identité partagée peut comprendre les valeurs, les traditions, les apparences, une langue ou des antécédents historiques. Même dans un contexte historique et culturel précis, l’identité ethnique peut revêtir une ou plusieurs de ces facettes. Il y a notre perception des autres, cette identité que l’on attribue à l’étranger. Et il y a l’identité ethnique affirmée dans laquelle la personne se reconnaît, mais qui ne correspond pas toujours à la perception que ces autres ont d’elle. En fait, très souvent, l’immigrant est perçu comme un étranger, alors que celui-ci se perçoit comme un citoyen participant à la construction d’une société nouvelle.

En effet, les nouveaux arrivants n’ayant pas encore assimilé les habitudes de vie propres à la population de la société d’accueil forment dans l’ensemble une catégorie d’individus en bonne santé, meilleure même que celle des personnes nées au Canada. Souvent, ce n’est qu’après une dizaine d’années que leur état de santé se rapproche de celui de la population canadienne de naissance.

Culture et santé

Il est reconnu que la santé est influencée par des facteurs associés à l’ethnicité, c’est-à-dire à des caractéristiques propres aux membres d’un g roupe et qui représentent pour eux des éléments distinctifs de leur identité. Ces facteurs reflètent des aspects culturels, c’est-à-dire des valeurs, des croyances, des pratiques et des particularités biologiques et génétiques. Ces facteurs peuvent être considérés comme des déterminants de la santé si l’on reconnaît qu’ils sont reliés à la santé et au bien-être, à l’enviro nnement social, culturel et physique, aux habitudes de vie, à l’utilisation des services formels et informels de santé, à la façon de concevoir la maladie et aux valeurs éducatives.

Par ailleurs, la diversité culturelle est synonyme d’une diversité des conceptions de la santé et rappelle ainsi qu’il existe une dynamique complexe entre culture et santé. Que l’on soit de tradition médicale ayurvédique, taoïste ou vaudou, la façon d’aborder la santé et la maladie, ainsi que la façon d’en définir ses déterminants sont très variables. Il en est de même pour les pratiques reliées à la prévention et à la promotion, ainsi que pour les modes d’utilisation des services de santé.

L’expérience migratoire influence également le mode d’utilisation des soins de santé et des services sociaux. Les personnes qui immigrent de pays où le système de santé offrait peu de services risquent d’être déconcertées par l ‘ o rganisation de notre système. Néanmoins, dans la plupart des pays, il existe une grande variété de stratégies médicales et, fréquemment, la médecine de type occidentale côtoie les médecines traditionnelles.

Aussi, la recherche d’aide peut emprunter plusieurs stratégies et varier d’un groupe ethnique à l’autre, voire d’un individu à l’autre .

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