Les premiers chapitres de ce livre traitent la question des influences de la culture sur la santé mentale dans des contextes culturels différents, soit dans des cultures lointaines soit dans des situations d’acculturation du fait de l’immigration ou de la modernisation et de l’urbanisation d’un pays en voie de développement. Les deux premiers chapitres s’intéressent aux constructions culturelles de la santé, à leur symbolisation et appropriation par les individus, tandis que les deux autres travaillent les liens entre la culture et la santé mentale dans une perspective épidémiologique.
Maryvonne Charmillot étudie la transmission des savoirs médicaux dans une société faiblement scolarisée et ayant difficilement accès aux structures de soins, donc peu familière avec les savoirs médicaux, les Burkinabé en Afrique de l’Ouest. Nader Aghakhani et Olivier Douville s’intéressent à un phénomène aux confins de la pathologie mentale et des états-limites, à savoir les possessions par les Vents, dans une région au Sud de l’Iran. Emmanuel Habimana et Violaine Desnoyers s’interrogent dans une perspective épidémiologique et culturelle sur les attitudes, par rapport au suicide, de cinq communautés culturelles vivant à Montréal.
Les travaux de Fatiha Choukri-Zeggane sont une analyse descriptive et interprétative d’une cohorte de patients algériens adolescents et jeunes adultes consultant dans des cliniques psychologiques. Olivier Douville propose une modélisation théorique et pragmatique des articulations entre l’identité et l’altérité telle qu’elle apparaît dans le cas des psychothérapies. Chantal Crenn ainsi que Pascal Singy et Henry Lambert analysent comment est prise en compte la diversité sociale et culturelle des malades à l’hôpital. Raymonde Ferrandi propose des études de cas concrets, de nature conflictuelle, vécus dans les écoles soit par les enfants entre eux, soit dans le rapport hiérarchique maître-élève ou enseignant-parent.
Nuria Llevot-Calvet et Jordi Garreta- Bochaca s’intéressent, plus particulièrement, à la population gitane en Espagne, population marginalisée qui entretient de mauvais rapports avec l’école. Les cinq chapitres de la dernière partie portent sur des processus d’insertion et de désinsertion. Claudio Bolzman, Marie Vial et Rosita Fibbi analysent les parcours de jeunes adultes de familles espagnoles en Suisse et Emmanuel Jovelin s’intéresse à un cas d’adaptation, celui du choix des jeunes d’origine étrangère pour le travail social.
Jacqueline Zwoboda Rosel, en tant qu’orthophoniste, relate des cas de troubles du langage parmi la population immigrée. Aparecida Magali de Souza-Alvarez a suivi un des groupes de personnes de la rue au Brésil, ceux qui sont les plus marginaux puisqu’ils ne prennent même pas la peine de se contruire des habits de fortune et dorment directement dans la rue. Jean-Baptiste Fotso-Djemo, pour sa part, s’intéresse au narcissisme des personnes bénéficiaires du RMI dans une banlieue parisienne.
Ces divers apports montrent que l’accent mis, actuellement, sur le problème de la santé mentale, dans les champs du politique et du sanitaire, souligne l’émergence du social dans le champ de la maladie mentale et par extension dans le champ « bien-être psychique ». Toutes les constructions sociales, politiques et culturelles de la « santé mentale » sont liées aux contextes historiques, sociaux et économiques et elles réflètent ces contextes autant qu’elles en dépendent. Pouvoir social et pouvoir objectif sont, eux, en interférences continues.
Ont participé à cet ouvrage : Nader Aghakhani, Claudio Bolzman, Maryvonne Charmillot, Fatiha Choukri Zaggane, Chantal Crenn, Violaine Desnoyers, Aparecida Magali de Souza, Raymonde Ferrandi, Jean-Baptiste Fotso-Djemo, Emmanuel Habimana, Jordi Garreta, Henry Lambert, Nuria Llevot Calvet, Maria Vial, Rosita Fibbi, Emmanuel Jovelin, Colette Sabatier, Pascal Singy, Jacqueline Zwoboda Rossel.