D. MBASSA MENICK et J.-L. MENGUENE MVIENA : « Modalités expressives des dépressions en psychopathologie camerounaise »

Synapse n° 222 – Février 2006. Journal de Psychiatrie et Système Nerveux Central. Editions N. H. A. Communication. Pp. 39-46

D. MBASSA MENICK est Psychiatre-pédopsychiatre, Psychocriminologue-victimologue, Chef du service de la Clinique universitaire de Psychiatrie et de Psychologie médicale, Hôpital Jamot de Yaoundé. J.-L. MENGUENE MVIENA est Médecin à la Clinique universitaire de Psychiatrie et de Psychologie médicale, Hôpital Jamot de Yaoundé – Cameroun.

Les auteurs ont conduit une étude rétrospective du 4 mars 2002 au 31 décembre 2003 pour déterminer la prévalence de la dépression en consultation psychiatrique, déterminer les indicateurs sociodémographiques des déprimés et dégager les aspects cliniques fréquemment rencontrés. Au cours de la période d’étude, 1037 personnes ont été reçues en consultation de psychiatrie à l’hôpital Jamot de Yahoundé. Parmi elles, une population de 208 personnes a été diagnostiquée déprimée, soit une prévalence de 20,05 % de l’ensemble des consultants. Dans cette population, il y avait 127 femmes (61,05 %) et 81 hommes (38,95 %), d’âge moyen 28,5 ans (extrêmes 16 et 71 ans). Ces patients provenaient essentiellement des zones urbaines (81,73 %) mais aussi des zones semi-urbaines (12,02 %) et parfois rurales (6,25 %). Dans 80,68 % des cas, la dépression était diagnostiquée chez les sujets jeunes entre 20 et 49 ans. Les femmes (61,06 %) étaient plus concernées que les hommes (38,94 %) et les mariés (55,28 %) plus que les célibataires (40,38 %). Elle touchait essentiellement les personnes sans revenus (48,07 %) constituées essentiellement par les chômeurs et les élèves et/ou les étudiants. Pour les travailleurs, les personnes exerçant les petits métiers étaient impliquées dans 16,07 % des cas et les salariés représentaient 29,33 % de l’ensemble des déprimés dont 10,10 % d’agents de l’État, 9,13 % d’enseignants tous grades confondus, 5,77 % de militaires, 2,88 % de hauts cadres et 1,45 % de salariés du secteur privé. Du point de vue clinique, les dépressions masquées ont été retrouvées 187 fois sur 208 (89,91 %) et dans 43,27 % des cas, elles avaient le caractère de céphalées d’allure psychogène. Les auteurs pensent qu’au Cameroun, l’ethos culturel ambiant favorise ce mode d’expression.

- menickfr@yahoo.fr

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