« Amae no kozo » fut un best-selleur dès sa parution. C’est sa traduction anglaise sous le titre « The anatomy of dependance » qui fit connaître Doï Takeo en Occident. Premier ouvrage d’un psychiatre et psychanayste japonais à être présenté au lecteur de langue française, « Le jeu de l’indulgence » ne nous éclaire pas seulement sur la spécificité de la personnalité japonaise. Il projette aussi une lumière nouvelle sur le sentiment de dépendance affective, phénomène à la fois universel et vécu de façon particulière au Japon.
Du mot amae, indulgence, dérive le verbe amaeru, « faire amae », se prévaloir de l’amour ou de l’amitié de quelqu’un. On l’utilise notamment pour décrire ce type de comportements chez le bébé, ou, chez l’adulte, attitude de ne pas regarder la réalité en face en s’enfuyant dans une sorte d’espoir de réaliser un jour son souhait/désir.
C’est le choc qu’il éprouva lors de son premier séjour aux Etats-Unis qui amena Doï à s’intéresser à amae en découvrant que ce terme n’avait pas de correspondant dans les langues occidentales. Le « besoin de dépendance », le concept freudien d' »homosexualité latente », celui d' »amour primaire » ou d' »amour objectal passif » tel que le définit Michael Baint sont bien l’équivalent d’amae, mais ce sont tous des termes techniques, en aucun cas des notions qui appartiennent à la conscience quotidienne. Comme le niveau de conscience de ce sentiment est différent chez les Occidentaux et chez les Japonais, la cure thérapeutique ne se passera pas de la même manière chez les patients occidentaux et chez les patients japonais dont leur problématique tourne autour de ce concept.
Né le 17 mars 1920 à Tokyo, Doï Takeo, ayant obtenu son Doctorat en médecine à l’université de Tokyo en 1942, a occupé, au cours d’une carrière exceptionnelle, divers postes tant au Japon qu’aux Etats-Unis. Psychopathologie et psychothérapie transculturelles sont ses domaines principaux de recherche ; ses observations intéressent la psychanalyse, la linguistique, la philosophie et la sociologie.