RESUME
Dans ce livre, le problème est clairement posé : la pathologie en question est celle des agirs répétitifs. S’il est fait mention de l’existence d’adolescents en difficulté passagère qu’il ne faudrait pas réduire à une classification pathologique, le livre s’adresse au groupe élargi de ce qu’on appelle communément la psychopathie caractérisée par le recours à l’acte se substituant à la pensée. Un agir que Claude Baller qualifie de « recours à l’acte » en l’absence de vie psychique, plutôt que « passage à l’acte » qui laisse supposer un conflit préalable, inélaborable, mais déjà sous forme de « préreprésentations ».
Avec le « recours à l’acte » on est dans un économique pur : exister dans la toute-puissance ou être anéanti. Cette question fait débat en psychanalyse depuis des décennies. Le sociodrame, quoique hors normes, mais inspiré des concepts psychanalytiques même si on ne parle pas de représentations ni de transfert dans le sens habituel du terme, est rendu possible par l’appui sur un cadre, une enveloppe groupale, une aire transitionnelle (références à Donald W. Winnicott et à « l’analyse transitionnelle » de Didier Anzieu), permettant de percevoir des vécus sans se sentir menacé par une dissolution intérieure. On peut comprendre, alors, combien le sociodrame construit par les auteurs est adapté à la situation. Les animateurs se présentent comme des objets possibles, en prenant garde d’une trop grande proximité qui ne serait pas supportée. De l’irreprésentable, il faut passer à une capacité de « voir » par une mise en scène d’événements qui ne rappellent pas, directement, le passé du sujet. C’est du processus de représentation dont on se préoccupe et de la capacité à exprimer des affects, non des représentations elles-mêmes. Afin de maintenir la distance et, cependant, la vitalité dans un environnement constamment menacé par la mort psychique, les animateurs se transmettent leurs impressions sous le regard d’un superviseur.