Dans la civilisation égyptienne la plus ancienne, le rêve, qui s’empare des hommes au moment où ils sont le plus vulnérables, était considéré comme le lieu de rencontres effrayantes avec les esprits, les fantômes et les morts mécontents qu’il s’agissait d’apaiser au moyen de prières et d’offrandes, et de repousser grâce à des formules magiques et des talismans. Il a ensuite endossé la fonction de porte ouverte sur le futur, de présage de ce qui arrivera. C’est au cours du Nouvel Empire que l’on trouve les premières listes et les premiers récits de rêves. L’intérêt pour ces récits et pour leur signification se poursuit et s’enrichit dans l’Egypte hellénistique et romaine, plus tardive. Edda Bresciani lit et commente les textes magiques destinés à protéger le sommeil et les Livres des songes égyptiens, véritables manuels et répertoires, où les rêves sont énumérés selon leurs significations propices ou néfastes pour toutes les occasions de la vie. Elle montre que les peurs, les espoirs, les visions et les obsessions des anciens habitants de la terre du Nil n’étaient guère différents de ceux de l’homme d’aujourd’hui, et que les schémas d’interprétation anciens ressemblaient fort à ceux de nos horoscopes.
(Article extrait de Nervure, Journal de Psychiatrie, n° 7 – Oct. 2006 : p. 8)