Essais sur la mélancolie portugaise
Editions Chandeigne, Paris, 1997
Traduits par Annie de Faria
Edouardo Lourenço, né en 1923 au Portugal, vit actuellement à Vence. Son oeuvre d’essayiste, très vaste, couronnée par le prix européen Charles Veillon en 1988 et le prix Camões en 1996, est une interrogation constante sur le Portugal et son destin culturel et historique.
SOMMAIRE
Du temps portugais (préface pour des Français) . 7
I.LA MÉLANCOLIE PORTUGAISE
Mélancolie et saudade . 19
De la saudade comme mélancolie heureuse . 41
Temps, poésie et saudade . 47
Fernando Pessoa et le temps . 55
II. SAUDADE & HISTOIRE
Portugal, entre la réalité et le rêve . 71
Psychanalyse mythique du destin portugais . 77
III. SAUDADE & LITTÉRATURE
Le romantisme, Camões et la saudade . 127
De la littérature comme interpellation du Portugal, (d’Almeida Garrett à Fernando Pessoa) . 143
Fernando Pessoa et Louis de Bavière : deux princes de la mélancolie . 193
Les Portugais sont tellement habités par le sentiment de la Saudade qu’ils ont renoncé à le définir. Au contraire, c’est sur elle qu’ils font reposer leur secret, ou l’essence de leur sentiment de l’existence, au point d’en avoir fait un « mythe ».
Au fond, c’est cette mythification d’un sentiment universel qui donne à cette étrange mélancolie sans tragédie son vrai contenu culturel, et fait de la Saudade le blason de la sensibilité portugaise.
Il reste à savoir pourquoi tout un peuple se reconnaît avec une délectation qui frise la complaisance, dans le miroir de cette mélancolie à la fois triste et heureuse qu’il nomme Saudade. Peut-être que seule une considération du « temps portugais » – celui de l’Histoire et celui de l’âme – nous donne la clé de ce petit mystère. La Saudade elle-même nous y invite. Qu’est-elle d’autre qu’une descente, comme celle d’Orphée, dans le labyrinthe du temps enseveli, pour y saisir le visage, à la fois vivant et mort, du bonheur passé ?