Le Coeur secret de l’horloge prolonge très exactement les réflexions d’Elias Canetti des années 1942 à 1972, qu’Armel Guerne traduisit naguère sous le titre Le Territoire de l’homme. Pensées, aphorismes, citations, maximes et sentences, évocations d’écrivains (Stendhal, Joubert, Dostoievski, Kafka, Sophocle, Shakespeare…), analyses de textes ou souvenirs de jeunesse alternent toujours aussi librement. Nous sommes désormais dans la décennie 1973-1985 qui verra encore Canetti écrire l’immense chef-d’oeuvre en trois volumes qu’est L’Histoire d’une vie.
Les affirmations de Canetti, ses convictions fulgurantes et exaltées, ses interrogations et ses imprécations provoquent et dérangent. On y admire sa sagesse, on y apprécie sa malice et son ironie à l’égard de lui-même, on y goûte sa compassion, en particulier à l’égard des animaux. Le regard sur le monde et la vie de celui qui reçut le prix Nobel de Littérature en 1981 (13 ans avant sa mort à Zurich) est plus que jamais empreint de lucidité et de lumière, d’humour mélancolique et d’espoir. Ce qui lui fait par exemple écrire à propos de la mort : « Si je l’acceptais, je serais un assassin. »
Elias CANETTI : « Le Coeur secret de l’horloge »
Livre de poche, 1998.