Dr Eugène MINKOWSKI.
Né à Saint-Pétersbourg en 1885, il y passa ses sept premières années avant le retour de ses parents à Varsovie. Il y commença ses études de médecine, mais la faculté de Varsovie fut fermée après la révolution manquée de 1905. Aussi E. Minkowski alla-t-il poursuivre ses études à Munich, où il acquit son doctorat en 1909. Mais pour exercer en Russie, il devait obtenir un diplôme russe, raison pour laquelle il alla à Kazan. C’est là qu’il rencontra sa future femme, Françoise, elle aussi médecin. Il retourna ensuite à Munich pour y étudier la philosophie et s’y trouvait en 1914 lorsque la Première Guerre mondiale éclata. Sur le point d’être arrêté, car sujet russe, il se réfugia en Suisse. Grâce à sa femme qui avait travaillé au Burghôlzli, à Zurich, il obtint une place d’assistant bénévole. C’est là qu’il fut en contact direct avec Eugène Bleuler.
Bien qu’à l’abri en Suisse, il considéra que son devoir était de participer à la guerre et s’engagea dans l’armée française en mars 1915. Il fut deux ans en première ligne et participa aux batailles de la Somme et de Verdun. Son attitude lui valut de nombreuses décorations. Une fois la guerre terminée, il décida de s’établir en France. Sans ressources et sans diplôme français, il dut refaire des études médicales à Paris où il obtint son doctorat en 1926. Il travailla dans des maisons de santé privées comme l’actuelle clinique Jeanne d’Arc de Saint-Mandé, puis devint médecin chef d’un institut pour enfants inadaptés à Brunoy, et médecin consultant dans divers hôpitaux dont l’hôpital Sainte-Anne. Il s’ intégra ensuite très vite à la vie intellectuelle et psychiatrique française, avant de connaître une nouvelle épreuve avec la Seconde Guerre mondiale.
Sa connaissance des auteurs de langue allemande, sa maîtrise du français et surtout sa stature intellectuelle imposèrent progressivement E. Minkowski comme l’un des psychiatres majeurs de son temps. Son oeuvre abondante témoigne de cette place qu’il a ensuite tenue dans notre pays. La troisième source d’inspiration de Ma pensée réside justement dans cette vaste culture psychiatrique puisée aux deux principales traditions qui dominaient à cette époque, la tradition germanophone .
L’uvre d’E. Minkowski porte aussi la marque du « génie slave » en ce sens que sa sensibilité est très aiguisée et s’étend à tous les aspects de la condition humaine et de la vie en général.