Albrecht Retz, actuellement Professeur de littérature allemande à l’université d’Aix-la-Chapelle, a enseigné à l’université de Paris-III de 1970 à 1980 après des études de lettres, philosophie et sociologie à Francfort, Berlin et Paris.
Il est par ailleurs l’auteur de Âsthetik und Politik. Heinrich Heines Prosal Munich, Carl Hanser Verlag, 1971, et de Musique et Politique. Hanns Eisler, Paris, Le Sycomore, 1982.
Cette étude, unique en son genre et qu’il fallait pour écrire un historien de la littérature d’une génération nouvelle et complètement immergé dans les deux cultures, française et allemande, a pour ambition, vingt ans après la redécouverte de l’effervescence intellectuelle de la république de Weimar, de resituer dans toute sa complexité le réseau d’action et de réaction de ce champ politico-littéraire dont les deux pôles furent le Troisième Riche et la France, le national-socialisme et la patrie des droits de l’homme. Foyer de combustion dont la crise économique, l’arrivée de Hitler au pouvoir, le Volksfront et la chute de Paris sont venus, en dix ans, relancer l’intensité tragique ; et dont l’épicentre se situe dans les débats des écrivains allemands exilés en France.
Les données de base sont relativement connues, à travers les figures de proue que furent Heinrich Mann, Bertolt Brecht ou Walter Benjamin. Ce qui l’est beaucoup moins, ce sont les conditions mêmes du débat, l’exil comme expression paroxystique de l’engagement, les organes et les moyens dont ces écrivains disposaient pour faire entendre une voix qui s’adressait tantôt aux milieux internes de l’émigration, tantôt, par-delà la censure, à leurs compatriotes, tantôt aux intellectuels français plus ou moins sourds.
Aussi bien l’intérêt du livre d’A. Betz ne se limite pas à l’éclairage, aujourd’hui plus que jamais nécessaire, de ce chapitre clé de la « guerre civile de l’Europe » du xx siècle. La seconde partie fournit, en contrepoint documentaire à l’engagement intellectuel, une bibliographie de trois cents titres et plus de mille trois cents articles de presse ainsi qu’une chronologie aussi détaillée que possible des activités littéraires et militantes des écrivains de langue allemande qui, pour l’auteur, est une manière de réintégrer l’histoire de cette intelligentsia extérieure dans le cours global de l’histoire allemande.