Édition d’André Fermigier, coll. Folio classique, 1999. 288 p. 2,50 €
L’écrivain Guy de MAUPASSANT (1850-1893) a suivi assidûment et quelques années avant Freud les cours de Charcot à la Salpêtrière. Il est hanté par le thème de la folie, et sombre peu à peu dans un mal-être. Il est de plus en plus sujet à de nombreuses hallucinations, et préssent en lui un double mystérieux. Après une tentative de suicide, il est interné, puis meurt peu de temps après.
Par l’écriture de son journal qui restera inachevé, le narrateur nous conte comment cette présence qui le hante toutes les nuits un peu plus finit par le happer, entre mort et folie. L’emprise se fait en effet de plus en plus grande, et l’on sent la folie qui guette d’abord, pour devenir plus présente. Le mal-être s’installe peu à peu chez le narrateur comme chez le lecteur : ce conte fantastique pourrait très bien ne pas être si éloigné de la réalité… Maupassant nous perd entre rêve et réalité, entre folie et normalité. La rationnalité se perd : alors que la science pourrait diagnostiquer un syndrome de paralysie nocturne, on ne saurait se contenter d’une simple constatation clinique rationnelle. Le doute est toujours là, sur cette part de mystère qui hante chacun de nous, celle que Freud et Heidegger ont préssentie par l’inquiétante étrangeté. L’Autre est tapi quelque part en nous, si étrange, si étranger, et pourtant si familier.