Les Etats généraux de la psychiatrie ont été un formidable mouvement unitaire qui a permis de briser les murs du silence, de la solitude et du quasi-anéantissement que vivaient bon nombre de soignants. La discipline psychiatrique perdait son âme : qu’étaient devenus les espoirs, les engagements, les réalisations qui avaient permis de lutter contre la ségrégation et l’exclusion des malades mentaux ? Qu’étaient devenus les espoirs des soignants qui s’étaient engagés dans ce vaste mouvement de désaliénation ? Une évidence s’imposait : une crise majeure, insidieuse ou frontale, sidérait les acteurs du champ de la psychiatrie. Trois jours d’élaboration, de débats et de décisions ont redonné à la profession espoir et enthousiasme. Cependant, tel un rouleau compresseur inexorable. une machine politico-administrative, idéologique et économique, continue son oeuvre de destruction. Résister au morcellement, à la dispersion, à la dilution du travail collectif, résister pour maintenir les impérieuses nécessités de l’exercice pluriprofessionnel, résister à toute tentative réductionniste de la conception du psychisme, résister à l’essai de déspécifier la discipline psychiatrique, tels étaient les objectifs des Etats Généraux. Tel est le projet que continue de porter cet ouvrage. La psychiatrie, discipline intrinsèquement reliée au contexte sociopolitique, convoque ses acteurs à un engagement militant plus que jamais nécessaire pour continuer à faire oeuvre collective d’humanité.
Hervé BOKOBZA (dir.) : « En dépit des états généraux : la psychiatrie en péril »
Ramonville Saint-Agne : Erès, 2006. Etudes, Recherches, Actions en santé mentale en Europe. 208 p. / 23 €