Par Michael Esch : docteur en Histoire, Université de Düsseldorf.
L’auto identification des groupes se traduit d’abord par leur délimitation et se produit dans la confrontation avec d’autres groupes. La « nationalisation de la société »(1), comme l’a constaté Gérard Noiriel dans la France de la deuxième moitié du XIXe siècle, dans laquelle la représentation de la nation était inséparablement liée à l’identification de l’immigré, de l’étranger, de celui (celle) n’appartenant pas (ou pas encore) à cette nation.
Ce processus eut des effets de deux types :
Au fur et mesure que la définition, ségrégation et parfois discrimination des étrangers selon les critères de la langue, la culture ou la religion devenaient d’usage, les immigrés eux-mêmes étaient forcés d’accepter l’appartenance au groupe qui leur était assigné et, le cas échéant, de se comporter en conséquence (2). La réunion en des groupes définis selon l’appartenance ethnique, nationale ou autres n’était pas qu’une tendance générale, voir naturelle, elle était forgée non seulement par l’auto-représentation, mais aussi – et peut être quelquefois davantage – par les représentations imposées par l’environnement.
De plus, l’identification avec l’environnement habituel, le voisinage, la société, qui va de soi dans les pays d’origine et qui souvent se trouve situé au-delà de la conscience quotidienne, est remis en question dans un environnement nouveau et étrange. Ainsi le sens du Moi et de l’Autre se mobilisent et se transforment. D’où la question : de quelle façon le groupe commence-t-il à se constituer dans la confrontation avec un environnement nouveau. De plus, il est à présumer que les conditions de vie, la position sociale, la constitution de groupes et la construction du Moi et du Nous se développent en rapports mutuels très étroits. Le projet présenté ici est consacré à l’immigration de l’Europe de l’Est à Paris pendant les années 1880 à 1940, l’une des directions principales de la migration économique et politique de cette époque. Son objet sera de déterminer si, où et quand se sont constituées des communautés ou « colonies », de quelle façon elles emergèrent, quelles formes sociales et socioculturelles furent adaptées ou créées, et enfin, quelles répercussions l’existence ou non d’une communautés avait sur le comportement des individus.
Nous examinerons aussi de quelle façon l’autoreprésentation des individus et des groupes s’est développée ou mobilisée, dans quelle mesure donc la confrontation avec l’Autre décidait de l’identité et de l’attribution à un collectif. Il faudra aussi se demander, dans quelle mesure certaines attitudes envers l’environnement nouveau et les possibilités et modalités d’intégration ainsi que le rattachement aux groupes déjà existants ou la formation de groupes nouveaux dépendaient de l’appartenance sociale, religieuse ou culturelle de l’individu. Ce projet cherche à contribuer à l’examen des conditions intérieures et extérieures de la construction des diverses formes d’auto-identification et d’identité, en utilisant les méthodes de l’historiographie et de la sociologie historique. Aussi, il touchera – du point du vue de l’historien à – des question très actuelles relatives à l’ethnicité, à la structure sociale, à l’intégration et la ségrégation.
1. Abrégé de la littérature
L’historiographie de l’émigration a avant tout considéré les activités politiques, organisationnelles et culturelles ainsi que le rôle des émigrants dans le développement des mouvements nationaux, réformateurs ou révolutionnaires de leurs pays d’origine. Ainsi nous disposons de nombreuses études concernant les activités de la « colonie » polonaise à Paris au XIXe siècle (3), un essai américain sur les russes révolutionnaires à Paris offre une histoire de l’idéologie des émigrants (4). De plus, la littérature ancienne ne traite que des périodes les plus « spectaculaires ». Ainsi, une grande partie de la littérature relative aux émigrés polonais concerne les années 1832-1862, pour les russes les périodes 1860-1880 et 1920-1940 ont fait l’objet de nombreuses publications (5). Cependant, l’historiographie des migrations a – face à l’importance croissante des flux migratoires transnationaux pendant les décennies récentes – changé son angle de vue et a suscité un grand nombre d’études et de démarches descriptives et analytiques. La complexité des problèmes – actuels et historiographiques – a rendu indispensable un examen des méthodes et modèles sociologiques et socio-anthropologiques de la sociologie classique des villes de l’école de Chicago jusqu’à la théorie systématique de Niklas Luhmann (6).
De plus, Nancy Green a, il y a dix ans, réclamé une histoire comparative des migrations (7). Elle-même a satisfait à cette demande en 1997 avec sa thèse consacrée aux travailleurs de l’industrie de l’habillement à Paris et à New York (8). La limitation à l’industrie de la confection, comme secteur qui dépendait particulièrement de l’exploitation de la main-d’oeuvre immigrée, permet ici une étude comparative de la migration économique, des conditions de vie et de travail que trouvaient les immigrés dans les pays d’accueil et de la façon dont ces pays réagissaient à ces nouveaux venus. Il faut cependant constater que les résultats d’une telle étude, de la limitation à une groupe défini aussi par des critères sociaux, sont dans une certaine mesure spécifiques à la classe sociale prise en considération (9).
Le projet présenté ici a choisi donc une démarche différente : Il examinera plusieurs groupes dans une ville (10) et ajoutera la dimension sociale à la question des conditions de vie, des stratégies face à l’environnement nouveau et de l’identité. Il n’existe d’études traitant des structures sociales et organisationnelles dans l’émigration et en mˆme temps des expériences culturelles faites dans les pays d’origine que sur les immigrés juifs de la Pologne, la Russie et la Roumanie dans les dernières décennies du XIXe siècle (11) et sur l’immigration russe dans l’entre-deux-guerres (12). Mais là aussi, l’histoire des communautés d’immigrés n’est pas ramenée aux transformations de la ville les abritant, la formation des groupes est considérée comme un processus obligatoire et naturel au lieu d’ˆtre examinée de près, la construction et les structures de l’identité et son rayon d’action social ne sont pas remis en question, mais avant tout la différentiation sociale des groupes immigrés reste le plus souvent peu éclairée. Important du point de vue méthodologique sont les études de Ponty et Noiriel sur les immigrés polonais dans le Pas-de-Calais et la Lorraine, qui partiellement ont discuté les rapports entre la formations des groupes et les attentes de l’environnement français, bien qu’eux aussi se limitent à l’examen d’un groupe social bien défini(13). La littérature non seulement postule une homogénéité presque complète des attitudes et du rôle de la totalité des immigrés ; mais aussi une d’une catégorie, dont la valeur explicative générale et universelle reste à mettre en cause : celle du national.
Puisque la nation, vu le développement en Europe dès la fin de la première guerre mondiale, est de plus en plus identifiée avec l’ethnie, une telle démarche risque de perdre de vue qu’il existe d’autres coordonnées à l’aide desquelles des individus et des groupes se définissent eux-mêmes, et que l’auto-identification des individus et des groupes est toujours composée de plusieurs catégories se superposant mutuellement. Ce sont par exemple les appartenances régionales, sociales, confessionnelles, parfois générationnelles, qui ont été découvertes ailleurs par l’histoire des régions d’ethnicité mixte entre la Pologne et l’Allemagne comme ayant autant d’influence que le national (14). Naturellement l’ethnicité et l’appartenance nationale restent-elles des catégories extrêmement efficaces. Mais il reste à ajouter que les sciences sociales d’aujourd’hui comprennent la catégorie ethnique comme mobilisable dans certains conflits et confrontations, donc comme « capital culturel » qui n’est pas utilisé automatiquement pour l’établissement de l’identité (15). Ainsi Lutz Hoffmann a proposé de comprendre la notion de « peuple » – comme une autoreprésentation secrétée par une société – où l’appartenance ethnique n’est qu’une parmi plusieurs marques distinctives auxquelles on recourt (16). L’attachement de ce modèle à la trinité personne, culture et institutions (sociales et politiques) le rend peu utilisable pour une analyse des groupes d’immigrés, mais il aide à élargir l’angle de vue au-delà du problème de l’ethnicité.
2. Représentation et Autoidentification :
Il semble caractéristique pour l’immigration de l’Europe de l’Est, que pendant toute la période considérée, elle était visible à un plus haut degré que les immigrés italiens et belges, groupes beaucoup plus nombreux que les européens de l’Est : Les juifs, qui à Paris constituait la vaste majorité des ressortissants russes et roumains avant 1918 et une grande partie des européens de l’Est dans l’entre-deux-guerres représentaient par leur attitude, leur religion, leur langue une culture complètement différent de celle de l’environnement. Russes révolutionnaires, démocrates polonais et tchèques et émigration « blanche » après 1920/21 étaient connus du public français indirectement, plus que par contact personnel. Cette visibilité ne concernait cependant pas la majorité de la population parisienne, même pas tous les membres des groupes immigrés eux-mêmes. Green a noté, que la majorité des parisiens ne se rendait pas compte de l’existence de juifs de l’Est parmi la population de leur ville, à cause de la concentration de ceux-ci dans peu de quartiers (17). Aussi Nina Berberova, chroniqueuse de la communauté russe à Billancourt, a écrit, que pendant les premières années de son séjour à Paris elle ne savait rien de l’existence d’une telle communauté tout près d’elle (18).
Cette visibilité des immigrés agissait à deux niveaux : D’un côté dans la confrontation directe dans le voisinage, au travail, dans les cafés. De l’autre, il existait une réserve d’informations et de préjudices, qui était toujours disponible et mobilisable en cas de contact direct. L’attention avec laquelle le public français suivait les événements dans les pays d’origine faisait que l’immigration dans sa totalité pouvait être identifiée comme émigration politique (19), ce qui devait exercer une influence non négligeable sur les possibilités d’agir et le comportement des immigrés. Aussi, l’existence d’une émigration politique bien organisée met à disposition des nouveaux venus plusieurs instruments d’aide pour une première installation dans le nouvel environnement. En effet, pour plusieurs groupes – les Polonais, les Russes de l’entre-deux-guerres, dans un autre sens les Juifs – le degré d’organisation était tel que des groupes de sociétés furent acceptés comme représentations officielles des immigrés par les autorités françaises et entretenaient un contact direct et privilégié avec celles-ci (20).
D’autre part, les réfugiés russes ont bénéficié – parfois à leur initiative – de l’établissement d’un statut particulier qui garantit une position privilégiée en comparaison avec les immigrés « ordinaires ». La position de réfugié est cependant précaire, puisqu’elle ne dépend pas seulement, comme celle des autres immigrés, des conjonctures de politique intérieure, mais aussi des dispositifs et constellations changeantes de la politique extérieure (21). Ce statut demeure cependant assez attractif pour les immigrés. D’autre part, là où les Français rencontraient des immigrés de l’Europe de l’Est, ils les identifiaient ou les mettaient en relation avec l’émigration politique simultanée. Ce phénomène se rencontre dans des dénonciations souveît absurdes résultant d’une nervosité croissante qui se multiplièrent au moment de la première guerre mondiale, mais aussi dans les entretiens dans la rue ou dans les cafés, relatés dans les rapports de la police. Ainsi les immigrés devaient-ils se rendre compte de leur visibilité. Cette conscience doit avoir encouragé aussi la formation de groupes plus ou moins hermétiques. Pour cette raison les préjudices, les stéréotypes, le demi-savoir sur les nouveaux venus étaient utilisés, mais à l’inverse ils influençaient les comportements individuels ainsi que la formation de communautés.
3. Communautés symboliques et topographiques :
La formation de groupes s’effectue à un niveau concret et un niveau abstrait. Le niveau concret, c’est l’interaction dans le voisinage, dans un logement ou quartier, au travail chez un patron ou dans la mˆme branche. Il faut aussi mentionner les cafés et restaurants comme lieux de vie sociale, qui souvent furent fréquentés – surtout ceux gérés par des immigrés – par une clientèle bien définie (22). Au niveau abstrait, on trouvera l’identification selon des critères qui surpassent le niveau matériel tels que : langue, culture, religion, origine. Ici, on rencontre la constitution d’organisations et d’institutions variées et spécifiques, de forme et d’intensité différentes : églises, écoles, associations culturelles et de sport, institutions de secours mutuels. Dans le premier cas, on pourrait parler provisoirement de communautés topographiques, dans le deuxième de communautés symboliques. Bien que les autorités françaises ne tentent pas d’établir l’appartenance ethnique ou confessionnelle des immigrés, il y avait même avant 1918 des possibilités d’exprimer sa conscience nationale en précisant arbitrairement l’indication d’origine. Nous savons par exemple, que les organisations polonaises en France invitaient tous les immigrés polonais à donner « polonais-russe » comme nationalité (23). Cette invitation n’a pas toujours été suivie, et même dans ces cas il reste à établir, s’il s’agissait là toujours d’une manifestation de conscience nationale ou surtout d’une indication plus précise de l’origine régionale (24). Plusieurs sources font remarquer que l’identification nationale, réclamée par l’émigration politique, restait bien étrangère à une bonne partie des immigrés. A l’inverse, une identification selon la religion, quoique fort importante ne pouvait pas résumer toute la complexité de la construction des identités. L’exemple des juifs de l’Est, qui souvent ont été traités comme groupe homogène, nous permet de montrer, que l’identification selon la confession fut superposée aux identités nationale, régionale et sociale.
C’est le cas par exemple des nombreuses organisations de secours mutuels fondées par les immigrés juifs de l’Europe de l’Est : d’habitude, ils rassemblaient les anciens habitants d’un canton ou d’une ville (25). De même, la grande communauté russe de l’entre-deux-guerres se divisait en une multitude d’associations qui s’identifiaient le plus souvent aux anciennes unités militaires (26). Les critères disponibles, permettant l’inscription dans une ou plusieurs communautés étaient donc nombreux. Parfois, on a l’impression d’une large segmentation à l’intérieur de ces « communautés ». Il y a lieu de mentionner ici les conflits multiples (de nature politique ou culturelle) entre l’ancienne émigration déjà établie et les nouveaux venus souvent décrit dans la littérature (27). Il est en effet possible de dessiner la mosaïque des segmentations encore beaucoup plus finement : on trouvera des fractionnements sociaux ainsi que la formation de groupe concurrents à base de conflits familiaux ou commerciaux. On est amené alors à faire l’hypothèse que les antagonismes à l’intérieur du groupe étaient dans la vie quotidienne beaucoup plus importants que les conflits et confrontations entre le groupe (au le sens ethnique ou confessionnel) et l’environnement (27).
4. Assimilation, acculturation, intégration :
Les notions d' »Assimilation » et d' »acculturation » ont récemment été critiquées, puisqu’elles supposeraient une hiérarchisation des cultures et parce qu’elles envisagent les processus d’adaptation uniquement du point de vue de la société d’accueil. L’ethnosociologie soviétique, par exemple, a proposé – en analogie à l' »intégration » et similaire au modèle néerlandais de verzuiling – la notion de « consolidation » pour décrire la reconstruction d’une société par l’intégration de plusieurs groupes différents. Ces deux modèles sont cependant peu utilisables pour l’analyse des processus d’intégration d’individus et de groupes immigrés, parce qu’ils supposent un équilibre politique et juridique de plusieurs groupes ethniques autochtones étant égaux en droit avec un accès égal (au moins théoriquement) aux dispositifs du pouvoir, c’est-à-dire qu’ils concernent en premier lieu les états polyethniques (28).
La littérature sociologique récente a largement différenciée ces modèles ; ainsi, on recense aujourd’hui en plus de l’assimilation classique et totale des formes plus diverses d’adaptation partielle ainsi que des formes de comportement non adapté. Cependant, la plupart de ces modèles sociologiques – et en suivant leurs traces aussi l’histoire sociale – n’observent les processus de changement, de transformation et de pertinence que du côté des immigrés face à l’environnement « autochtone » (29). Même en étant des plus critiques, la plupart de ces modèles ne rendent pas compte du fait, que parfois la société majoritaire elle aussi se transforme en intégrant des groupes immigrés. Naturellement la question du degré d’assimilation ou d’intégration des individus et des groupes sera d’une importance fondamentale pour le projet présenté ici. Il faut les mesurer en analysant les procédés de naturalisation ainsi que les mariages, actes juridiques ayant une importance énorme dans la biographie des immigrés. L’étude des sources effectuée jusqu’à maintenant nous laisse déjà présumer, que la valeur de ces indicateurs pour l’établissement du degré d’assimilation devra être différencié.
La naturalisation ne peut probablement pas être considérée comme indicateur très fiable d’intégration, non plus que son absence, c’est-à-dire la conservation de la nationalité d’origine, n’est une preuve d’intégration insuffisante. On trouve par exemple de nombreux européens de l’Est des deux sexes, qui, même après leur naturalisation, ont cherché leurs fréquentations exclusivement parmi leurs anciens compatriotes, mais aussi des immigrés de l’Est qui se sont engagés volontairement dans l’armée française au début de la première guerre mondiale, ou qui sans posséder la qualité de français se trouvaient dans un environnement social presque complètement français. En plus, il reste à considérer la dimension sociale du phénomène. Ainsi, une analyse provisoire des dossiers de naturalisation des années 1900 à 1906 montre, que les professions libérales et la classe moyenne en général sont beaucoup plus souvent – et plus tôt – représentées que les ouvriers et ouvrières. Il n’est pas nécessaire de souligner que les demandes de ces premiers avaient beaucoup plus de chances d’être considérées avec bienveillance (31).
L’indicateur » mariage » avec des époux/épouses d’origine identique ou différente est à manier avec prudence pour deux raisons : Premièrement, cet indicateur reste incomplet si on évite de considérer aussi les concubinages, qui était très fréquents pendant toute l’époque. Deuxièmement, de nombreux » mariages mixtes » entre immigrés de l’Europe de l’Est et françaises étaient des mariages entre juifs de l’Est et juives d’Alsace. De plus, plusieurs mariages réunissant en principe des ressortissants français et étrangers, se révélent des mariages entre des immigrés de première et deuxième génération. En outre, il reste à vérifier l’influence de l’environnement social et de l’appartenance aux groupes sur l’acte de mariage. Enfin, il faudra se demander quels indice peuvent décrire l’intégration de groupes non complètement assimilés dans la société française, qui donc conservaient certaines marques distinctives différentes de l’environnement français. Tel était sûrement le cas des juifs parisiens (32), mais aussi, à un haut degré, de l’émigration russe » blanche » avant et après la deuxième guerre mondiale.
Plan de travail et sources :
Pour l’historien, il est difficile de trouver une réponse à la question des structures de comportement individuel ou collectif ou des processus qui se développaient entre assimilation, intégration et marginalité. Il serait cependant possible d’élargir l’échantillon des sources de façon à rendre au moins possible un examen des problèmes ébauchés ci-dessus. Le plan de travail prévoit un traitement double : D’une part, le projet livrera une analyse quantitative historique et – dans la mesure du possible – sociale de l’immigration de l’Europe de l’Est à Paris, de sa répartition dans la topographie de la ville, de sa structure sociale et de son comportement à l’égard de l’assimilation et de l’intégration. Ici il faudra sans doute considérer le cadre juridique dans lequel (et au-dehors duquel) s’effectuait la vie des immigrés. Cela permettra de s’interroger sur les représentation des immigrés de l’Europe de l’Est ayant cours dans la population parisienne, surtout dans leur voisinage direct, ainsi que sur l’identité, sur les structures de comportement dans l’environnement social et sur les interactions entre les attentes de l’environnement et les marges de manoeuvre de ces personnes. Là aussi il faudra employer une démarche double :
Premièrement la reconstitution de biographies individuelles et collectives, par lesquelles on cherchera à établir les points communs et les différences (y inclus par sexe) dans les parcours des immigrés,
deuxièmement les méthodes herméneutiques qui serviront à en apprendre davantage sur la construction et les structures de l’identité. Il sera nécessaire à chaque phase de vérifier la valeur de ces méthodes et de leur combinaison.
– Les sources sérielles et demi-sérielles :
Les listes nominatives des recensements de la population : Les listes nominatives, qui malheureusement n’existent pour Paris qu’à partir de 1926, permettent une reconstruction très précise de la structure sociale et nationale de la population domiciliée dans les quartiers ainsi que certaines constatations concernant les condition de logement à un moment donné. Naturellement ces données ne sont pas parfaitement fidèles : On ne trouvera naturellement pas l’immigration illégale ou les sans-papiers (33).
– Les dossiers de naturalisation :
En principe, tous les dossiers de naturalisation sont conservés aux Archives Nationales. Malheureusement, une politique d’accès assez restrictive les rend pratiquement inaccessibles. Nous pouvons cependant utiliser deux fonds de remplacement : d’une part un fond contenant des lettres de la Préfecture de Police au Garde des Sceaux, concernant les procédés de naturalisation des années 1900 à 1906, conservées dans le fond F7 des Archives Nationales, d’autre part 7000 dossiers de naturalisation sont conservés par les Archives de la Préfecture de Police, leur exploitation a commencé (34). Ces dossiers, en particulier les rapports détaillés de la Direction des Renseignements Généraux, offrent en dehors des questionnaires remplis par les demandeurs la possibilité de recueilir des données biographiques relatives aux naturalisés. En outre, ils contiennent souvent des informations sur la structure des contacts sociaux avant comme après la naturalisation (35). Enfin, on trouve parfois des références aux motifs pour lesquels la demande a été faite. Il va sans dire, que ces dossiers permettent aussi une analyse approfondie de la politique française de naturalisation et dénaturalisation.
– Sources sérielles supplémentaires :
Après avoir effectué, à partir des statistiques publiées (37), une localisation préalable des groupes dans les arrondissements et, dès 1926, les quartiers de Paris, il sera possible de décrire et d’analyser la structure socio-économique d’un échantillon de quartiers particulièrement intéressants. Ici, les Almanachs – Annuaires du commerce et de l’industrie (Didot-Bottin) sont indispensable pour une reconstruction de l’infrastructure économique. En outre il faudra consulter les divers documents sériels des organisations et institutions des immigrés, d’autant qu’ils nous fournissent des informations sur la clientèle et la portée des communautés « symboliques ». Aussi, ils permettent d’éclaircir les structures et conflits à l’intérieur des groupes et vont au-delà d’une analyse purement quantitative.
– Mains courantes :
Les mains courantes des commissariats de police constituent une source précieuse et jusqu’à maintenant à peine utilisée en histoire sociale. Elles spécifient chaque contact entre autorités et population et donnent d’habitude les nom, métier et adresse des intéressés ainsi que, pour les inculpés, les dates de naissance, la nationalité et parfois d’autres informations personnelles. En plus, elles fournissent un abrégé des faits, y inclus parfois les observations des témoins. On trouve ici entre autres des descriptions détaillées de conflits à l’intérieur des groupes d’immigrés ainsi qu’entre immigrés et français, des informations concernant les conditions de logement et de travail etc. D’autre part, les immigrés ont été surveillés attentivement par la police française. Les nombreux rapports fabriqués par des fonctionnaires ou des « informants » (qui, d’ailleurs, étaient très souvent des immigrés eux-mêmes) nous fournissent parfois des aperçus instructifs sur les groupes et individus, qui étaient actifs politiquement d’une façon ou d’une autre ou qui avaient éveillé des soupçons « du point de vue national ou politique ». En outre, on trouve ici des rapport très détaillés sur de nombreuses organisations d’immigrés.
– Dossiers juridiques :
Les actes juridiques sont employés depuis longtemps par l’historiographie des temps modernes comme source importante d’histoire sociale. En particulier les dossiers des procès civils et des juges de paix offrent des informations multiples sur la morphologie des conflits, du comportement, les conditions de vie et de travail. L’exploitation des ces documents, dans la mesure où ils ont étés produits avant 1900, est déjà largement achevée.
– Autobiographies et lettres :
Nous disposons de nombreuses autobiographies et collections de lettres publiées d’immigrés de l’Europe de l’Est qui ont habité Paris pendant longtemps ou jusqu’à leur mort. Bien que les auteurs de ces sources aient faits presque toujours partie de l’inteligencja et ne peuvent être considérés représentatifs de la majorité des immigrés, leurs récits nous informent – souvent en filigrane – de leur perception de l’environnement et de leurs affiliations ainsi que, parfois d’une manière nostalgique et radieuse, des conditions de vie des immigrés à Paris.
– Autres sources littéraires :
Certains groupes d’immigrés, avant tout l’émigration » blanche » russe de l’entre-deux-guerres et l’immigration juive, ont généré une riche production littéraire qui est d’une valeur extraordinaire pour les questions posées dans le projet présenté ici. Naturellement il faut distinguer la littérature écrite par des immigrés (assimilés) pour un public français (38), des oeuvres, qui ont été produites non seulement sur les immigrés, mais aussi pour un public immigré, dans leur langue et publiées dans leurs médias.
Il suffira de mentionner ici Nina Berberova, qui a publiée de nombreuses nouvelles sur les Russes à Billancourt, Marina Tsvetaeva ainsi que Henri Sloves ou Wolf Wiewiorka, un des poètes yiddish les plus importants du Paris des années vingt et trente. Il est à souligner que le deuxième groupe d’oeuvres a été publié en premier lieu dans la presse immigrée et qu’il a été accepté par ses destinataires comme représentation de leur état social et mental, de leur propre monde, et a été souvent utilisé comme moyen d’identification (39).
En général, les historiens gardent une grande retenue quand il s’agit de généraliser les résultats de nos recherches (40). Dans une certaine mesure, il faut conserver cette réserve aussi dans un projet qui s’efforce d’employer largement les méthodes et résultats des sciences sociales. Si par exemple le projet présenté ici a l’intention de discuter la valeur de l’ethnicité comme moyen d’analyse de la formation de groupes apparemment ethniques ou de la signification de l’appartenance sociale, religieuse ou culturelle pour les comportements individuels, les réponses que l’on obtiendra ne concernent tout d’abord que la période et le lieu pris en considération. A ces réserves près, l’auteur pense que ses réflexions et les résultats à attendre seront utiles aussi dans le cadre du discours contemporain sur l’immigration et l’identité. On espère, qu’ils aideront à comprendre non seulement la complexité de l’identité individuelle et collective, sa relativité historique et culturelle, mais aussi qu’ils affirmeront la conviction, que « l’ethnisation » (41) de l’identité qui se fait remarquer dans la réalité de nos jours est loin d’ˆtre toute naturelle et sera peut-être réversible.
Notes :
1. Noiriel souligne, que la nation française moderne s’est constituée en même temps que la notion d’immigré. Cf. Gérard Noiriel, Réfugiés et sans-papiers. La République face au droit d’asile XIXe- XXe siècle, Paris, Hachette, 1998, pp. 84-92.
2. Cf. Gérard Noiriel, Le creuset français. Histoire de l’immigration XIXe- XXe siècle, Paris, Seuil 1988, p. 166.
3. La Grande Emigration polonaise d’après 1831 a particulièrement suscité l’intérêt des chercheurs. Cf. Hans-Henning Hahn, Außenpolitik in der Emigration. Die Exildiplomatie Adam Jerzy Czartoryskis 1830-1840, München/Wien 1978 ; ders., « Die Organisationen der polnischen Emigration », in : Heinrich August Winkler (Hg.), Nationalismus , Königstein/Ts. 21985. Aussi W . ZLadkowski, Emigracja polska we Francji 1871 – 1918 , Lublin 1980.
4. Martin A . Miller , The Russian Revolutionary Emigrés 1825 – 1870, Baltimore / London 1986.
5. Cf. Miller, Emigrés, et la bibliographie offerte en pp. 273-276.
6. Cf. entre autres : Mathias Beer/Martin Kintzinger/Marita Krauss, Migration und Integration. Aufnahme und Eingliederung im historischen Wandel , Stuttgart 1997 ; Klaus J. Bade (éd.), Migration – Ethnizität – Konflikt : Systemfragen und Fallstudien, Osnabrück 1996 ; Jan Lucassen/Leo Lucassen, Migration, Migration History, History. Old Paradigms and New Perspectives, Bern u.a. 1997 ; Eric Guichard/Gérard Noiriel, Construction des nationalité s et immigration dans la France contemporaine , PENS, 1 9 9 7 ; Emmanuel Todd, Le destin des immigrés. Assimilation et ségrégation dans les démocraties occidentales, Paris, Seuil, 1994 ; Jan Zamojski, Imigranci i spoLeczeñstwa przyjmujace : adaptacja ?,integracja ?, transformacja ?, Warszawa 2000.
7. Nancy Green, » L’Histoire comparative et le champ des études migratoires « , Annales 45 (1990), pp. 135-1350 ; dies., » The Comparative Method and Poststructural Structuralism : New Perspectives for Migration Studies « , in : Lucassen/Lucassen, Migration, pp. 57-72.
8. Nancy Green, Du Sentier à la 7e avenue. La confection et les immigrés Paris – New York 1880-1980, Paris, Seuil 1998.
9. On peut dire ceci, dans un autre sens, aussi pour l’analyse des travailleurs russe chez Renault à Boulogne-Billancourt d’Olivier Le Guillou, Les Russes à Billancourt, Paris : Thèse EHESS 1997. Dans sa thèse de DEA, Eléments de recherche sur l’émigration russe en France. Les russes de Boulogne-Billancourt en 1926, Paris, 1991, il discute d’une manière approfondie les problèmes et possibilités de recherche ainsi que les sources existantes.
10. Pour une critique d’anciens essais comparatifs structurés ainsi cf. Green, « Comparative Method », pp. 67-70. La différence entre les démarches mentionnées là et le projet présenté ici consiste dans le fait, que les études anciennes ont comparées des groupes qui apparemment étaient facile à distinguer (Juifs et Italiens, Noirs et immigrés), ce qui empêche une critique de la catégorie ethnique, alors qu’ici des groupes, dont les « frontières » sont difficile à établir et parfois perméables seront examinés. Pour un début d’une étude comparative des étrangers à Paris cf. aussi André Kaspi/Antoine Marès (Dir.), Le Paris des étrangers depuis un siècle, Paris, Imprimerie Nationale 1989.
11. Nancy Green, The Pletzl of Paris. Jewish Immigrant Workers in the Belle Epoque, New York/London 1986. Jeanne Brody, Rues des Rosiers, une manière d’être juif, Paris, Autrement, 1998 touche parfois aux questions concernant la la structure de l’identité, mais doit être considéré comme insuffisant, puisqu’elle ébauche un image trop pittoresque, ne donnant en somme qu’une publicité pour la rue des Rosiers.
12. Catherine Gousseff, Immigrés russes en France (1900-1950). Contribution à l’histoire politique et sociale des réfugiés, Paris, Thèse EHESS 1996, Hélène Menegaldo, Les Russes à Paris 1919-1939, Paris. Autrement, 1998. Avec un caractère plus hagiographique Nikita Struve, Soixante-dix ans d’émigration russe, 1919-1989, Paris, Fayard 1996. Robert H. Johnston, New Mecca, New Babylonî. Paris and the Russian Exiles, 1920-1945, Québec 1988 se limite aux « grands développements » politiques à l’intérieur de la communautés, se fondant presque uniquement sur la presse de l’exil.
13. Janine Ponty, Polonais méconnus. Histoire des travailleurs immigrés en France dans l’entre-deux-guerres, Paris 1988 ; Gérard Noiriel, Longwy. Immigrés et prolétaires 1880-1980, Paris 1984.
14. Cf. Mathias Niendorf, Minderheiten an der Grenze. Deutsche und Polen in den Kreisen Flatow (ZLotów) und Zempelburg (Sêpólno-Krajeñskie) 1900-1939 , Wiesbaden 1997 ; Michael G. Esch, Zur Fragwürdigkeit des Konstrukts « Nationalität » (narodowosc). Das Beispiel Schlesien 1939.1948″, in : Dzieje Polska w XX w. w swietle badañ mLodych historyków z Polski, Czech i Niemiec, pod red. Krzysztofa Ruchniewicza, WrocLaw 1998, S. 174-188. 1998.
15. Cf. Hartmut Esser, « Die Mobilisierung ethnischer Konflikte », in : Bade, Migration , S.63-87.
16. Lutz Hoffmann, » Der Volksbegriff und seine verschiedenen Bedeutungen : überlegungenzu einer grundlegenden Kategorie der Moderne », in : Bade, Migration, S. 149-170. Hoffmann, ainsi que Rogers Brubaker, Citizenship and Nationhood in Germany and France, Cambridge/Mass. 1992, met le modèle allemand en face du modèle français, où la catégorie ethnique a – traditionnellement – une moindre importance.
17. Green, The Pletzl, pp. 6, 48 souligne, que cette concentration des juifs de l’est les rendait carrément invisible pour ceux, qui n’habitaient pas les mêmes quartiers. Cependant l’existence de ce groupe ne restait pas inconnue au grand public, par exemple pendant l’affaire Dreyfus. Cf. Michael R. Marrus, Les Juifs de France à l’époque de l’Affaire Dreyfus, Paris 1972.
18. Cf. Menegaldo, Les Russes,
19. Cf. pour les Polonais Krzysztof Dunin, Francuska popinia publiczna wobec sprawy polskiej i Polaków w latach 1885-1894, Warszawa 1987 ; littérature française de l’entre-deux-guerres, Paris, mémoire de DEA 1986.
20. Ainsi les réfugiés polonais qui prouvaient leur participation à l’insurrection de 1863 – ou étant le conjoint d’un insurgé – bénéficiaient d’un secours payé par le Ministère de l’Intérieur. Pour obtenir ce secours, qui d’ailleurs n’était pas trop élevé et fut accordé jusqu’à 1915, donc aussi au temps de l’alliance franco-russe de 1891, il était nécessaire de présenter un certificat délivré par les organisations de l’exil polonais, qui par cela atteint un statut demi-officiel. Analogiquement, l’ambassadeur de la Russie à Paris, qui fut introduit sous le régime de Kerenskij, conservait le statut de représentant des réfugiés russes après que le gouvernement français ait reconnu le gouvernement soviétique.
21. Cf. Gousseff, Immigrés russes , pp.387-409 : Gérard Noiriel, Réfugiés et sans-papiers. La République face au droit d’asile XIXe-XXe siècles, Paris. Hachette 1991, pp. 100-117 Michael R. Marrus, The Unwanted. European Refugees in the Twentieth Century, New York/Oxford 1985, pp. 51-95 ; 145-149.
22. Voir p. e. le restaurant de StanisLaw Koch dans la rue de le Glacière 20, qui a été le premier lieu dÍaccueil pour les étudiants polonais et polonais-juifs et fut mentionné dans beaucoup dÍautobiographies dÍanciens immigrés aussi que dans nombreux rapports de police. Cf. aussi MaLgorzata Gmurczyk-Wroñska, Polacy we Francji w latach 1871-1914. SpoLecznosc i jej podstawy materialne, Warszawa 1996, S.25.
23. L Gmurczyk – Wroñska, Polacy , p. 17 f.
24. Parmi les 178 demandes de naturalisation (en somme 932) faites par des gens qui étaient sans doute nés dans les territoires de la Pologne avant son démembrement en 1772-1795, dans quatre cas on trouve » Pologne » et dans 39 cas » Pologne Russe » ou » Pologne Autrichienne » comme indication d’origine. Cependant, la Pologne Autrichienne jouissait d’un statut d’autonomie dès 1866. Deux dossiers mentionnent « Galicie » et cinq « Bohème » comme pays d’origine. Sources : AN F7 12602-12625.
25. Intéressant aussi est le cas unique du Cercle des Ressortissants Russes de Montmartre, qui sous des noms différents existait au moins de 1892 jusqu’à 1917 et était en effet une organisation d’ouvriers en majorité juifs proches du Bund .
26. Cf.une liste non complète dans Russkij Almanach. Spravoènik. 19L1. Pod redakciejkn.V.A.Obolenskago i B.M. Saraèa, Paris 1931, p. 242f.
27. Cf. Green, The Pletzl , pp. 42 – 67 ; Johnston, New Mecca , pp.83-100 ; Sladkowski, Emigracja polska, pp. 15-55.
28. Une hypothèse analogue sera vérifié concernant les juifs en Russie et en Pologne par un projet de la section pourl’histoire de l’Europe de l’Est de l’Université Heinrich-Heine de Düsseldorf.
29. C f . The Cultural Integration of Immigrants , Paris 1959 ; Aleksander Posern-Zieliñski, « Akulturacja i asymilacja – dwie strony procesu etncznej zmiany w ujeciu antropologii i etnohistorii », in : Witold Molik/Robert Trabe (dir.), Procesy akulturacji/asymilacji na pograniczu polsko-niemieckim w XIX i XX wieku, Poznañ (1999), pp. 43 – 64, ici p. 60 f . Sur le modèle néerlandais cf. Rudolf Steiniger, Polarisierung und Integration. Eine vergleichende Untersuchung der strukturellen Versäulung der Gesellschaft in den Niederlanden und in Österreich, Meisenheim/Glan 1975, S. L8-51.
30. Cf. p.e. Annette Treibel, Migration in modernen Gesellschaften. Soziale Folgen von Einwanderung, Gastarbeit und Flucht, Weinheim/München 21999, pp. 84-113. Une démarche légèrement différente se trouve dans Dirk Hoerder/Leslie Page Moch (ed.), European Migrants. Global and Local Perspectives, Boston 1996.
31. Cette situation change après la réforme de la loi sur la naturalisation en 1927, l’analyse des dossiers est en cours.
32. Patrick Weil estime dans un ouvrage à paraître, qu’avant l’immigration des juifs alsaciens et de l’Europe de l’Est il n’y avait pas de communauté juive à Paris. Dans ce sens, on pourrait considérer l’existence de cette communauté aujourd’hui comme exemple d’une intégration de groupe réussie, groupe qui aurait été largement mais pas complètement assimilé.
33. Cf. sur les listes nominatives Le Guillou, Eléments de recherche, pp. 55-62.
34. AN F7 12602-12625.
35. APP, fond Ia. Les documents ne sont pas encore complètement inventoriés, je tiens à remercier MM. Graur et Charlot pour m’avoir quand même donnés accès à ces documents précieux.
36. Ceci s’explique par le fait, que la majorité des dossiers a été traité par la Commission pour la Révision de la Naturalisation, qui a été fondée par les autorités allemandes en 1941 pour effectuer la dénaturalisation des juifs et des communistes et anarchistes italiens et belges.
37. En particulier dans l’Annuaire statistique de Paris et les Résultats du dénombrement de la population.
38. Cf. p.e. les romans de Henri Troyat, Etrangers sur la terre, Paris 1950 et Le fils du satrape , Paris 1998 ou le roman souvent cité de Roger Ikor, Les Eaux mˆlées, Paris 1955.
39. Cf. p.e. la postface dans Nina Berberova, Chroniques de Billancourt, Arles 1992, pp. 233-243.
40. Ainsi Green, « The Comparative Method », p. 58.
41. Cf. p.e. Wolf-Dietrich Bukow, « Ethnisierung der Lebensführung », in : Ursula Apitzsch (éd.), Migration und Traditionsbildung, Opladen 1999, S. 92-104.