L’insécurité et le sentiment de menace catastrophique, à l’échelle individuelle ou collective, s’amplifient. Ils semblent liés à l’effacement des cadres de pensée et des repères auparavant fixés par les religions, les idéologies et les cultures, ainsi qu’au processus de mondialisation. A une plus grande liberté, au plus d’autonomie du sujet, aux prouesses technologiques se prenant pour fin, répondent souvent désarroi, repli ou agressivité. Les sociétés modernes, sous couvert de facilitation du bien-être, d’enrichissement de la communication et de l’information, fabriquent et imposent un imaginaire virtuel, sur papier glacé, vidant la relation de sens tout en prétendant masquer la violence qu’elles génèrent. Bien que certains cherchent les moyens d’affronter contradictions et incertitudes, pour beaucoup le sens s’effrite, le symbolique devient inaccessible ; les rapports marchands assèchent la pensée complexe et la réflexion critique. Les rapports sociaux s’enferment entre principe de précaution, garantie d’assurances. évaluation des dommages qui entravent initiative et autonomie. Ce sont là les paradoxes de la démocratie compromise avec l’économique et la technologie. Ce numéro analyse ces dynamiques paradoxales dans leur complexité, selon les différents registres, psychologiques, sociologiques, économiques, politiques, juridiques… qui s’y rencontrent, et interroge à leur lumière les démarches et les pratiques qui se trouvent impliquées.
Jacqueline BARUS-MICHEL & Florence GIUST-DESPRAIRIES (dir.) : « L’angoisse du risque et les paradoxes de la responsabilité »
Ramonville Saint-Agne : Erès, 2006. Nouvelle Revue de Psychosociologie, n° 2 – Automne 2006. 218 p. / 25 €