Jean-Paul SARTRE : « La Nausée »

Gallimard, 1972. 249 p. Première édition : 1938.

Jean-Paul SARTRE émerge probablement comme la personnalité littéraire et intellectuelle la plus marquante du 20ème siècle. Romancier, dramaturge, philosophe, auteur d’essais et d’ouvrages critiques, militant politique, Jean-Paul SARTRE est un point par rapport auquel on se situe. Modèle de l’écrivain engagé, après Hugo, Zola, Malraux, Sartre est aussi le philosophe du choix, celui que doit faire l’homme face à ses responsabilités, affirmant ainsi sa liberté.

Un homme déambule dans une ville inconnue… Il est saisi par un étrange malaise et entrevoit toute l’absurdité de la condition humaine. Angoisse et vertige de la liberté… Angoisse existentialiste de la vie et de la décision… Roquentin est victime de « la nausée ».

« Donc j’étais tout à l’heure au Jardin public. La racine du marronnier s’enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c’était une racine. Les mots s’étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d’emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J’étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j’ai eu cette illumination. Ça m’a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n’avais pressenti ce que voulait dire « exister ». »

La Nausée représente le début du processus de réflexion dans l’ensemble de l’œuvre romanesque de Sartre. Le livre est écrit sous la forme d’un journal, un long monologue au cours duquel le personnage principal, Antoine Roquentin, prend peu à peu conscience qu’il existe. Cette prise de conscience progressive engendre l’angoisse, parce que le sentiment d’exister s’accompagne d’une autre prise de conscience : l’absurdité du monde et de l’existence, qui ne semblent pas motivés par quelque chose d’essentiel.

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