Le centre Françoise Minkowska reçoit les migrants et les réfugiés de la région Ile de France :
dans le cadre du droit commun avec une approche de Santé Publique,
avec l’éclairage de l’anthropologie médicale clinique (prise en compte des aspects linguistiques et des représentations culturelles de la maladie mentale).
Il dispose d’une équipe médico-psycho-sociale pluridisciplinaire et plurilingue recevant des patients (enfants et adultes) de plusieurs aires géoculturelles : Afrique, Asie du Sud et du Sud-Est, Europe Centrale et de l’Est, Maghreb, Pays Hispanophones, Pays Lusophones, Turquie.
www.minkowska.com – té1 : 01 53 06 84 84
La première journée européenne du Centre Minkowska s’est déroulée en présence de Christophe Paris, directeur du Centre Minkowska, de Marie-Joëlle Gorisse, Conseillère Technique à la Sous-Direction territoriale des professions sociales de la DGAS et de Florian Forster, directeur du bureau parisien de l’OIM.
L’Office International des Migrations ou comment favoriser une meilleure intégration des migrants :
L’OIM (Office International des Migrations) est un organisme international. 118 pays en sont membres dont la France. Il faut ajouter à cela quelques pays observateurs. L’OIM ne fait pas partie des Nations-Unies mais collabore avec elles ainsi qu’avec le Conseil de l’Europe, l’UNESCO et l’OMS. Le principe de l’OIM est qu’une immigration humaine profite aussi bien au migrant qu’au pays d’accueil.
L’OIM agit pour l’amélioration des flux migratoires, pour une meilleure compréhension de ceux-ci et pour une meilleure position des migrants. Elle participe à des projets concrets : projets de formation pour les professionnels, accès aux droits pour les migrants.
Comment favoriser une meilleure intégration des migrants ?
La migration a changée. Elle devient multidirectionnelle et temporaire. Le modèle d’intégration à la française est-il toujours valable ? La migration forcée ou hors cadre légal, par exemple, est source de difficultés psychologiques et sociales. Comment agir pour sauvegarder l’équilibre psychologique et social de ces personnes ? Un modèle unique ne peut plus fonctionner. Il faudrait suivre différentes pistes selon différents modèles migratoires. L’OMI croit à des programmes spécifiques dans les domaines psychologiques-et sociaux. Elle croit aussi qu’il faut améliorer les connaissances des administrations et des partenaires de ce que vit le migrant et des composantes culturelles qui lui sont particulières.
Intervention de Florian Forster, directeur du bureau de Paris.
Le culturel entre médiation et métamédiation :
Le principe de diversité s’oppose au choc des civilisations. Les civilisations ne sont jamais en conflit, contrairement aux individus. Le monde, et ce n’est pas nouveau (cf : J.-J.Rousseau sur l’Etat de nature), est complexe et orchestré par les différents flux migratoires. Mais, à l’origine, il n’y avait pas de frontières. La différence avec le passé c’est qu’on n’attaque plus maintenant pour survivre mais pour imposer un pouvoir, des modèles, des idées. Selon la théorie holistique, pour comprendre le tout il faut en comprendre les parties. D’où l’importance des notions de culturel, de médiation et de métamédiation.
Doit-on se défier du culturel ? On ne peut oublier une partie d’une personne quand on la prend en compte. La culture est importante mais pas seulement. La médiation a rapport avec l’arbitrage, la facilitation. Méta en grec veut dire : ce qui dépasse, ce qui est au-delà. Il faut donc dépasser la culture que l’on intègre (culture porte d’entrée) par la théorie du dévoilement qui permet de retrouver l’origine, l’intelligence de la chose (cf : le mythe de la caverne de Platon). La médiation favorise la communication. L’être humain est souvent étranger à lui-même et l’individu vit un dualisme entre la dimension de soi et la dimension de l’autre. La philosophie permet à l’être de se « mettre au monde » et de dire « Je ». Ainsi, les cafés philo sont importants comme vecteur d’intégration. Ils évitent le recours à des logiques communautaires et cultuelles de repli car, quand on ne sait pas, on délègue à l’invisible.
Si l’on analyse les émeutes de 2005, il s’agit de gens auxquels on a dit qu’ils étaient étrangers alors qu’ils sont français (théorie du chaînon manquant). On ne leur donne pas la chance d’être respectés et ils ne se donnent pas la chance d’être respectés. C’est une crise existentielle. Or les jeunes ont besoin de retrouver leurs racines pour mieux s’intégrer ici. Le culturel est important mais cependant pas déterminant. C’est pourquoi l’important est de se parler pour se comprendre. Car même si les gens sont différents, ils peuvent « voir » ensemble. Si chacun fait un petit pas, même en restant borné, si chacun considère les choses autrement, là on peut parfois s’entendre. Si on n’y arrive pas alors on baisse les bras mais quelqu’un d’autre, avec le temps, peut y arriver.
Interview de Pape Cissoko, philosophe, formateur au Centre Minkowska.