Karima DIRECHE-SLIMANI & Fabienne LE HOUÉROU : « Les Comoriens à Marseille. D’une mémoire à l’autre »

Editions Autrement, coll. Français d’ailleurs, peuple d’ici, 2002. 184 p. 14,95 €

Karima DIRECHE-SLIMANI, agrégée en histoire, docteur en histoire contemporaine et chercheur au CNRS à l’Institut de recherche et d’études sur le monde arabo-musulman (IRENAM) d’Aix-en-Provence. Spécialiste de l’histoire sociale de l’Algérie à la période coloniale, elle a consacré sa thèse à l’histoire de l’émigration kabyle en France (publiée aux éditions L’Harmattan en 1997). Ses travaux actuels portent notamment sur les flux migratoires récents en Méditerranée et sur l’écriture des mémoires identitaires en émigration.

Fabienne LE HOUÉROU est historienne, chercheur au CNRS à l’Institut des Etudes Africaines (MMSH-Aix-en Provence).

Populations, lieux symboles, récits : les trajectoires de l’immigration en France dressent une véritable cartographie de leur mémoire par rues, quartiers et villes interposés. Des histoires inscrites dans l’espace et dans le temps. La première grande saga de ces Français venus d’ailleurs, dans une France monde.

Avec les Comoriens, Marseille écrit une page supplémentaire de son histoire migratoire. Ainsi va cette ville qui s’est construite et enrichie au contact d’hommes et de femmes venus de près ou de loin tenter l’aventure de l’ailleurs fortuné. L’émigration comorienne, la plus récente des émigrations africaines, apporte avec elle un métissage et une culture longtemps ignorés par les Marseillais. Invisible, discrète, réservée sont des qualificatifs qui reviennent souvent pour la désigner. Pourtant elle sort de sa réserve lors d’un drame raciste qui a touché l’un des siens. Le meurtre d’un adolescent, Ibrahim Ali, par des partisans du Front national a révélé l’importance démographique des Comoriens (près de 50 000 personnes) et leur inscription dans le tissu urbain marseillais. Au-delà des qualificatifs et des représentations qui traduisent une réalité trop souvent réductrice, émerge une communauté attachée à ses traditions et à ses liens de solidarité mais emportée, souvent malgré elle, dans une modernité trop rapide. S’impose alors, dans l’urgence, l’écriture d’une mémoire de l’exil, véritable matrice protectrice des migrants et de leurs enfants. Construction d’une identité migratoire et intégration dans le paysage urbain sont les fils conducteurs qui permettent de mieux saisir cette migration aux paradoxes multiples.

(Quatrième de couverture)

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