Cet ouvrage cherche à comprendre pourquoi les fratries constituent une sorte de point aveugle de la sociologie de la famille. Les multiples paradoxes qui les concernent émergent progressivement : contradictions inhérentes aux échelles d’observation ou entre les disciplines nécessaires à son appréhension, oppositions entre deux acceptions du lien fraternel : une strictement génétique et une qui défend la dimension élective et contractuelle de ce lien, antinomie entre une égalité de traitement proclamée et les différences effectives entre frères et surs, désaccords théoriques entre les paradigmes de la reproduction sociale et de l’individualisme, injonctions inconciliables du semblable et du différent.
Les fratries sont considérées comme le berceau de la construction du lien social qui met en jeu ce que chacun donne et reçoit dans la verticalité du lien intergénérationnel comme dans l’horizontalité du lien fraternel. Elles n’échappent pas, pour autant, aux ruptures engendrées par l’évolution de la structure des emplois ni aux conflits de légitimité entre les divers aspects culturels, économiques ou symboliques, pas plus que ne leur sont étrangers les rapports sociaux entre hommes et femmes.