La lettre de l’enfance et de l’adolescence, n° 60 : « L’ennui et l’enfant »

Editions Erès, juin 2005. 13 €

Ce numéro propose, autour de l’ennui et l’enfant, une réflexion illustrée par la clinique et par les pratiques professionnelles. Tâche qui révèle que l’ennui peut être une passion comme une autre. Ce qui est la thèse de Martine Menès, à propos du désir du rien. Mais l’ennui est aussi fatigue et lassitude, préoccupation et inquiétude, agacement, attente impatiente, déconvenue. Le refuser, n’est-ce pas refuser le manque, l’incomplétude ? C’est ce qu’évoque un article collectif (I. Chevalier, M. Matrand, N. Murcier) autour de l’hypothèse du « refus de l’ennui comme défense contre l’impossibilité de combler l’autre L’enfant du passé s’ennuyait probablement aussi. Ne seraitce pas plutôt le regard sur l’ennui, ses manifestations, ses causes, qui ont changé ? C’est ce qu’aborde Claude Schauder dans sa contribution sur l’évolution de la société et l’ennui des jeunes. Pourtant les poètes, les écrivains, en ont souligné la dimension créative et dessiné les contours incertains, ce que montrent les poèmes de ces jeunes filles d’un atelier d’écriture d’IMP tels que les a recueillis Françoise Brossier Mével.
Comment la littérature enfantine, adolescente, ou les programmes télévisuels tiennent-ils compte aujourd’hui de l’ennui ? Marina D’Amato s’interroge sur la télé comme remède à l’ennui d’enfants captifs des programmes. L’ennui, « état de lassitude involontaire engendré par la rencontre fortuite d’une certaine situation et d’un certain individu », état toujours singulier donc, rappelle Mathieu Ledoux, fait peur, d’abord et peut-être surtout aux adultes.
Robert Toboul, avec son « plaidoyer pour l’ennui » en définit les frontières avec la dépression pour en souligner l’aspect constructif dans « le processus de maturation qui fait de l’enfant un adulte ». Véronique Dufour propose un travail sur l’ennui de l’enfant dit surdoué.
Dominique Ottavi interroge cet ennui contemporain, « absence du sens, au sens propre, du temps et de l’espace qui débouche sur l’absence du sens de l’effort ». II commence dès la crèche (Irina Roufidou : les bébés et l’ennui), continue à l’école (Isabelle Lechevallier l’ennui au collège), et s’épanouit le dimanche, c’est ce qu’Olivier Cadot et Francine Ferreira illustrent avec une situation particulière certes : des enfants en foyer d’accueil.
Dans « l’obscure clarté de l’ennui » Tristan Garcia-Fons invite à voyager jusqu’à la lumière.
La rubrique Histoire donne la parole à Berthe Burko à propos d’une enfance pas comme les autres, prises dans les impératifs d’une histoire meurtrière qui a obligé des enfants de tous les âges à être cachés pour survivre. L’on en retrouve des témoignages dans le livre Traqués, cachés, vivants, des enfants juifs en France…, commenté par Françoise Petitot dans la rubrique Lectures.

(Article extrait de Nervure, Journal de Psychiatrie, n° 7 – Oct. 2006 : p. 9)

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