La médecine factuelle (Evidence-Based Medecine)

Pour la recherche juin 2004, n° 41, Bulletin de la Fédération Française de Psychiatrie

in Nervure n° 7 – tome XVII – octobre 2004

www.nervure-psy.com

Ce numéro est une première approche d’une question difficile : l’Evidence-based medicine (EBM). L’expertise collective de l’Inserm sur les psychothérapies a souligné, brutalement l’importance qui peut être attribuée à ce modèle pour déterminer ce que serait la vérité scientifique et les conséquences potentielles d’un tel choix sur les pratiques. Ce numéro suit à la lettre ce qui constitue la charte éditoriale de PLR et de Psydoc-France : Informer, aussi largement et objectivement que possible, les acteurs de notre discipline (et au-delà) pour qu’ils se fassent une idée personnelle de la question. Une bibliographie très importante est analysée.

Dans un premier article, sont présentées les définitions et l’historique de l’EBM, les bases sur lesquelles elle s’est construite et les objectifs qu’elle poursuit, tant dans le domaine de l’enseignement, que de l’approche médicale, sont abordées ensuite ses difficultés et ses limites, puis la question éthique.

Quelques remarques sont formulées à partir d’articles traitant de la démarche EBM en psychiatrie et santé mentale. Elles portent évidemment sur l’attention qu’il faut prêter aux « détails » méthodologiques car ils sont susceptibles de biaiser les résultats malgré une forme d’apparence excellente. Elles portent, également sur les bénéfices réels que le patient peut attendre de cette méthode. Une analyse plus approfondie est consacrée à son application à la psychothérapie où elle a suscité – et suscite encore – un débat intense qui s’exprime dans de nombreuses publications. Pour finir, accompagnés d’une note d’humour, on trouve des liens bibliographiques accessibles sur Internet. Ils portent sur des aspects spécifiques (accès direct aux études répondant aux critères de l’EBM et, éventuellement centrées sur les aspects économiques), ainsi qu’une sélection de glossaires dont l’intérêt va bien au delà du strict champ de l’EBM.

Au stade actuel de l’analyse, quelques pistes de réflexion sont proposées :

- si l’EBM a l’avantage de maintenir une tension sur les bases de la connaissance médicale, la démarche qu’elle propose ne risque-t-elle pas, sans attention particulière, de devenir « simplifiée » et « dirigée » ? L’individuel ne risque-t-il pas d’être sacrifié au profit du « générique » ?

- l’ambition de la méthode n’est-elle pas située si haut que le bouleversement culturel qu’elle instaure ne sera intégré que par une fraction des cliniciens, avec le risque de ruptures dans les connaissances et les savoir faire dont les risques ne seraient pas maîtrisés ?

- comment vont s’inscrire, dans la réalité, l’expérience clinique et les attentes des patients qui sont conçues dans l’esprit même des promoteurs, de l’EBM comme les deux autres piliers essentiels de l’approche ?

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