Confronté à un environnement souvent hostile dont il est étroitement dépendant, l’africain vit en familiarité avec la mort. A défaut d’outils et de techniques pour pallier le risque permanent de mourir de faim ou de maladie, sa culture lui fournit une exceptionnelle disposition à manier les symboles pour transcender l’angoisse de la précarité.
La mort individuelle n’est qu’un moment du cycle vital ; elle ni saurait porter atteinte à la continuité de la vie car elle est la condition implicite. Cette signification particulière donnée à la mort est attestée par les mythes.
Il n’empêche que la mort introduit un bouleversement, tant dans la personne du défunt que parmi ses proches, dans son lignage et dans la communauté tout entière ; pour l’efficacité du rituel funéraire, le désordre se trouvera symboliquement résorbé et l’équilibre restauré.
Quant la mort est dans la place, il faut d’abord compenser avec la négativité qu’elle représente, s’en protéger, en élucider les causes pour procéder à la remise en ordre. Et surtout, il importe que le groupe affirme sa cohésion et sa vitalité, mette à nu ses énergies cachées en vue d’un nouveau départ : les grandes funérailles africaines sont des fêtes bruyantes qui rassemblent des personnes de tous âges dans une atmosphère d’excitation entretenues par les danses, chants, harangues rythmes des tambours, repas et libations. Peu à peu, l’attention se détourne de la mort réelle, inacceptale dans sa dimension individuelle et affective, pour se hisser a plan symbolique où la mort est le gage d’un surplus de vie.