La psychanalyse et le monde arabe

Nous pouvons nous réjouir de cette initiative de la revue La Célibataire de publier les interventions d’un colloque organisé par l’Association Lacanienne Internationale sur le thème original de «  La psychanalyse et le monde arabe« . Sujet original et paradoxal, le titre est presque un oxymore ! Si l’on comptait au milieu du 20ème siècle plus de psychanalystes au Caire et à Alexandrie qu’en Espagne ou en Italie, les choses ont bien changé depuis : la psychanalyse n’a fait que reculer jusqu’à l’extinction totale.

Le numéro 8 de cette revue de psychanalyse propose des sujets aussi divers que : « Une archéologie de la langue arabe » (Osama Khalil), « Les exigences herméneutiques du Coran » (Pierre Lory), « L’intimité et la loi » (Ahmed Far ! Merini), « Le sujet en Islam » (Nazir Hamad), « La notion d’individu dans la culture arabe » (Abdel Hafez, Saleh Magdi) etc. Parmi les nombreuses Informations ou éclaircissement, on lit que la structure de la langue arabe se distingue par l’absence du verbe « être », ce verbe n’existe que sous la forme d’un passé imparfait « kana« .

Le cogito cartésien devient, dès lors, « je pense, donc j’étais ». De même, la réflexion porte sur le rapport du monde arabe à la pensée scientifique. Le rapport est historique et, d’une certaine façon, le monde arabe n’ayant pas connu la « révolution scientifique » il n’a pas participé à la naissance du « sujet de la science » objet de la psychanalyse. Les autres réflexions portent sur l’hégémonie du discours religieux, la particularité de l’OEdipe arabe, l’hétérogénéité du concept de l’Ego, etc … Après un texte de Charles Melman, la revue condut avec Mustafa Safouan qui s’oppose à cette « détestable » dichotomie Orient-Occident.

S. Tribolet