La santé mentale dans la philosophie orientale.

Par DR. LAM XUAN DIEN : Directeur du Centre de Santé Mentale d’Ho Chi Minh-ville. Chef du Département de Psychiatrie et de Psychologie Médicale (CUF), 2001.

I. CULTURE ET PSYCHIATRIE.

En santé mentale, le psychiatre a besoin d’une certaine connaissance du terrain :

- Spécificités culturelles nationales.

- Spécificités locales et régionales.

- Savoir psychanalytique de l’interprétation des symptômes.

Le mot « dépression » peut s’exprimer par 3 termes en vietnamien. Comme le mot « amour » en français recouvre une dizaine de termes vietnamiens ayant tous une nuance affective et culturelle fixée dans un contenu précis.

Zone d’ombre culturelle dans une relation de soins :

- Identité personnelle et culturelle du malade.

- Identité personnelle culturelle et professionnelle du psychiatre.

- Identité de l’appareil conceptuel qu’utilisent le malade et le psychiatre dans l’entretien.

II. EXPLICATION DU SENS DE L’EXISTENCE :

Pour le Bouddhisme :

les volitions bonnes ou mauvaises s’inscrivent dans le Karma. L’âme d’un individu est constituée d’une chaîne de causes et d’effets. Ainsi, ce qu’un individu est dans cette vie est le résultat de ce qu’il a fait dans le passé, et ainsi de suite.

Pour le confucianisme :

- Bonté humaine et justice

- Droits des faibles et devoirs des puissants

- S’éduquer soi-même avant de former les autres

- Notion de rien : amour, bonté, humanité. Celui qui possède toutes ces vertus est un yunzi (parfait gentilhomme)

Pour le Taoisme :

- L’individu, sa conscience et sa vie spirituelle : harmonie avec la nature et l’univers

- Le Wu-wei (non-agi) : existence empreinte de modestie

III. FONCTIONNEMENT MENTAL DE L’INDIVIDU :

L’essentiel du fonctionnement psychologique de la personne doit tendre vers la résolution de la question de la souffrance et non uniquement celle de satisfaire ses besoins.

- L’homme a besoin de sexualité, de réalisation personnelle et d’aspiration à l’éternité : source de souffrance

- Tout a un début et une fin (le temps, notre corps,…)

- La valeur éthique d’une vie est le garant de la continuité de l’existence.

Exigences du désir et exigences de l’éthique peuvent devenir source de conflit. (souffrance traumatique dans la théorie freudienne) Attente du début : désir. Regret d’une fin : frustration. Le désir et la frustration sont des sentiments liés et issus de l’interface entre les agrégats et l’environnement. Faire le bien autour de soi, non pas dans le but délibéré de recevoir en retour le bien, mais pour le plaisir à faire le bien. Le désir altruiste construit la solidarité.

La souffrance vient d’une quasi-impossibilité de l’homme à concilier la Désir de l’Ethique avec le temps (désir d’annuler le temps)

IV. LE CONSCIENT ET L’INCONSCIENT :

Le conscient est pratiquement équivalent à “la prise de conscience” :

- Double nécessité : utiliser le langage et réduire le Réel, permettant à l’homme de s’affirmer comme un Etre, et dire “Je suis”.

- Principe de pensée et de conduite : juste (justesse de point de vue et de comportement, justice conforme à l’intérêt supérieur de la communauté)

Moi : “Idée de soi” (plus vaste que le Moi freudien) issu des Cinq Agrégats d’attachement.

Ca : Agrégat des sensations et des perceptions.

Surmoi : agrégat de la conscience.

Le conscient et l’inconscient, le corps et l’esprit sont comme les vases communicants de l’Etre et la méditation aide à trouver le juste milieu d’abord entre eux puis le Juste entre l’Etre et le Non-Etre.

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