ÉDITORIAL
Ce n’est point, happés par scansion d’un nom frénétiquement répété, dont les souvenirs hantent nos oreilles de cinquantenaires – Angola ! Angola ! – ni par le nid de rêves, au parfum impérial à jamais brisés dans le lointain, mois par le pays de plantureuse promesse, béni de la Nature au sous-sol prodigue, que nous tenons. Davantage nous visitons le peuple frère, nourri à l’esprit de plurielles racines, traversé par la longue épreuve de la mésentente civile, mais occupé aujourd’hui dans la tâche exaltante de la construction de la communauté nationale.
Les ressentiments de l’époque coloniale et les plaies de la guerre de libération nationale à peine cicatrisées, sont dorénavant promis aux célébrations mémoriales, préposées testimoniales du temps révolu. L’urgence des retrouvailles citoyennes disputent l’opportunité de l’épanouissement identitaire de chaque nation-peuple, à la diversité occurrente, lesquelles engendrent le peuple-nation de l’Angola, dans l’État institué. Le parachèvement de nation unitaire implique la reconnaissance de la pluralité des cultures traditionnelles, de leur dignité égale devant la Loi, au sein de la démocratie ouverte.
Même si le chemin s’avère, à l’occasion, dru dans l’aménagement de la praxis relationnelle, en délicatesse avec la stabilité souveraine, de toute façon en questionnements sociaux et politiques accomplis à jamais, l’avènement d’une grande nation, l’Angola, généreuse, éprise d’équité est à l’oeuvre. Cependant, le tronc culturel commun, mieux axiologique, véhiculé par la langue officielle, le Portugais, n’amoindrit point les composantes premières de « l’angolanité » – in fieri et in facto esse : en devenir comme déjà parachevée – il l’arbore jusqu’à l’éclat de sa singularité parmi le concert des peuples de notre monde.
Si la consolidation économique, l’organisation sociale – réseaux de distribution de biens et services – et l’administration de l’État s’affirment relever le défi, devant les décombres de tant de souffrances, semées par le conflit civil, pendant un quart de siècle, l’Angola se forge l’âme de nation, orchestrée par ses penseurs, sur la trace de son premier Président de la République, Agostinho Neto (1975- 1979), Viriato da Cruz, Màrio de Andrade, Antànio Jacinto, Fernando Costa Andrade. Au sein de la nouvelle génération, ressortent ici Manuel Jorge, Simâo Souindoula, Alves da Rocha, Felix Miranda. Soucieux de l’idiosyncrasie angolaise, ils relèvent les différences ethniques de la population, les nuances culturelles afférentes, taillent leurs parcours historiques concurrents à travers les péripéties singulières, adossés au scénario, somme toute commun. Ils conjuguent le pluriel de leur vécu avec l’unitaire de leur avenir.
La création littéraire a fait éclore, depuis les époques reculées, des multiples talents. Agostinho Neto a servi les muses, à côté de tant d’autres. Dans le genre romanesque, Luandino Vieira et Pepetela atteignent l’excellence, entre les gens adonnées aux Lettres. Les arts plastiques, dont l’essor date des commencements immémori aux, nommément la sculpture sur bois de figurines humaines et animales, la confection de masques rituels et de bijoux de parures magiques, ont été enrichis par les peintures de Lundangi et Viteix (décédé, il y a 15 ans) ; celui-ci nous a comblé avec plusieurs expositions de son oeuvre, à Paris et dans d’autres villes.
Dans le domaine de la musique, le chanteur Bongo de rayonnement international, Carlos do Nascimento, etc. agrémentent de leurs rythmes chatoyants nos oreilles, familières de ternes mélopées. Les instrumentistes de cordes populaires et classiques sont pléiade.
Accompagnant ce pays frère, dans sa quête soutenue de justice à l’égard de tous et chacun, vers une société ouverte et respectueuse du monde des humains, nous saluons la grande nation à l’avenir célébré.
Manuel DOS SANTOS JORGE