Introduction : l’anthropologie c’est quoi ?
L’anthropologie est la science de l’homme, la synthèse des sciences biologiques et humaines. Quand on demande à un homme de la rue : ce qu’est l’anthropologie, il se fait le plus souvent répéter le mot qu’il ne comprend pas. Dans de rare cas, il répond que c’est « l’étude des coutumes des sauvages » et plus rarement encore « c’est ce que font les savants qui mesurent les crânes ».
De la craniologie à l’anthropologie
C’est le 19 mai 1859, que Broca crée la Société d’Anthropologie. C’est lui également qui individualisa l’aire du langage (aire de broca) chez Mr Leborgne (Mr « tantan ») qui présentait une aphasie (de broca) c’est-à-dire comprenait mais ne pouvait pas s’exprimer. Paul Broca avait bien compris qu’il n’y a pas de science sans mesure. Sa rigueur et son honnêteté ont été salués par les plus critiques comme Stephen Jay Gould « la malmesure de l’homme » (addiction des mesures, évaluation et donc déformation de l’homme). Un américain : Samuel Martin prétendait démontrer que par l’étude des crânes que les européens (caucasiens) étaient plus doués que les amérindiens. Gould a montré qu’il avait falsifié ses résultats. Paul Broca a abandonné les hypothèses qu’il avait échafaudé à partir de la forme et du volume du crâne. Son approche scientifique est tout à fait d’actualité en décrivant l’homme « ininterrompu » et non « éclaté, anomique ».
Définition de l’anthropologie
« Etude du groupe humain considéré dans son ensemble, dans ses détails et dans ses rapports avec le reste de la nature » Paul Broca. « L’anthropologie se définit désormais comme la science des diversités culturelles et sociales et de façon générale comme science de l’homme en société » Mondhaer Kilani. « Elle aborde à la fois la diversité géographique et historique des sociétés humaines et en même temps elle tente d’atteindre des généralisations concernant l’ensemble des comportements de l’homme en société » M Kilani. « Le projet de l’anthropologie est d’articuler les rapports du local et du global de penser l’autre et le même dans leurs aspects les plus divers » Kilani.
Dans ces définitions, on voit la balance permanente entre le particulier et le général avec les diversités et les points communs. « L’anthropologie de la Santé est, du moins en France, une discipline récente promue à un très bel avenir et dont le double intérêt théorique et pratique ne fait aucun doute » 1986 Louis Vincent Thomas.
Les obstacles de la démarche anthropologique
« Soyez un spécialiste de tout » Boris Vian. Ces obstacles sont au nombre de 3 :
« La mode de la spécialisation qui cloisonne et qui bloque les communications entre les aspects divergents d’une même recherche » A Langaney.
L’emprise du biologique et d biotechnologique au détriment de l’humain et du social. Il y a une fracture entre le biomédical et le social.
L’impérialisme des chiffres, des grands nombres et du quantifiable chiffrable. On trouve toujours ce que l’on veut démontrer.
Les conséquences communes sont la « mal-mesure » de l’homme (Stephen Jay Gould) et la déshumanisation. L’homme est influencé par so éducation, sa culture. Il y a équilibre entre la personne, ses capacités et l’environnement dans lequel l’homme se situe par son choix ou non.
Les rites
Définition :
Du latin ritus Rit : usage, coutume. « Ordre prescrit des cérémonies qui se pratiquent dans une religion. Il se dit surtout de ce qui regarde la religion chrétienne » Littré. Le rituel est « le livre qui contient les rites ou cérémonies qu’on doit observer dans l’administration des sacrements et la célébration du service divin » le rituel romain Littré. « Il n’y a pas de religion sans rite ni cérémonie » Bergson. On peut élargir cette définition en disant : « il n’y a pas de société sans rite ni cérémonie ». Le rite a une signification très forte. Actuellement la dé-ritualisation de la société est une cause du malaise que l’on observe. La violence qui se développe est peut-être une forme de rituel pour les jeunes.
L’homme est devenu « homme = animal » avec la découverte du feu et l’enterrement des morts avec des colliers, bijoux, armes car il imaginait qu’il y avait une vie au-delà.
Les rites vus par les anthropologues
« Une société ne peut pas vivre sans rites » L. V. Thomas. « Le rite apparaît comme une assurance qu’on s’invente pour maîtriser l’épisodique et l’aléatoire. Il permet de dépasser l’angoisse ». Au total, le rite fixe des repères dans l’organisation de notre vie personnelle et sociale. Certains rites demeurent des « habitudes de vie » (exemple : avant de s’endormir certaines personnes ont besoin de lire quelques pages pour lutter contre l’angoisse du sommeil qui représente une petite mort). Les rituels ont une signification profonde : laïque ou religieuse. « L’anthropologie dans le rite une forme privilégiée d’affirmation d’ordre commun » dictionnaire critique d’action sociale. Quelques exemples : prières de tous les mulsumans, des moines (groupe) ; uniforme des militaires, blouse à l’hôpital de couleur différente suivant son statut. « En ancrant l’intégration de l’individu à la société globale par l’intermédiaire de groupes d’appartenance et pas l’assimilation des normes, le rite devient un vecteur essentiel de cohésion sociale » dans le dictionnaire critique d’action sociale. Parler de rite est d’actualité dans notre société qui se caractérise par l’appauvrissement des liens sociaux et le développement de la violence par exemple. Arnold Van Gennep est le créateur de l’ethnologie française ? Il a relevé toutes les coutumes, les habitudes de vie des hommes. Il a créé la notion de passage.
Les rites de passage
Dans son histoire d’un homme , les différents passages sont : la naissance, l’enfance avec ses différents stades, l’adolescence, le mariage, la vieillesse et la mort
Cas de l’adolescence
C’est pour le jeune le passage entre la sécurité de l’enfance et l’inconnu du monde adulte. Ces passages sont marqués devant la communauté par des épreuves et des cérémonies. Dans notre société, l’adolescent est seul devant ses pairs et doit s’affirmer. Il se lance des défis, on lui lance des défis, il lance des défis à la mort. Actuellement, ces ado recherchent non pas des rituels d’intégration mais d’exclusion : brûlent des voitures, les tournantes….
La mort : la question du rite
« Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face » La Rochefoucauld. « L’homme, qui a trop négligé la mort, a également trop voulu la regarder …… » Edgar Morin. La mort sociale, le lien social, le handicap E.T. Hall. « La dimension cachée » Cette dimension cachée est une zone de sécurité pour l’homme.
L’approche dominante du normal et du pathologique
La médecine du corps
La médecine devient une « science du corps humain », le médecin devient un spécialiste du corps humain ou d’une ses parties. Tables de Boissier.
La médecine de la maladie
Le médecin est celui qui distingue le pathologique du normal, identifie dans un classement ou « tableau clinique » la maladie et guérit par un traitement qui agit sur la lésion responsable. Georges Canguilhem : « le normal et le pathologique ». Michel Foucault : « la naissance de clinique » Pour une anthropologie globale = unicité de l’homme
centrée sur une personne en la valorisant
intégrant les différents aspects de la vie
n’évitant pas la mort
Le handicap
Il existe une réflexion pour modifier la loi de 1975, le handicap n’est pas médical mais social.
La problématique
Beaucoup d’handicapés vieillissement de la population :
progrès des connaissances médicales
ordre psychosocial : personne en état de « mal-aise »
Par exemple, la personne qui a une slérose latérale amyotrophique (SLA) a à la fois une maladie et un handicap ; l’approche en est différente. C’est René Dubos qui a développé la notion de « mal-aise » qui intègre la souffrance physique et psychique. Il est paradoxal de constater que la définition « d’être handicapé » a longtemps été « mise de côté » comme une évidence que l’on ne voudrait pas voir. « Est-ce pour conserver un « équilibre » social entre les moins bons, les bons et les meilleurs : pour séparer les « normaux » des « anormaux ». Ce refus de définition nous apparaît comme l’une des manifestations de « rejet » des personnes handicapées c’est-à-dire perçues comme différentes et étranges.
HANDICAP = main dans le chapeau
Le handicap est lié à la situation. Il existe de nombreux mots négatifs pour définir le handicap : débilité, infirmité, incapacité, dépendance.
Les américains parlent de :
handicap = disability qui vient du terme français « dishabile
personne handicapée = disabled person. Au Québec, on parle de personnes à fonctionnalité autre.
Un tripe éclairage sur la notion du handicap
Sociologique
Scientifique et méthodologique
D’éthique médicale
« Cette notion d’invalidité mériterait une étude de la part de médecin expert qui ne verrait pas seulement dans l’organisme une machine dont le rendement doit être chiffré » Canguilhem ; Le handicap est social, c’est la vie en société dans le groupe qui est perturbée. « Par une singulière équivoque on cherche à confronter identité concept biologique et égalité concept social. Comme si l’égalité n’avait été inventée précisément parce que les êtres humains ne pas identiques ».
« Les handicapés à long terme ne sont ni malade, ni en bonne santé, ni mort, ni vivant, ni en dehors de la société, ni pleinement à l’intérieur » Robert Murphy.
Infirmité : Infirmus = non ferme d’où infirme, infirmière stigmatisation et ambivalence. De la faiblesse physique à la faiblesse morale.
Des monstres : Montre une grande ambiguité, Ambroise Paré « monstres et merveilles »
De la souillure au déshonneur : De l’amalgame entre souillure et fragilité, atteinte ou souffrance du corps et perte de la dignité, humiliation . Mary Douglas : « parity et danger »
Impureté : exclus dans la bible : les lépreux et les cagots : De la charité ou des usages sociaux de l’infirmité : la bataille de l’incurabilité, de « l’idiotie » au XIXème siècle. Deux point de vue par rapport à cette notion :
Contre : Désiré Magloire Bourneville (1840-1909) et Edouard Seguin
Pour : Jean Etienn Esquirol (1812-1880) Sous le vocable (idiotie) se retrouvaient pêle-mêle, infirmes, enfants avec des difficultés d’apprentissage et malades mentaux donc les handicapés. Bourneville puis Seguin ont montré à travers la méthode qu’ils ont appelé « éducation physiologique » véritable prémisse de la réadaptation médicale moderne, la validité de leur point de vue.
Exclusion et handicap : La différence du mythe au préjugé.
Définition actuelle du handicap : La définition de l’OMS : classification de Wood doit être abandonnée.
Modification du corps => Limitations fonctionnelles => Subjectivité => Obstacles dans les situations de la vie.
Définition par une approche anthropologique :
L’homo sapiens sapiens est le seul à tenir debout (rôle de la colonne vertébrale avec ses courbures) qui marche, a un système de préhension, voit, écoute, pense (fonctions cognitives, affectives). Ces fonctions doivent être différenciés de la fonction cardiaque, pulmonaire. Les fonctions sont les mêmes pour tous en revanche ce qui varie ce sont les situations de vie. La subjectivité est une notion très importante : que pense la personne elle-même ce qui inclut son histoire personnelle, les circonstances de survenue du handicap, son état de santé, son vécu émotionnel.
La dépendance est :
technique : canne, lunettes
humaine : besoin d’aide humaine
Elle est le passage obligé vers l’autonomie « pas d’autonomie sans dépendance ».
Bibliographie :
Paul Langaney. « Les hommes passés, présents, conditionnel » Armand Colin, Paris 1998.
Paul BROCA est le fondateur de l’anthropologie. Francis Schiller : Paul Broca « Explorateur de l’anthropologie », édition Jacob, préface de JP Chanceux .
Louis Vincent Thomas : « Rites de mort : pour la paix des vivants », édition Fayard.
Henri de LUMLEY : « l’Homme Premier : préhistoire, évolution, culture », édition Odile Jacob.
François Jacob : « le jeu des possibles », Fayard Paris, 1981.