Né d’un article publié en 1998 dans The New Yorker, Le Diable intérieur est, à la fois, un témoignage de l’auteur, retraçant l’évolution de sa dépression après l’expérience douloureuse de la maladie et de la mort de sa mère atteinte d’un cancer (relatée dans le roman Le vaisseau de pierre), et une étude de la dépression et du suicide.
Andrew Solomon a accumulé une somme d’informations de tous ordres. Analyse des différentes substances psychotropes, synthèse des théories sociologiques de la dépression et de sa répartition suivant le sexe, enquête sur l’état de l’institution psychiatrique, historique des théories et des traitements. Il aborde ces sujets avec objectivité, le plus souvent, mais sans hésiter à donner son avis (sur l’influence de Michel Foucault, par exemple, qu’il juge « bien plus déraisonnable que les malades mentaux auxquels il s’est intéressé »…). Citons-le : « la dépression, c’est sentir ses vêtements, se transformer lentement en bois sur son corps », « C’est la dépression m’a permis de me parcourir, de connaître la pleine étendue de mon âme… J’aime ma dépression. J’aime l’homme qu’elle a fait de moi ».