L’Encéphale du praticien, avril 2007 : « Approches et pronostiques des états dépressifs »

Editions Elsevier Masson. 30 €

Revue de psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique. L’Encéphale publie les comptes rendus de l’Association Française de Psychiatrie Biologique.

ÉDITORIAL

Les symptômes psychiques occupent une large place au cabinet du médecin généraliste : autant que les problèmes d’hypertension artérielle. Les médecins généralistes sont les principaux prescripteurs de médicaments antidépresseurs. Ce que l’on peut rapprocher du fait que « dépressions » et « lombalgies » motivent plus de la moitié des remboursements de journées de travail perdues pour motif médical.
Il faut donc féliciter une fois encore les laboratoires Pierre Fabre d’avoir accepté de nous aider à réaliser ce numéro spécial de l’Encéphale, compte rendu de réunions de travail au cours desquelles médecins généralistes et psychiatres ont échangé leurs savoirs, leurs expériences et leurs savoir faire.
Plusieurs thèmes avaient été choisis en raison de leur importance dans les pratiques des uns et des autres, mais aussi du fait des difficultés cliniques et thérapeutiques qu’ils soulèvent parfois. En premier la difficulté à tracer une limite entre anxiété et dépression d’autant qu’existent de nombreux cas de comorbidité anxio-dépressive. Mais aussi la question des liens étroits entre douleur et dépression ce qui fut occasion de faire un point sur l’actualité à propos des fibromyalgies et leurs thérapeutiques.
La médecine du sujet âgé et très âgé devient de plus en plus une spécialité au sein des diverses disciplines médicales. Plus personne n’ignore que les symptômes anxieux ou dépressifs précèdent souvent les signes patents de déclin cognitif lié au vieillissement : le bon usage des antidépresseurs sans effets anticholinergiques, agissant sur les voies catécholaminergiques et sérotoninergiques, permet de retarder l’échéance en corrigeant les désordres cognitifs contemporains de l’épisode dépressif. L’imagerie peut aider à démêler le tableau clinique et les médicaments anti Alzheimer lors qu’ils sont nécessaires font mieux que jamais la preuve de leur efficacité lorsqu’on veut les interrompre ! La preuve a posteriori en quelque sorte !
Autre domaine de difficultés : la dépression de l’enfant et de l’adolescent. La première est rare alors que la seconde est redoutable en raison du risque suicidaire qu’elle peut revêtir. Et l’on sait de plus que l’état dépressif de l’adolescent ou du jeune adulte peut être un mode de début d’un trouble schizophrénique dont le diagnostic et la prise en charge médicale doivent être aussi précoces que possible.
Autre thématique choisie : la dépression de la femme. On sait que la femme est 2 fois plus souvent atteinte que l’homme par une pathologie dépressive. La dépression de la période ménopausique fut particulièrement discutée : rôle des hormones ? des facteurs de vie, par exemple le syndrome du nid vide après le départ des enfants ? Comme à propos de la retraite il importe que la femme sache se préparer à cette étape de sa vie en sachant ne pas la résumer à un aspect négatif d’elle-même.
Nous disposons aujourd’hui de connaissances cliniques suffisantes pour ne pas confondre dépression et coup de blues. La lecture sémiologique de ces états émotionnels pathologiques est un exercice clinique parmi les plus indispensables puisque nul examen paraclinique ne peut le remplacer. Et pourtant ces états dépressifs sont bel et bien contemporains de dysfonctionnements neuronaux attestés par les données de la recherche : hypoperfusion frontale, modifications de volume de l’amygdale et de l’hippocampe, modifications des fonctions de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien ou thyroïdien. Quelque explication psychologique simpliste ne saurait être une réponse suffisante même lorsque le bon sens laisse penser que des réaménagements sociofamiliaux peuvent aider à soulager les symptômes émotionnels douloureux.
Nous remercions tous ceux qui ont participé à l’élaboration de ce numéro spécial de l’Encéphale et souhaitons qu’il aide le plus grand nombre à soigner celles et ceux qui souffrent de ces redoutables maladies psychiques.

Professeur J.-P. OLIÉ
Professeur de psychiatrie, Université Paris-Descartes, Hôpital Sainte-Anne

- SOMMAIRE

Les troubles dépressifs : données épidémiologiques et médico-économiques. D. SIRE

Dépression et anxiété. M. BOHBOT

Discussion. A. PÉLISSOLO

Douleurs chroniques et dépression. N. DANTCHEV

Discussion. M.-C. DIJAN

Dépression du sujet âgé. T. GALLARDA

Critères de choix d’un antidépresseur et de sa posologie. A. SCHUWER

Synthèses ateliers
Devenir des états dépressifs. J. LABESCAT, A. GUT

Dépression de la femme aux différentes périodes de la vie. F. GUEDJ

Dépression de l’enfant et de l’adolescent. M.-O. PÉROUSE DE MONTCLOS

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