Les Actualités en Psychiatrie, suppl dec 2004 – n°4

Dépressions plurielles.

Editorial

B. Millet, CH Guillaume-Regnier, CHR Pontchaillou, Rennes.

Ce numéro de Dépressions plurielles nous offre l’occasion d’aborder le problème des troubles de l’humeur chez les femmes. Il est actuellement bien reconnu que les maladies dépressives sont deux fois plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes, particulièrement de l’adolescence jusqu’au milieu de l’âge adulte (1). Même si l’étiologie du phénomène dépressif reste mal connue, il est probable que des facteurs neurobiologiques et des facteurs psychosociaux contribuent à expliquer cette différence en défaveur de la femme :
- Les cycles menstruels, la période de la périnatalité jusqu’à la période de la ménopause soumettent l’organisme féminin à des modifications hormonales à l’origine de déséquilibres pouvant provoquer l’émergence de symptomatologies dépressives variées.

- Mais l’évolution du statut de la femme au cours du 20e siècle a aussi probablement accéléré ce phénomène et l’occurrence des épisodes dépressifs. La position familiale de la femme doit s’articuler avec un statut d’actif au même titre que les hommes ; cela rend souvent la vie des femmes plus difficile et contribue, par les facteurs de stress, à favoriser l’apparition de symptômes dépressifs.

D’autres facteurs de risque tels que les antécédents de violence ou d’abus sexuels au cours de l’enfance, dont on connaît la plus forte prévalence chez la femme que chez l’homme, constituent des facteurs de vulnérabilité à l’expression de la dépression chez la femme adulte (2). Ces différences de sexe observées dans la dépression récurrente semblent se retrouver dans les dépressions survenant dans le cadre d’un trouble bipolaire.

L’expression clinique du syndrome dépressif chez la femme se distingue également par une présence plus fréquente de symptômes somatiques et par une comorbidité importante avec les autres troubles anxieux.

Sur le plan thérapeutique enfin, les traitements médicamenteux dans la dépression de la femme doivent souvent tenir compte de son statut hormonal, notamment dans les cas particuliers de la dépression chez la femme enceinte. Un certain nombre d’études ont récemment rapporté des différences de réponse aux antidépresseurs chez les hommes et chez les femmes.

Toutes ces particularités du sexe féminin dans la maladie dépressive nous ont conduits à proposer ce numéro et sont illustrées au travers de trois cas cliniques présentés par E Millet-Bartoli (Toulouse), E Guedj (Paris) et J Derouet (Rennes). Ces trois cas cliniques décrivent chacun la complexité du phénomène dépressif chez la femme, certaines de ses spécificités, son évolution souvent lente et les approches thérapeutiques que l’on doit recommander. Des références sont fournies de façon à ce que le lecteur puisse approfondir les quelques données avancées. Nous vous souhaitons une bonne lecture.

Dépression et femmes : Cas cliniques

F. Millet-Bartoli – Toulouse
J Derouet – Rennes
F. Guedj – Paris

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