IL existe une plasticité fonctionnelle individuelle, garante d’une capacité d’adaptation et de régulation, rendant unique chaque individu. Nous émettons l’hypothèse que chez l’enfant à « hautes potentialités » (surdoué), il existe une organisation neurofonctionnelle particulière à ses réseaux neuronaux avec des propriétés membranaires spécifiques pouvant influer sur la vitesse de traitement de conduction, donc sur le mode de traitement de l’information. Il en découle des propriétés temporelles des neurones spécifiques ayant des propriétés spécifiques d’apprentissage. A partir d’une cohorte en suivi longitudinal prophylactique, et dans une démarche rétrospective, nous faisons état d’un échantillon de données développementales périnatales et de la petite enfance (fonctions : neurosensorialité, motricité, langage, cognition, latéralité, affectivité) dont nous disposons pour des enfants reconnus ultérieurement à « hautes potentialités » (quotient intellectuel supérieur à 130, sans différences significatives entre l’échelle verbale et de performance), testés à l’âge scolaire entre quatre et sept ans par un test psychométrique de Weschler (WPPSI ou WISC III). Les processus de maturation de ces différentes fonctions apparaissent précoces, rapides et relativement harmonisés. L’apport de ces données conduit à la nécessité d’analyser finement les profils cognitifs hétérogènes dès les plus jeunes âges et à s’interroger sur l’importance de préserver une continuité développementale des différentes fonctions, qui peuvent être très vulnérables avec le risque de se dissocier ultérieurement, du fait-même d’une plasticité spécifique et des conditions d’environnements favorables ou défavorables (famille, pairs, école).
L. Vaivre-Douret. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004), 129-141.