Les Paris des Africains. (notice bibliographique)

Cauris, 2002, 173 p.

Voici deux livres, sortis à six mois d’intervalle, consacrés au Paris des Africains et s’adressant à ce qu’il est convenu d’appeler le « grand publie ». Le Paris noir, édité chez Hazan, est un album photographique agrémenté de courts textes de présentation, de ces livres-cadeaux que l’on offre à ses proches pour leur anniversaire lorsque l’on est à court d’idées.

Avec Les Paris des Africains, il s’agit de bien autre chose, même si les deux livres se font naturellement écho. On découvre donc, dans cet ouvrage collectif publié par les toutes jeunes éditions Cauris, fondées et dirigées par Kadiatou Konaré, fille de l’ancien président du Mal ! Alpha Oumar Konaré, haute figure de l’Afrique à Paris. On voit ainsi défiler une centaine de portraits et de parcours de Parisiens africains, à moins qu’il ne s’agisse d’Africains de Paris. On y retrouve bien sûr les incontournables, comme les musiciens Manu Dibango ou Ray Lema, ou l’écrivain congolais Tchikaya U Ihm’si, mais aussi des moins connus : un analyste financier de réputation internationale (le Congolais Brice Akanati), une styliste de haute couture (la Camerounaise Ly Durnas), un danseur philosophe (l’ivoirien Georges Momboye), un « sculpteur de couleurs » ( l’Éthiopien Mickaël Bethe Sélassié), un footballeur du PSG (le Nigérian Jay Jav Okocha), un avocat de renom (le Sénégalais Simon Ndiaye)… Mais cet inventaire à la Prévert ne serait pas autre chose qu’un Black who’s who, si les concepteurs du livre n’avaient accompagné ces portraits un peu people de parcours d’inconnus : une étudiante malienne en économie à Nanterre, une famille angolaise dans la banlieue Nord de Paris, un travailleur immigré malien et ses deux épouses, de nombreux responsables d’associations, une, « chauffeuse » de taxi, un marabout, une commerçante et une coiffeuse dans le quartier africain de Château-Rouge. Au total, un étonnant kaléidoscope du Paris mélanodermique, fait de stars et de gens ordinaires, de nouveaux arrivés et de « paysans de Paname », de figures du Paris branché et de citoyens ordinaires.

Des portraits et des parcours qui formeraient un tableau somme toute anecdotique, s’ils n’étaient entrecoupés d’articles panoramiques – trop peu nombreux et un peu courts à mon goût – consacrés à l’histoire africaine de la capitale, au développement de l’immigration, aux communautés, au Paris des arts et des lettres, à la presse panafricaine. Enfin, l’ouvrage se termine, comme il se doit, sur un répertoire des bonnes adresses africaines de Paris : restaurants et boites, bien entendu, mais aussi galeries d’art, salons de coiffure, agences de voyage, ambassades, foyers, cours de musique, boutiques en tout genre… Un inventaire à la Prévert vous dis-je ; en tout état de cause, une sympathique entreprise de promotion des cultures africaines de la capitale et de leurs représentants les plus marquants, un vade mecum des hauts-lieux du Paris black, bien loin des diatribes sécuritaires ou des tableaux misérabilistes et doloristes trop souvent associés aux Africains de France. Seule fausse note, à mon sens, le dessin de couverture et son côté un peu I’ethnique », un rien désuet, qui n’est pas sans rappeler l’Exposition coloniale de 1931… Mais l’amoureux du Paris cosmopolite ne doit pas se laisser tromper par ce malencontreux chromo, c’est bien du Paname d’aujourd’hui, multicolore, dynamique, fraternel et moderne dont il est question dans ce livre.

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