Les répercussions de la guerre et de l’exil sur l’identité de jeunes rwandais en France et en Suisse.

Cette recherche analyse dans une approche pluridisciplinaire les répercussions de la guerre et de l’exil sur l’identité de jeunes rwandais réfugiés en France et en Suisse suite au génocide d’avril 1994. Elle tient compte de l’histoire personnelle de chaque individu (avant, pendant et après la guerre) et de sa « résilience » c’est-à-dire la capacité de résister aux événements traumatisants et à la situation d’exil.

Nous présentons dans cet article deux études de cas et quelques résultats sur un groupe de 15 jeunes. Les données d’analyse des entretiens et celles de l’interview structurée pour le stress post-traumatique montrent que les jeunes ont vécu des traumatismes de différents types et qu’ils présentent des problèmes psychologiques aggravés par des symptômes du stress post-traumatique. Chaque jeune dispose cependant de ressources personnelles et sociales qui l’aident à résister aux traumatismes de la guerre et à la situation difficile dans laquelle il se trouve.

Par Théogène-Octave GAKUBA : Doctorant en Sciences de l’éducation Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education, Université de Genève.

Actes du VIIIème Congrès de l’Association pour la Recherche InterCulturelle (ARIC)

Université de Genève – 24-28 septembre 2001

I. INTRODUCTION :

Le génocide qui a eu lieu au Rwanda en avril 1994 après l’assassinat du président, a fait des milliers de morts et a contraint beaucoup de personnes à vivre en exil. En Suisse, 405 Rwandais ont demandé l’asile entre 1994 et fin décembre 1998. Parmi ces personnes, 90 ont obtenu le statut de réfugié (22,2%), 275 ont reçu l’admission provisoire (67%), 28 demandes ont été radiées et 12 demandes non considérées par la Suisse (Office Fédéral des Réfugiés [ODR], 1999). La majorité de demandeurs d’asile rwandais sont classés dans la catégorie de « réfugiés de la violence » qui reçoivent un permis F c’est-à-dire qu’ils sont admis provisoirement jusqu’à ce que la situation s’améliore dans le pays d’origine.

En février 2000, l’Office Fédéral des Réfugiés, estimant que la situation est stable au Rwanda, a pris la décision de lever l’admission provisoire pour les demandeurs d’asile rwandais au bénéfice d’un permis F. Il a demandé à ces derniers d’apporter d’autres éléments à leurs dossiers sous peine d’être expulsés ; une situation qui a traumatisé la communauté rwandaise exilée en suisse surtout les jeunes en cours de formation. La communauté rwandaise a protesté contre cette décision par des manifestations. Certaines associations des droits de l’homme et de protection des réfugiés se trouvant en Suisse ont écrit à l’ODR pour dénoncer une telle mesure. Jusqu’aujourd’hui, ceux qui ont reçu des lettres leur demandant d’apporter des nouveaux éléments pouvant justifier le maintien de leur admission provisoire attendent encore la réponse de l’ODR. La France compte environ 2000 Rwandais qui ont fui à cause du génocide. Comparativement à la Suisse, 60 % de demandes ont été acceptées (France Terre d’Asile, 1999). D’autres réfugiés rwandais vivent en Allemagne, en Belgique, au Canada, aux Etats-Unis ainsi que dans plusieurs pays africains comme le Bénin, le Bourkina-Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Togo…

La guerre dans ce pays dit des mille collines a été caractérisée par une violence indescriptible qui a dévasté la société rwandaise sur le plan économique et socio-culturel. Parmi les victimes, les plus exposées ont été les enfants et les adolescents qui, dans la plupart des cas, ont vécu dans un climat psychologique de terreur, d’insécurité, de mort ou ont perdu leurs parents. Leurs problèmes psychologiques sont aggravés par les difficultés d’adaptation à un autre mode de vie et l’incertitude de leur avenir. Certains vivent l’exil comme un traumatisme dans la mesure où un projet de retour à court terme n’est pas envisageable suite à l’instabilité politique qui caractérise leur pays d’origine. Moro (1988) parle de la « vulnérabilité » des enfants et adolescents en exil surtout quand ils sont privés de leur environnement culturel.

Malgré le fait que les adolescents et les jeunes réfugiés présentent certaines caractéristiques psychologiques liées à la guerre (sentiment de culpabilité, incertitude de l’avenir, stress posttraumatique), les recherches sur leur identité restent peu nombreuses. Dans le monde francophone, les travaux qui ont abordé l’identité des adolescents en exil sont par exemple ceux de Vasquez (1979, 1980, 1983, 1988).

La présente étude veut examiner les répercussions de la guerre et de l’exil sur l’identité des adolescents et des jeunes adultes rwandais en tenant compte de l’histoire personnelle de chaque individu et de sa « résilience » c’est-à-dire la capacité de résister aux situations difficiles. Le pédiatre Manciaux (1998) s’est déjà posé cette question et a invité les chercheurs à faire un lien entre la résilience et le syndrome de stress post-traumatique.

Les résultats de cette recherche pourront donc enrichir d’autres travaux scientifiques qui ont abordé le concept de résilience. Ils seront aussi d’un apport utile à tous ceux qui s’intéressent à la prise en charge psychologique des personnes en exil.

II. Approche pluridisciplinaire de la recherche :

Le thème des répercussions de la guerre et de l’exil sur l’identité des jeunes est complexe et nécessite d’être abordé dans une approche pluridisciplinaire. Pour comprendre comment les adolescents et les jeunes adultes rwandais se définissent par rapport aux événements vécus pendant la guerre et en exil, nous nous référerons non seulement aux sciences de l’éducation mais aussi à d’autres disciplines plus précisément la psychologie, la psychologie interculturelle, la psychiatrie et la sociologie.

III. Cadre théorique :

3.1. Le concept d’identité en sciences humaines :

Le concept d’identité ne cesse d’être aujourd’hui à la une aussi bien dans le domaine scientifique, politique, socio-économique que dans la vie quotidienne. Sa définition dépend de l’approche envisagée pour l’analyser et/ou de la perspective disciplinaire qui l’utilise. Dans notre recherche, nous définirons l’identité dans les deux disciplines des sciences humaines à savoir la psychologie sociale et la psychologie interculturelle.

3.1.1. Le point de vue de la psychologie sociale :

En psychologie sociale, les travaux les plus anciens sur l’identité sont ceux de Mead (1934) dans son étude sur les liens entre « l’esprit, le soi et la société ». L’auteur considère la conscience de soi – le self » – comme une entité en étroit rapport avec les processus sociaux où le sujet se trouve engagé. Cette approche a, sans doute, amené les psychologues sociaux à intégrer les aspects psychologiques et sociaux dans la définition de l’identité. Selon Maleweska-Peyre (1982, p.25) : « le concept d’identité est un concept global qui « résume » les rapports individu – société. C’est aussi un concept intégrateur d’un grand nombre de variables du domaine sociologique (appartenance aux groupes et aux catégories sociales) et du domaine de la psychologie ( les catégories cognitives, les valeurs et les sentiments liés à l’appartenance aux groupes, les représentations du passé et de l’avenir) ». Si on limite le champ de chaque discipline sans exclure leur complémentarité, nous dirons que la psychologie s’intéresse à l’identité personnelle alors que la sociologie s’occupe de l’identité sociale ; deux entités inséparables puisqu’elles sont toujours en interaction.

3.1.2. Le point de vue de la psychologie interculturelle :

La psychologie interculturelle s’intéresse à l’étude des effets de la variable « culture » sur le comportement humain. Berry, Poortinga, Segall et Dasen (1992, p.2) donnent une définition plus précise de cette discipline : « cross-cultural psychology is the study of similarities and differences in individual psychological functioning in various cultural and ethnic groups ; of the relationships between psychological variables and sociocultural, ecological, and biological variables ; and of current changes in these variables ». Dans cette définition, on comprend très bien que le champ de la psychologie interculturelle est large. Elle analyse le comportement humain au sein de plusieurs groupes culturels dans une approche comparative et tient compte d’autres variables sans rapport direct avec la culture. Dans une approche interculturelle, l’identité peut ainsi être comprise comme le résultat d’un processus interactif entre les modèles culturels différents, processus soumis aux variables écologiques, historiques, biologiques.

3.2. Le stress post-traumatique :

Les traumatismes liés à des situations de guerre ou à une catastrophe naturelle peuvent causer un trouble d’anxiété connu sous le nom de « Post Traumatic Stress Disorder  » (PTSD).

Celui-ci résulte de : l’exposition à un événement traumatique, dont la personne a été victime ou le témoin, et qui a provoqué en elle la peur de mourir, d’être sérieusement blessée, ou de voir d’autres sujets atteints. Cette peur a été en général accompagnée d’un sentiment d’impuissance ou d’horreur. Les traumatismes peuvent être liés à des situations de guerre, de catastrophe naturelle, à des agressions, notamment à caractère sexuel, ou encore à des accidents de la circulation ou du travail. (Smaga, Archinard & Savary, 1995, p. 936)

Le DSM-IV ( manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) donne des critères diagnostiques du syndrome de stress post-traumatique (American Psychiatric Association-DSM-IV, 1995/1996, pp. 503-504).

Le stress post-traumatique est aigu quand il apparaît moins de trois mois après le traumatisme, chronique quand il apparaît plus de trois mois et différé après 6 mois. Il peut aussi durer longtemps. Nestler (1988) a constaté que quinze ans après la fin de la guerre, les enfants libanais réfugiés en Suède présentaient encore des troubles psychologiques telles que la régression, l’agressivité, les difficultés de mémoire et de concentration, la dépression et l’anxiété.

Le traumatisme n’est pas sans conséquences sur l’identité ; « de par sa nature violente, son intensité, il va ébranler cette dernière et avoir des répercussions profondes sur le sentiment de continuité de l’existence de l’individu. Les gens se disent alors : « je ne serai plus jamais comme avant », « je ne pourrais jamais oublier » voulant dire par là « se retrouver comme ils étaient » (Hauswirth, Hartt & Probst, 1997, p.393). Certaines personnes peuvent cependant résister contre les traumatismes en fonction de leurs personnalités, de leurs vécus antérieurs ainsi que de leurs contextes familiaux et socio-culturels.

3.3. La résilience comme capacité de résistance au stress des événements traumatisants :

En français, le mot « résilience » n’est pas très courant. Il vient du verbe latin « resilio » qui veut dire sauter en arrière, revenir en sautant. C’est un terme de physique signifiant : « rapport de l’énergie cinétique absorbée nécessaire pour provoquer la rupture d’un métal, à la section brisée. La résilience, qui s’exprime en joules par cm2, caractérise la résistance au choc » ( Rey-Debove & Rey, 1993, p.1951). En anglais,  » resilience  » est plus fréquent et s’applique à des qualités humaines telles que la faculté d’adaptation, l’élasticité, la flexibilité, la vigueur. Dans les sciences humaines plus particulièrement en psychologie du développement, le concept de résilience remonte au milieu des années 60 avec les travaux d’Emmy Werner (1989) sur les enfants d’une île hawaïenne extrêmement défavorisée. Depuis 1955, Emmy a suivi le devenir de 698 enfants parmi lesquels 201 présentaient un risque élevé de développer des troubles liés à quatre sources de stress, tels qu’une naissance difficile, une pauvreté chronique, ou encore un environnement familial marqué par les disputes, le divorce, l’alcoolisme ou la maladie mentale. Trente années plus tard, elle constatait que des enfants qui, de 10 à 18 ans, avaient été très altérés physiquement, psychologiquement et bien sûr socialement, avaient, à l’âge de 30 ans, pu réparer une grande partie de leurs troubles. Les principaux aspects qui avaient déterminé ce changement étaient le service militaire, le mariage, le soutien de personnes proches, le fait d’être parent et la participation à un groupe religieux.

Dans les années 80, le concept de résilience a été très développé dans les domaines de la psychiatrie de l’enfant et de la psychopathologie du développement respectivement par Michael Rutter (1985) à Londres et Norman Garmezy (1985) aux Etats-Unis. Il a connu un essor important dans les revues scientifiques anglosaxones notamment the Journal of Child Psychology and Psychiatry, the British Journal of Psychiatry, the American Journal of Psychiatry. On peut dire que l’une des raisons du succès du concept de résilience est qu’il a été plus acceptable par rapport au concept « d’invulnérabilité » qui avait été apparu auparavant dans le champ psychothérapeutique avec les travaux d’Anthony (1974). Les défenseurs de la résilience ont considéré que celle-ci n’est pas une résistance absolue mais une aptitude durable non acquise pour la vie. La définition de Rutter (1998) est claire à ce sujet :  » La résilience est la capacité de bien fonctionner malgré le stress, l’adversité, les situations défavorables. Un concept relatif à la possibilité de surmonter, au moins partiellement, des conditions difficiles d’un type ou d’un autre » (p.47). Cette définition montre que la résilience n’est ni totale, ni définitive, elle est confrontée à chaque situation difficile selon sa nature et son intensité.

Les situations défavorables sont cependant tellement complexes que l’on se demanderait lesquelles nécessitent la résilience. Par ailleurs, un même événement peut être vécu comme malheureux par certains et normal par d’autres puisqu’il dépend du jugement de la personne qui le vit en fonction de ses expériences. Dans nos entretiens avec les jeunes rwandais, ils m’ont laissé entendre qu’ils savent maintenant comment s’y prendre face aux mêmes événements qu’ils ont vécu il y a six ans. Rutter (1998) précise que  » la résilience étudie les réponses à des situations qui sont à la fois cruelles et de longue durée comme par exemple, un enfant élevé dans une famille où les conflits sont permanents, les querelles et les bagarres chroniques »(47).

En s’intéressant aux recherches sur la résilience, nous avons constaté que beaucoup portent sur des enfants dans des situations telles que : abus sexuels, enfants de père alcoolique, adolescents et enfants d’âge scolaire en proie à un stress psychosocial sévère, enfants grandissant dans la violence, enfants de toxicomanes, perte d’un parent dans l’enfance, enfants maltraités, familles démunies en proie au stress, enfants dans la guerre, survivants de l’holocauste, enfants des rues, situations de risque et vulnérabilité. Les travaux d’Aptekar (1994, 1997) ont porté, par exemple, sur la résilience des enfants de la rue.

Les recherches sur la résilience des jeunes et des adultes restent peu nombreuses. Parmi les rares études qui se sont intéressées aux adultes, nous pouvons citer celle de Fischer (1994) en France. Il a mené une enquête auprès de personnes ayant souffert de situations extrêmes : maladie mortelle (cancer, sida), la guerre, le camp de concentration, la perte d’un être cher. Pour surmonter cette épreuve, ces personnes ont dû puiser au fond d’elles-mêmes des ressources latentes, mais jusqu’alors insoupçonnées.

Dans le monde francophone, il a fallu attendre les années 90 pour que certains scientifiques surtout des psychiatres et des pédopsychiatres commencent à s’intéresser à la résilience. En France, Boris Cyrulink, Antoine Guedeney, Stanislaw Tomkiewicz et Michel Manciaux1 sont très connus pour leurs écrits sur ce concept.

Cyrulink (1999) a consacré un livre à la résilience intitulé Un merveilleux malheur dans lequel il explique profondément ce concept. L’auteur propose une définition pragmatique de la résilience qui s’enracine dans les réalités éducatives, thérapeutiques et sociales : « la résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir-véritable métamorphose -en présence d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères »(Cyrulink.1999, p10). L’élément important mentionné dans cette définition est que le « résilient » ne résout pas définitivement les problèmes liés à sa situation difficile mais les aborde de façon constructive en fonction de ses ressources personnelles et sociales.

La Fondation pour l’Enfance2, en collaboration avec quelques auteurs précités notamment Boris Cyrulnik et Michel Manciaux, a organisé deux colloques internationaux sur la résilience respectivement à Hyères (France) en mars 1999 et à Paris en mai 2000. Ces deux colloques qui ont réuni plusieurs praticiens et chercheurs intéressés par la résilience leur ont donné l’occasion de réfléchir, discuter et comprendre ce concept à partir des exemples concrets. Les participants ont montré la nécessité de poursuivre les recherches sur la résilience dans d’autres domaines des sciences humaines comme les sciences de l’éducation. Nous avons participé au colloque de Paris ; ce qui nous a permis de nous entretenir avec certains spécialistes de la résilience et échanger des idées sur notre sujet de thèse.

3.3.1. Les facteurs de résilienceBouvier (1999) fait une distinction entre les facteurs de risque, de protection et de résilience en ces termes :

Les facteurs de risque sont associés à une augmentation (risque) ou à une diminution (protection) du risque de survenue de l’événement (incidence). Ce sont par exemple les causes des abus sexuels, dans une perspective probabiliste plutôt que déterministe. Les facteurs de résilience, enfin, sont associés à un risque moindre de traumatisme et de conséquences négatives, pour un enfant qui a été victime d’agression. Ils peuvent être présents ou être développés avant, pendant ou après l’agression, mais leur action se manifeste après celle-ci. Ils se distinguent donc des facteurs de protection, lesquels se situent au niveau des facteurs de risque (p.137).

Malgré ces précisions, la distinction entre les trois facteurs évoqués n’est pas souvent claire dans la mesure où le même facteur peut être de risque, de protection ou de résilience selon le cas. Le réseau de relations informelles (famille, amis, voisins) dans le cas des abus sexuels des enfants constitue par exemple un facteur protecteur puissant mais certaines études ont montré que la plupart des abus se situent précisément dans ce type de relations. Les facteurs de résilience identifiés par différents chercheurs à partir de leurs études sont nombreux mais presque semblables. Des études menées à l’Institut pour les initiatives en santé mentale à Washington (cf. Manciaux, 1994) ont abouti à un recensement de facteurs de résilience qui sont la constitution génétique et le tempérament, les forces intrapsychiques, les aptitudes à faire face de façon active et l’environnement favorable. Dans notre cas, il est difficile de connaître la constitution génétique des jeunes. Les aptitudes à faire face exigent une adaptation psychologique et intellectuelle à certaines situations tandis que les forces intrapsychiques sont en rapport avec tout ce qui se passe à l’intérieur de la personne. Garmezy (1985) a identifié les facteurs de résilience suivants :

- des traits de caractère personnels tels que l’autonomie, l’estime de soi et l’orientation sociale positive ;

- une famille chaleureuse, unie, cohérente au point de vue éducatif ;

- la disponibilité de systèmes de support extérieurs qui encouragent et renforcent les efforts de l’enfant. Ce dernier facteur constitue ce que l’auteur appelle le support social. Il s’agit de ce qu’une personne ou un groupe peut mobiliser et recevoir comme soutien soit dans la vie de tous les jours, soit dans des situations de crise, et qui peut prendre des formes matérielles. Groteberg (1995) parle de sources de la résilience et les regroupe en trois catégories : a) ressources et soutiens externes (j’ai) ; b) forces personnelles intérieures : sentiments, croyances, attitudes (je suis) ; c) compétences sociales et interpersonnelles (je peux) : relation forte avec une personne de confiance, projet de vie fort, réseaux de proximité et reconnaître le rôle de la communauté pour lutter contre la solitude.

Dans la pratique, Vanistendael (1999, pp.18-29) propose, à partir de ses expériences sur le terrain, cinq domaines où il est possible d’intervenir par ceux qui souhaitent développer et stimuler la résilience chez des enfants et des jeunes en situations difficiles. Ce sont : des réseaux sociaux et une acceptation inconditionnelle de l’enfant, la capacité à trouver une logique, une raison et un sens à la vie, les aptitudes, l’estime de soi et l’humour. Les facteurs de résilience mentionnés ci-dessus ne sont pas exhaustifs, la résilience est un concept complexe qui suscite quelques questions et mérite d’être approfondi à partir des recherches sur le terrain. 3.3.2. Considérations critiques de la résilience Questions d’ordre éthique

1. 1. La résilience n’est pas une recette magique, elle comporte une dimension culturelle. Surmonter des difficultés ou bien vivre dans des conditions difficiles doivent être analysés dans leur contexte social et culturel. Un projet international sur la résilience a été lancé en 1993 par différentes organisations internationales3 pour savoir comment certaines cultures comprennent ce concept (Groteberg, 1995). Certaines cultures attachent par exemple beaucoup d’importance aux croyances pour faire face aux situations difficiles. D’autres apprennent aux enfants à être autonomes dans ces mêmes situations.

2. 2. La résilience peut être un alibi ou un moyen de rejeter le fardeau de la souffrance sur les victimes sous prétexte qu’ils doivent résister. Nous estimons qu’il faut considérer les personnes comme elles sont, accepter leurs stratégies en fonction de leurs compétences et les respecter dans leurs droits. La résilience n’est jamais absolue, totale, acquise une fois pour toutes. Il s’agit d’une capacité qui résulte d’un processus dynamique, évolutif au cours duquel l’importance d’un traumatisme peut dépasser ou non les ressources du sujet. La résilience est aussi variable selon les circonstances, la nature des traumatismes, les contextes et les étapes de la vie.

3. Comme le souligne Vanistandael (1993), certains facteurs de résilience comportent un risque de dégénérescence. Par exemple, les enfants sont, dans la plupart des cas, maltraités par des adultes qui leur sont proches.

Questions d’ordre méthodologique.

La recherche sur la résilience pose des problèmes méthodologiques particulièrement complexes (Kinard, 1998). La question de savoir comment mesurer la résilience est très importante. En d’autres termes, quels sont les critères pour dire qu’un individu est « résilient » par rapport à l’autre vu la complexité des variables qui sont en rapport avec la résilience ? Comment codifier, voir quantifier les événements de vie qui ont un impact sur les capacités de résistance de l’enfant ?

Méthodologiquement, nous avons constaté que les recherches sur la résilience se sont plus basées sur l’observation et le suivi longitudinal des enfants ou des jeunes. Or, les enquêtes longitudinales ne sont malheureusement pas très faciles à mettre sur pied surtout dans le cas d’une recherche très limitée dans le temps comme une thèse de doctorat. Manciaux (1998) montre les difficultés d’une recherche longitudinale en ces termes :

Nous vivons dans un monde de l’éphémère où le longitudinal devient pratiquement impossible ; dans un monde de mobilité, où suivre des cohortes est extrêmement difficile, et il faut à la fois un esprit d’observation permanent, un esprit curieux et ouvert pour une recherche au quotidien sur la résilience avec un suivi suffisant dans le temps, pour tenter de comprendre les mécanismes, les modalités et les limites de la transmission transgénérationnelle et de la résilience qui permet d’y échapper (p.119).

Dans notre recherche, nous avons tenu compte de toutes ces questions en vue de définir une méthodologie appropriée4 pour l’étude de la résilience mais le problème du suivi quotidien des jeunes dans le temps reste posé.

IV. QUESTIONS DE RECHERCHE

Cette recherche veut répondre aux questions suivantes : Question générale sur l’identité. 1. Quelles sont les répercussions de la guerre et de l’exil sur l’identité de jeunes rwandais en France et en Suisse ? Questions spécifiques. 1.1. Quels sont les problèmes psychologiques et les symptômes du stress post-traumatique présentés par les jeunes rwandais en exil en France et en Suisse ? 1. 1.2. Comment les jeunes rwandais se définissent-ils par rapport aux événements vécus pendant la guerre et à leur situation en exil ? Quel sens les jeunes rwandais donnent-ils à l’école en exil ? Quels types de formation suivent-ils ?

1.3. Est-ce que l’incertitude liée à l’attente du statut de réfugié a une influence sur le vécu des jeunes rwandais ?

Question générale sur la résilience 2. 2. Les jeunes rwandais réfugiés en France et en Suisse manifestent-ils une capacité de résistance aux traumatismes de la guerre et de l’exil ?

Questions spécifiques

1. 2.1. Quelles ressources personnelles (estime de soi, autonomie, aptitudes…) et sociales (amis, famille, groupes culturels, structures de la société d’accueil) ces jeunes disposent-ils et qui contribueraient à la résilience

2. 2.2. Quelles sont les figures d’identification de ces jeunes autrement dit des personnes à qui ils s’identifient et qui peuvent les aider à être « résilients » ?

V. METHODOLOGIE

5.1. L’échantillon.

Notre échantillon est composé de 30 rwandais âgés de 14 à 26 ans (filles et garçons) qui ont fui la guerre civile au Rwanda en Avril 1994 et qui sont actuellement en Suisse et en France (13 en Suisse et 17 en France). Il s’agit d’adolescent(e)s et de jeunes adultes. En France, nous avons fait des entretiens dans les villes de Lyon, Bordeaux, Orléans, Paris et Tours. En Suisse, ce sont les villes de Berne, Genève, Lausanne et Neuchâtel. Les autres variables considérées dans le choix de l’échantillon sont le statut politique du jeune (demandeur d’asile ou statut de réfugié accordé), la situation familiale (orphelins, absence ou présence de parents)

5.2. Limites de la recherche

La guerre au Rwanda a exacerbé le climat de méfiance entre les différentes composantes de la société rwandaise dans la mesure où elle a été caractérisée par une violence indescriptible due à plusieurs raisons, notamment les représentations que chaque groupe ethnique évoque pour l’autre. Cet aspect a eu des conséquences sur le choix de l’échantillon même si mon objectif était de travailler avec les jeunes rwandais sans distinction ethnique. En effet, la constitution de l’échantillon m’a exigé d’abord de faire connaissance avec des jeunes pour gagner leur confiance et ensuite leur parler de ma recherche. J’ai donc interviewé ceux qui ont accepté de me répondre sans problèmes. Nous n’avons pas cherché à connaître l’ethnie des jeunes dans la mesure où cette question allait provoquer leur méfiance à l’égard du chercheur ou donner un autre cachet à la recherche, c’est-à-dire une enquête policière. Il faut préciser que les rwandais peuvent facilement mentir à propos de leur ethnie du fait qu’aucun trait culturel ne distingue les trois groupes ethniques.

Les traits morphologiques sur lesquels se base la distinction des groupes ethniques sont très aléatoires. Nous pouvons cependant souligner que la majorité des jeunes de l’échantillon sont d’ethnie hutu si on considère que ce sont les personnes de cette ethnie qui ont fui après la prise du pouvoir par les tutsi. Nous avons également dans l’échantillon des jeunes issus de mariage mixte entre les deux ethnies. Ce qui est très important dans notre recherche est l’histoire et le vécu personnels de chaque jeune en tant qu’un être humain quelle que soit son ethnie.

5.3. Les techniques de collecte de données

Dans le souci d’avoir des informations pertinentes sur l’identité et de donner une certaine fiabilité à nos résultats, nous utilisons les méthodes suivantes :

5.3.1. Entretiens individuels semi-directifs avec les jeunes.

Les entretiens avec les jeunes permettent de répondre aux questions de recherche notamment sur leurs problèmes psychologiques, les effets de la guerre sur leur façon de se définir, l’incertitude liée à l’attente du statut et la résilience. Afin de mettre les jeunes à l’aise et éviter des blocages dans leur discours, l’entretien commence par le thème de la situation actuelle c’est-à-dire leur statut dans la société d’accueil. C’est aussi une occasion de parler des problèmes en rapport avec l’école, du projet de formation des jeunes, de leur motivation à faire des études.

Les ressources personnelles et sociales qui contribuent à la résilience

Le choix des questions sur la résilience dans notre entretien se réfère non seulement aux questions définies par des spécialistes de ce concept au cours de leurs recherches mais aussi aux discussions que nous avons pu avoir avec eux lors d’un colloque sur « la résilience : le réalisme de l’espérance » organisé à Paris du 29 au 30 Mai par la Fondation pour l’Enfance. Les caractéristiques de la résilience sont également identifiées à partir d’autres thèmes de l’entretien comme les représentations des jeunes par rapport à leur avenir, le sens de l’école par les jeunes en exil.

Questions sur les ressources personnelles et sociales qui contribuent à la résilience.

Les ressources personnelles

• Quel sens le jeune donne-t-il à sa vie ? Le jeune apprécie-t-il la musique ou une autre forme d’art, comme distraction ou comme activité ? Si oui qu’en retire-t-il ? Le jeune est-il croyan ? Si c’est le cas, cette foi constitue-t-elle une aide pour lui ou pas ? Pourquoi ? . • Quelles qualités pouvons-nous découvrir chez ce jeune ? Le jeune est-il conscient de ses qualités ? En quoi peuvent-elles l’aider ? . • Certaines choses amusent-elles particulièrement le jeune ? Qu’est-ce qu’il apprécie le plus ? De quoi rit-il ? A-t-il de l’humour ? . • Qu’est-ce qui représente un problème pour le jeune ? Comment le gère-t-il ?

Les ressources sociales :

- Le réseau familial : relations avec les parents, relations avec les autres membres de la famille.

- Le jeune a-t-il des liens particulièrement étroits avec des amis ou d’autres personnes ? Si c’est le cas, en quoi chacune de ces personnes peut-elle l’aider ? Si ce n’est pas le cas, y a-t-il quelqu’un dans l’environnement habituel du jeune qui puisse lui procurer stabilité, chaleur, et acceptation ? Quel est son modèle d’identification ?

- Le jeune apprécie-t-il le soutien que lui apporte les institutions sociales du pays d’accueil. Si non, pourquoi ?

Analyse de la résilience à partir des réponses aux questions de l’entretien :

Catégorisation des facteurs de résilience :

Après une revue de littérature sur la résilience, nous avons élaboré une grille de catégories5 d’analyse de la résilience en me basant sur des critères définis par certains auteurs6qui sont généralement des ressources personnelles et sociales. Cette grille de catégories est construite sous le modèle mixte défini par L’Ecuyer (1988, p.57) dans le processus de catégorisation et de classification. C’est-à-dire qu’au cours de l’analyse, les catégories prédéterminées par le chercheur dès le départ peuvent être modifiées ou nuancées, complétées par de nouvelles catégories et même remplacées par elles selon la nature des particularités du matériel recueilli. Les catégories d’analyse de la résilience élaborées à partir des lectures sont donc modifiables en fonction des éléments recueillis dans le contenu de l’entretien avec les jeunes.

Catégories d’analyse prédéterminées de la résilience :

Ressources personnelles :

1. Traits de caractère personnels ( sentiments, croyances, attitudes)

2. Aptitudes cognitives (intelligence, aptitudes, connaissances) Ressources sociale :

3. Compétences sociales ( qui se réfèrent à ce que le jeune fait ou à ce qu’il est capable de faire : projets, objectifs, le sens de la moralité, la responsabilité)

4. Réseaux sociaux de soutien : ( relations familiales et amicales, relation forte avec une personne de confiance, école, communauté environnante, modèles d’identification présents ou absents).

Dans l’interprétation des données de l’entretien, nous expliquons la résilience en mettant en relation différentes variables telles que l’histoire personnelle et la situation actuelle du jeune. Au-delà des différences individuelles de chacun, nous nous intéressons aussi aux caractéristiques communes évoquées par les jeunes dans leur processus de résilience. Cette approche nous permet d’avoir une vision comparative et synthétique des facteurs de résilience chez les jeunes étudiés.

5.3.2. Interview structurée pour le stress post-traumatique (SI-PTSD) du DSM-IV-R.

Elle donne des éléments de réponse à la première question sur les symptômes du stress posttraumatique. Cette interview comprend des questions qui s’articulent autour de cinq critères d’évaluation :

A. Vécu du traumatisme

B. Revivre l’événement traumatique

C. Evitement des stimuli associés au traumatisme

D. Présence de symptômes persistants traduisant une activation neurovegétative

E. Sentiment de culpabilité

5.3.3. Echelle de l’estime de soi de Rosenberg :

L’estime de soi est un facteur important de la résilience (Garmezy, 1985). Dans la littérature psychologique, « l’estime de soi correspond à l’aspect évaluatif du concept de soi (ensemble des représentations dont l’individu dispose à propos de lui-même). Elle désigne le sentiment plus ou moins favorable que chacun éprouve à l’égard de ce qu’il est, ou plus exactement de ce qu’il pense être » (Bariaud et Bourcet, 1994, p.271).

VI. Analyse et interprétation des données de l’enquête :

Etude de cas :

1. L’exemple de Jean :

Jean a seize ans, il a fui le Rwanda avec ses parents en avril 1994 durant le génocide pour se réfugier en République Démocratique du Congo. Après une année dans ce pays, il a poursuivi l’exil avec sa mère, ses frères et sœurs dans un autre pays africain en vue de faire des études. Son père resté au Congo fut tué lors de l’attaque des camps de réfugiés par les soldats du Front Patriotique Rwandais (FPR) en novembre 1996. Dans le même mois, le garçon et sa mère parvinrent à arriver en France pour y demander l’asile politique. En décembre 1997, l’asile leur fut accordé. Jean, ses frères et sœurs furent informés de la mort du père une année après le décès de celui-ci. Ils ne l’avaient pas vu depuis deux ans et n’avaient aucune nouvelle de lui. Leur mère qui avait gardé l’espoir de retrouver son mari vivant a eu de la peine à accepter la mort de celui-ci. La même peine, elle l’a éprouvée pour annoncer à ses enfants la mort de leur père. Personne de la famille n’a enterré le père, d’où un deuil compliqué vécu par les enfants. Jean est en troisième année au collège et vit avec sa mère, ses frères et sœurs dans un appartement attribué par le service social. Pendant trois mois de guerre au Rwanda, il a vu des morts dans la rue et des soldats qui frappaient quelqu’un à mort. D’autres événements qui l’ont marqué sont le départ en exil et la détention à l’aéroport en France pendant quelques jours quand il était entré illégalement pour demander l’asile politique.

Quelques témoignages sur les événements vécus :

 » Moi et mon petit frère, on nous avait envoyé chercher du pain, je crois oui après en revenant, les militaires avaient interpellé quelqu’un après ils étaient entrain de le tabasser à mort. Il y avait aussi mon grand frère. On est rentré. Et après aussi quand il a fallu qu’on quitte Kigali, on est passé, il y avait des morts par terre tout ça. Après, je pensais, je voyais les camarades qui parlaient  » moi je n’ai jamais vu un mort, je n’ai jamais vu un ». Après je commençais à voir que j’ai vu quelque chose de fort, je regardais ce que j’ai vu. Là ça commençait à prendre de l’importance. je réalisais que (silence). C’est là où l’on commençait à se poser des questions, à penser justement. Ça m’a poussé à penser, à réfléchir, la guerre c’est absurde ».

« Le pire c’était franchement de quitter le pays, parce que quand on est parti. Quand on quittait le pont, on disait c’est fini on a quitté le pays. On était tous là on regardait. En fait on l’a réalisé après. Quand on quittait le pays on se disait c’est reculer pour mieux sauter. On avait l’espoir. Après l’espoir disparaît on se rend compte qu’on a quitté le pays c’est la pire des choses ». « Quand on est arrivé en France, on nous a gardé à l’aéroport. C’était un peu stressant parce que quand on était là haut on ne savait pas quel sort nous avait été réservé. On pensait peutêtre qu’on allait nous ramener en Afrique on ne savait pas à quoi s’attendre. Après quand on est allé au tribunal on nous a accordé un délai de 48 heures. Après ce qui fait qu’on est resté, les 48 heures sont passées, les policiers sont venus nous chercher. On ne savait pas quoi faire. On se disait il faut qu’on manifeste à l’aéroport qu’on ne nous amène pas. Ça c’était stressant le cœur battait à 100 à l’heure. En fait à ce moment là c’est une anecdote en fait il nous avait accordé l’entrée et on ne savait pas. Ils nous disaient, venez on vous appelle à l’aéroport et nous on ne voulait pas y aller et le chef de l’aéroport a téléphoné, il a dit non on vous a accordé l’entrée. »

Problèmes psychologiques évoqués :

- Dépression et inquiétude de l’avenir ( Une année en exil après avoir quitté le Rwanda. « Quelques mois après mon arrivée en France, je déprimais par rapport à ce que je ne pourrais pas faire dans mon pays. Je pensais trop, je pensais tout ce que je ne pouvais pas faire à mon pays, tout ça mon avenir. Un jour je me disais la vie est gâchée maintenant. »

- Penser trop, solitude, inquiétude pour l’avenir ( trois ans après son arrivée en France « Maintenant, il y a trois mois je suis allé voir un psychologue. Il m’a dit qu’il ne faut pas penser trop, il ne faut pas trop voir le côté négatif » « Je m’inquiétais trop pour l’avenir. En fait, je trouvais la solitude, moi je m’enfermais tout le temps sur moi-même. C’est pour ça tu ne peux pas arrêter de penser. »

Symptômes du stress post-traumatique :
- Cauchemars (quelques mois après avoir pris connaissance de la mort de son père) – Revivre l’événement traumatique.

 » (…) les rêves là j’en ai fais, j’en ai fais mais il y a un que je m’en souviens vraiment. Je m’en souviens vraiment celui-là. En fait pendant la guerre j’ai vu un militaire qui avait attaché la tête d’une personne morte sur un bâton qu’il était entrain de brandir « .

- Evitement d’activités qui réveillent des souvenirs de l’événement. « Je n’évite pas des endroits mais des images. Par exemple on a vu la dernière fois c’était un reportage sur le Rwanda, ça m’a rappelé les événements, ça je les évite. Je n’aime pas en parler, voir les images du Rwanda. »

Effets de la guerre sur la façon de se définir.

Au niveau des représentations de l’avenir :

« Avant la guerre, je ne me souciais de rien. J’étais assez petit, en fait, je vivais jour au jour. Je ne me posais pas des questions. Maintenant je pense à mon avenir et puis, je me pose des questions, à l’avenir des fois au passé. Je pense que ça m’a changé, ça m’a motivé à voir, à construire un avenir. »

Facteurs de résilience identifiés :

Ressources personnelles -Traits de caractère personnel (sentiments, croyances, attitudes) : « (…) -j’ai une estime de soi positive, je crois que j’ai de l’ambition mais le plus difficile c’est de la réaliser ». -Se donner un véritable projet de vie  » Il faut se fixer un but dans la vie à partir de là on ne pense pas à d’autres problèmes ». -Aptitudes à analyser et à résoudre difficultés et problèmes  » Je dois accepter que je suis un réfugié normalement pour un réfugié le but principal c’est d’avoir le statut, d’avoir une maison, de vivre bien et là je n’ai pas à me plaindre parce que là je vis bien, j’ai le statut, j’ai une maison, je mange bien et je construis mon avenir ». -Compétences sociales (qui se réfèrent à ce que le jeune fait ou à ce qu’il est capable de faire, la responsabilité) : Mes amis disent que j’ai le sens des affaires tout ça. Des fois j’organise les fêtes et je regarde le côté économique. J’ai envie d’exploiter ce côté. »

Ressources sociales :

Réseaux sociaux de soutien : (relations familiales et amicales, relation forte avec une personne de confiance, école, communauté environnante, modèles d’identification présentes ou absentes) : Relations familiales « (…) -c’est sécurisant la famille, elle est présente. C’est fort on discute facilement, c’est sympathique. C’est l’un des grands côtés positifs. » « (…) -par exemple si je perdais ma mère ça m’affectera beaucoup parce que c’est une mère assez présente. »

Personnes de confiance : son petit frère « Je parle plus à mon petit frère puisque je suis très proche à mon petit frère, je lui parle trop, je lui dit tout et à mon grand frère aussi. Mais je suis très proche à mon petit frère qu’à mon grand frère. Parce qu’on était tout le temps ensemble, on était tout le temps ensemble depuis qu’on est petit. En fait on a deux ans d’écart c’est si comme c’était mon frère jumeau mais on se respecte. Partout si on regarde on était tout le temps ensemble. »

Relations avec les autres jeunes :

« Je résiste parce qu’en fait on est là. On est pas au courant de tous les problèmes et quand on arrive ici on est comme si on est encadré. Je parle pour nous les jeunes après on part à l’école, on regarde la télé, on s’invite au cinéma tout ça. En fait assez vite on oublie, on oublie la situation et tout à coup quand on pense ça te revient que tu es un réfugié. » « Maintenant, je suis sociable et j’aime le contact. Par exemple je pousse mon petit frère à aller en ville parce que j’aime voir la foule, voir les gens. Je ne sais pas mais quand j’étais petit j’étais plus timide mais quand j’ai grandi j’ai changé. J’aime le contact avec les gens je crois que ça me rassure en fait. » Modèles d’identification : Etre pilote, Bill Gates

« Hier, on a été à une parade. En fait j’ai vu un pilote, il était bien habillé, blouson de pilote, je me suis dit il faut que ça soit moi qui soit dans cette uniforme. Je crois je m’identifie par rapport à ça par exemple quand je vois quelque chose qui concerne les avions je regarde. J’envie les gens qui sont entrain de piloter. Je me dis peut-être un jour ça sera moi. Et puis je regarde les gens comme Bill Gates qui ont réussi comme ça je me dis ça sont des gens. »

Interprétation des données :

La dépression et l’inquiétude pour l’avenir comme problèmes psychologiques évoqués par Jean quelques mois après son arrivée en France sont liées à son statut d’exilé. Il éprouvait un sentiment d’échec par rapport à ce qu’il aurait pu faire dans son pays d’origine et par rapport à son avenir. Ce sentiment l’a mis dans une situation de solitude qui a été aggravée par la mort de son père et l’adaptation à la nouvelle société d’accueil. En effet, comme l’affirme sa mère, « quand Jean est arrivé en France ils n’étaient que deux noirs dans un collège, lui et son petit frère. Il a eu de la peine à s’ouvrir aux autres malgré l’accueil favorable qui leur a été réservé par le proviseur pour les intégrer. »

En consultant le psychologue, Jean est sorti de son enfermement et a eu confiance en luimême. Le psychologue peut être considéré ici comme une personne confiante qui a contribué à sa résilience.

Les symptômes du stress post-traumatique évoqués sont surtout les cauchemars, revivre l’événement traumatique et l’évitement d’activités qui réveillent des souvenirs de l’événement. Les cauchemars chez l’adolescent ont été plus intensifiés par la prise en connaissance de la mort de son père.

Son processus de résilience dépend de ses ressources personnelles qui sont la capacité de susciter la sympathie, se fixer des objectifs dans la vie et la croyance en des valeurs morales et religieuses. Comme ressources sociales, il a une certaine complicité avec son petit frère et entretient de bonnes relations avec les autres jeunes de la société d’accueil. La présence de sa mère est très sécurisante puisqu’elle remplace le père perdu très tôt. Les modèles d’identification qui sont être pilote et Bill Gates peuvent l’aider à bien réaliser son projet d’étude en économie ou en pilotage. La modification de l’identité du jeune se fait surtout au niveau des représentations de son avenir, la guerre l’a appris à être ouvert, à se poser des questions sur son avenir.

2. L’exemple de Marie :

Marie a quinze ans et a fui le Rwanda en 1996 après la disparition de son père dans des conditions mystérieuses. Après cet événement, la mère et ses enfants ont décidé de quitter le pays sans pouvoir faire le deuil parce qu’ils craignaient pour leur sécurité. Ils sont demandeurs d’asile en Suisse et ont obtenu un permis provisoire (F) comme la majorité des Rwandais. Marie est en 9ème du gymnase et vit avec sa mère, son frère et ses deux sœurs dans un appartement attribué par le service social. Pendant la guerre, l’adolescente a été menacée d’être tuée et a vu des morts durant trois mois. Au cours de mon entretien, elle était à la recherche de l’apprentissage mais avait des difficultés à trouver la place à cause de son statut précaire.

Quelques témoignages sur les événements vécus :

 » Il y a des gens qui sont venus nous tuer. J’ai entendu le bruit des armes, des choses comme ça. On avait toujours peur parce qu’on était dans un pays en guerre, on était tous menacés, tous les Rwandais étaient menacés. On a fui vers le sud du pays, après le FPR a demandé aux gens de revenir parce qu’il y avait la paix mais ce n’était pas vrai. Mon père est mort quand on est revenu à Kigali. Quand mon père est mort, ma mère a dit qu’elle ne voulait pas vivre au Rwanda ».

Symptômes du stress post-traumatique évoqués :

- cauchemar : « Quand notre père est mort, on était tous révoltés, pourquoi notre père meurt puisqu’on était jeunes » « Quand mon père est mort, je faisais toujours des cauchemars puisque je ne voulais pas que ma mère meurt aussi. J’ai vécu pendant deux ans en Suisse en faisant des cauchemars. Je me levais pendant la nuit pour voir si tout le monde est là, s’il n’y avait pas quelqu’un qui est mort mais maintenant ça va. Je faisais toujours des cauchemars même si je savais qu’on avait changé de pays et qu’ici il y avait la paix. On a continué à avoir peur pendant les deux ans en Suisse. Maintenant c’est bon il n’y a plus de cauchemars. »

- revivre l’événement traumatique (se rappeler de l’événement encore et encore)  » Des fois je restais seule pour penser à ma vie. C’est ce que ma copine et moi faisaient quand on venait d’arriver ici. On pensait la même chose. Elle mettait son argent à côté et avait cherché un trou pour aller se cacher si la guerre éclatait.

- évitement des stimuli associés au traumatisme

- avenir bouché (durée : chronique c’est-à-dire plus de trois mois)  » Moi, je ne sais pas où je pourrais faire ma vie. C’est très difficile »

- hypervigilance (se laisser distraire facilement, se sentir au bord, durée : chronique )

- difficultés d’endormissement, irritabilité et quelques problèmes de concentration (durée : chronique)

- sentiment de culpabilité : « J’aimerais que les membres de famille restés au pays ne souffrent pas, qu’on ne pense pas à eux parce que ça fait souffrir. Ma mère a des problèmes parce qu’elle se sent responsable des problèmes de toute sa famille. »

Effets de la guerre sur la façon de se définir :

Au niveau du système cognitif : (intelligence sociale) :

« La guerre m’a beaucoup changé. Oui je trouve que moyennement je suis plus intelligente que les gens de mon âge. Je pense plus loin qu’eux. Les jeunes de mon âge dans ma classe pensent à maintenant et moi je pense plus loin. » Au niveau des valeurs sociales (qualité/ défaut). Ca m’a changé, je trouve que c’est la valeur humaine qui est très importante et pas les choses »

Facteurs de résilience identifiés :

Ressources personnelles :

- Traits de caractère personnel ( sentiments, croyances, attitudes) : « (…) je prie, j’ai appris à prier au Rwanda pendant la guerre. Parce que je me rappelle, j’avais peur pendant la nuit et je n’arrivais pas à m’endormir. Ma mère me disait va prier Dieu va t’aider. »

- Sens de responsabilité : « Moi mon rêve c’est de devenir quelqu’un d’important, d’aider les gens qui ont besoin de moi, d’aider les orphelins, les gens qui ne peuvent pas se défendre, d’aider les drogués ».

Ressources sociales, réseaux sociaux de soutien :

(relations familiales et amicales, relation forte avec une personne de confiance, école, communauté environnante, modèles d’identification présentes ou absentes, groupes d’amis fidèles) :

 » Oui, j’aime bien rire, j’aime bien parler avec mes copines, on s’entend bien, mes copines de l’école on s’amuse bien et puis j’aime retrouver mes compatriotes dans les fêtes rwandaises avec les autres ». -Relations familiales ( Personne de confiance « (…) en fait ma meilleure copine c’est ma mère, c’est elle vraiment sur laquelle je peux compter dessus ».

- Valorisation de la culture d’origine  » Je suis très contente quand il y a les fêtes rwandaises » -Modèles d’identification : Père, Nelson Mandela, Martin Luther King « (…) j’aimerais ressembler à mon père parce que c’était un homme de droit ».  » L’autre black que j’aime bien c’est Nelson Mandela. Oui c’est un homme »  » Pendant la guerre, je n’arrivais pas à m’endormir et ma mère me disait va prier Dieu va t’aider. Et puis Martin Luther King lui aussi priait pour aider son peuple. C’est un homme parfait. Sa politique c’était d’aider les autres »

Interprétation des données :

Le statut précaire d’admission provisoire a des répercussions sur les représentations de l’avenir par Marie. Au cours de l’entretien, elle avait par exemple des problèmes à trouver l’apprentissage en raison de son statut provisoire en suisse. Aussi, la perte du père difficile à accepter et le fait d’avoir un avenir bouché aggravent son stress post-traumatique. Elle a des difficultés d’endormissement et de concentration. L’adolescente se sent aussi irritable et hypervigilante.

Contrairement à Jean, elle n’a pas consulté le psychologue ; ce qui pourrait expliquer sa fragilité dans la mesure où elle ne s’est pas encore libérée de ses traumatismes. Sa seule confidente est sa mère qui, évidemment, est sous le choc psychologique de la mort de son mari et de la responsabilité des ses enfants. D’après les psychiatres (Moro, 1994, Overbeck Ottino, 1999), les traumatismes de la mère peuvent avoir des répercussions sur le vécu de ses enfants.

Marie se trouve dans une situation plus difficile et est vulnérable à cause de son jeune âge. Cependant, elle se montre résiliente par ses qualités personnelles qui sont la capacité d’attirer la sympathie, l’intelligence sociale, les prières et sa façon d’envisager la vie. Elle a beaucoup de rêves pour son avenir et surtout pour son pays d’origine. Marie considère sa mère comme sa meilleure amie. Elle idéalise aussi son père en essayant de lui ressembler par des études c’est-à-dire faire la même formation que lui. L’adolescente a des copines et aime les manifestations culturelles rwandaises ; une occasion pour elle de discuter avec ses compatriotes et de surmonter les traumatismes.

Analyse thématique sur les problèmes psychologiques, les symptômes du stress posttraumatique et la résilience :

1. Problèmes psychologiques présentés :

1. Penser trop

2. Problèmes d’adaptation au pays d’accueil

3. Problème d’identification au parent perdu ou absent

4. Sentiment de culpabilité

5. Solitude

6. Dépression

7. Inhibition de la souffrance

8. Penser au suicide

9. Perte d’identité

Sur un groupe de 15 jeunes, les problèmes psychologiques les plus évoqués sont penser trop au passé et à l’avenir, les problèmes d’adaptation au pays d’accueil, le problème d’identification au parent perdu ou absent. Il s’agit ici de jeunes orphelins qui affirment, suite à la mort de leurs parents, ne pas pouvoir remplir à l’âge adulte la fonction de père ou de mère. Les autres problèmes les plus fréquents sont le sentiment de culpabilité et la solitude. Le sentiment de culpabilité chez ces jeunes se manifeste par l’incapacité de faire quelque chose pour les autres jeunes rwandais qui souffrent au Rwanda ou dans d’autres pays africains.

2. Symptômes du stress post-traumatique plus fréquents :

1. Réapparition des symptômes si certains souvenirs réapparaissent

2. Evitement des sentiments à l’égard du traumatisme

3. Difficultés d’endormissement

4. Cauchemars

5. Flash back

6. Irritabilité ou colère

7. Sentiment d’avenir bouché

8. Moins à faire avec les gens que d’habitude

9. Culpabilité du survivant

Il ressort de ce tableau que les personnes interrogées présentent actuellement des symptômes du stress post-traumatique six ans après la guerre. Sur 15 personnes, presque tout le monde a des symptômes quand certains souvenirs réapparaissent. La majorité des jeunes évitent des sentiments à l’égard du traumatisme, ont des difficultés d’endormissement, des cauchemars et des « flash back ». Ils se sentent également irritables avec un sentiment d’avenir bouché.

3. Facteurs de résilience identifiés :

Ressources personnelles :

1. Créativité : musique, danse, dessin, cinéma, écrire.

2. Se fixer des objectifs dans la vie ( études)

3. Aptitude à analyser et à résoudre difficultés et problèmes

4. Se sentir responsable

5.Croyance en des valeurs morales et religieuses ( prières)

6. Donner un sens à la vie

7. Capacité de susciter la sympathie

8. Garder l’estime de soi

9. Capacité à nouer des relations, esprit d’initiative

10. Raconter son histoire

11. Humour

Ressources sociales :

1. Groupe d’amis fidèles sur le long-terme

2. Sentiment d’appartenance à sa communauté d’origine

3. Personne de confiance

4. Modèle d’identification

5. Bonnes relations avec des membres de famille

6. Sport

7. Relation privilégiée avec un parent

8. Dette morale envers les autres jeunes qui souffrent au Rwanda ou en Afrique

Conclusion :

Certaines caractéristiques communes entre les jeunes sont remarquables au-delà des différences individuelles de chacun suite à son histoire et à son vécu personnels. A partir de leurs témoignages dans les entretiens, nous avons constaté que les jeunes rwandais ont vécu des traumatismes de différents types : départ en exil, perte des parents, menace d’être tué, voir des morts, membres de famille tués. Pour beaucoup, le départ en exil a été un choc psychologique dans la mesure où ils ne maîtrisaient pas ce qui leur arrivaient et qu’ils pensaient que la situation allait se normaliser sans sortir du Rwanda. Face aux événements vécus pendant la guerre, la réaction de tous les jeunes a été en général marquée par une peur intense et un sentiment d’impuissance. En mettant en relation le vécu traumatique et le stress post-traumatique, on se rend compte que les jeunes orphelins de père ou de mère ont connu des symptômes du stress post-traumatique qui se sont surtout manifestés par des cauchemars, un sentiment de culpabilité pour ce qu’ils n’ont pas pu faire au Rwanda et un sentiment de révolte face à la mort. Pour ceux qui ont perdu le père, la présence de la mère est considérée par ces jeunes comme sécurisante et restent très attachés à elle tout en idéalisant le père perdu. Ils le prennent comme un modèle d’identification et veulent ressembler à lui en choisissant par exemple des études menant à la carrière professionnelle du père.

Ce sont les jeunes ayant un statut de séjour précaire qui se préoccupent le plus de leur avenir ; ils y pensent constamment et se sentent exclus par la société d’accueil. L’analyse quantitative sur un grand nombre de sujets permettra de bien approfondir ces relations entre certaines variables et faire des comparaisons entre les jeunes. Concernant la résilience, on remarque que les ressources personnelles notamment la créativité c’est-à-dire dessiner, écrire, écouter de la musique aident les jeunes à résister aux événements traumatisants. Le fait également d’avoir un objectif dans la vie comme faire des études, de se sentir responsable et d’avoir la capacité d’analyser les difficultés et problèmes est très important dans leur résilience. Comme ressources sociales, presque tous les jeunes ont un groupe d’amis fidèles avec qui ils partagent les problèmes, des personnes de confiance qui les écoutent et des personnes à qui ils s’identifient.

Sur le plan identitaire, les jeunes affirment avoir changé à cause de la guerre. La métamorphose identitaire s’opère surtout au niveau des représentations de l’avenir et des attributs de valeurs sociales (expérience, intelligence sociale, responsabilité).

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