Sources : source : Was ist ein Deuscher, was ist ein Türke Symposium germano-turc 1997 Edition Körber Stiftung
Enquête du Centre d’études turques archives arte
Les Turcs en Allemagne – Rappel de quelques clés
* Le 30 octobre 1961, la Turquie et l’Allemagne signaient une convention sur le recrutement de main-d’uvre. Comme ce fut le cas pour les conventions précédemment signées (en 1955 avec l’Italie, en 1960 avec l’Espagne et la Grèce), l’initiative en fut prise par le « pays fournisseur », la Turquie en l’occurrence. Cette convention reposait sur une double base : d’une part des besoins de main-d’uvre du fait d’un forte croissance économique en Allemagne, d’autre part la volonté du gouvernement turc de désengorger son propre marché du travail, mais aussi l’impact économique de travailleurs retournant dans leur pays avec une qualification, et l’envoi d’argent aux familles restées en Turquie.
* Un bureau de liaison mis en place à Istanbul par l’Office fédéral du travail sélectionnait les « travailleurs hôtes » (Gastarbeiter) à partir d’un examen d’aptitude professionnelle et d’une visite médicale. De 1961 à 1973, l’économie allemande fit venir de Turquie environ 710.000 travailleuses et travailleurs.
* Il allait rapidement s’avérer que le principe de rotation (permis de travail limité à deux ans) adopté par le ministère allemand de l’Intérieur et appuyé par le gouvernement turc ainsi que l’hébergement des nouveaux arrivants dans des logements communautaires entravaient leur intégration. En 1964, ce principe fut abandonné à la demande pressante des milieux économiques. La convention sur les prestations familiales, qui étendait les allocations aux enfants des immigrants, mettait les travailleurs turcs sur un pied de quasi-égalité avec leurs collègues allemands au regard du droit social et favorisait le regroupement familial.
* Des difficultés économiques (récession de 1967, crise pétrolière de 1973) amenèrent l’Allemagne à décréter un arrêt du recrutement en 1973. Mais les travailleurs turcs redoutant que des dispositions plus restrictives ne suivent s’empressèrent de faire venir les membres de leurs familles.
* A la suite du coup d’Etat militaire en 1980, des opposants au régime, Turcs et Kurdes, sont venus en Allemagne comme demandeurs d’asile. La situation économique en Turquie (taux de chômage supérieur à 18% en 1983) et la qualité de la formation scolaire et professionnelle en Allemagne expliquaient l’allongement de la durée du séjour. En 1982, 37% des ressortissants turcs présents sur le sol allemand résidaient dans le pays depuis plus de dix ans ; aujourd’hui, cette proportion est d’environ 60 %. Une décision de la Cour européenne de justice (le procès « Kazim Kus » qui fit jurisprudence) renforce le droit des Turcs de rester en Allemagne.
* Selon une étude du Centre d’études turques, environ 2,1 millions de personnes d’origine turque vivaient en Allemagne en 1999. Sur un total de 7,3 millions d’étrangers en Allemagne, ils constituent le groupe le plus important, soit 28,8 %. Fin 1999, 340.000 Turcs avaient obtenu le passeport allemand.
* Le retour au pays de Turcs nés en Allemagne, de la deuxième ou troisième génération, n’est plus d’actualité. Selon une enquête récemment menée en Rhénanie-Westphalie, presque deux tiers des Turcs – soit 5% de plus que l’année dernière – ont déclaré n’envisager aucun retour en Turquie. Plus les sondés sont jeunes, plus ils vivent depuis longtemps en Allemagne et plus faible est la proportion des candidats au retour. Les travailleurs immigrés de la première génération restent les plus fortement attachés à la Turquie.
* Le problème linguistique reste essentiel pour les travailleurs immigrés. Dans le même sondage, plus de la moitié des Turcs interrogés jugent très moyenne leur compétence linguistique, c.-à-d. leur compréhension de l’allemand. Un quart d’entre eux déclarent par ailleurs ne plus comprendre le turc qu’approximativement. Ce sont avant tout les anciens « travailleurs hôtes » et les plus âgés qui ont une mauvaise connaissance de l’allemand. Plus de trois quarts des sondés déclarent ne pas suivre de cours d’allemand par manque de temps, mais évoquent également l’insuffisance des possibilités dans leur quartier.
* Un cinquième des personnes interrogées en Rhénanie-Westphalie possède la nationalité allemande. La majeure partie des citoyens allemands d’origine turque dit se sentir chez soi en Turquie comme en Allemagne. Les trois quarts des personnes interrogées déclarent remplir les critères d’obtention de la nationalité allemande prévus dans le nouveau code de la nationalité. La majorité des personnes qui ne satisfont pas à ces critères juge que le critère de la langue est un obstacle majeur. Rien d’étonnant, dans ces conditions, que presque la moitié des immigrants mettent ce critère en cause. Seuls 29% approuvent l’actuel code de la nationalité, un quart d’entre eux souhaiteraient qu’une exception soit faite pour les premiers immigrants. Toutefois, 30% des Turcs ont l’intention de demander leur naturalisation, intention d’autant plus ferme qu’ils sont nés en Allemagne. Argument déterminant : les avantages juridiques et les possibilités de participation politique. Pour beaucoup d’immigrants, l’abandon de la nationalité turque est un obstacle à la naturalisation.
* Aujourd’hui encore, les immigrants turcs s’intéressent moins à la politique allemande qu’à la politique turque. Par rapport à 1999, on note cependant un regain d’intérêt pour la politique allemande. L’information est pour l’essentiel véhiculée par les chaînes de télévision turques et allemandes. Les organisations autonomes et les syndicats turcs sont encore très largement considérés comme les défenseurs des intérêts spécifiques des immigrants. Chez ceux d’entre eux qui sont naturalisés ou qui souhaitent le devenir, la politique allemande suscite un intérêt nettement plus marqué que chez les ressortissants turcs. Ces résultats montrent que l’obtention des droits politiques va de pair avec une plus grande attention portée à la politique allemande. Par ailleurs, il apparaît que l’intégration politique et sociale des immigrés en Allemagne ne s’accompagne pas automatiquement d’une rupture des liens affectifs et intellectuels avec la Turquie, mais qu’au contraire, l’identité multiculurelle des immigrants se maintient.
* Le niveau scolaire étudié en 1999 fait ressortir que la proportion d’élèves turcs sans certificat d’études, soit 12,3%, est certes inférieure à celle des étrangers dans leur ensemble (19,5%), mais elle reste néanmoins élevée. En Rhénanie-Westphalie, 35,1 % des sondés ont un bac technique, 29,4% le certificat d’études et 10,6% ont quitté le collège à la fin de la 4ème.
* Les adolescents turcs sont de plus en plus nombreux à suivre les formations et à profiter des débouchés qui leur sont offerts en Allemagne, et donc à se démarquer des emplois typiquement occupés par les premiers immigrants autrefois. L’augmentation du nombre d’étudiants turcs dans les universités allemandes – plus de 21.000 inscrits au semestre d’été 1997 – en est une illustration. Cependant, le nombre d’adolescents turcs en formation est en net recul. Ce sont surtout les filles, pour des raisons familiales et culturelles, qui ont le plus de difficultés à réaliser leurs rêves professionnels. Plus de la moitié d’entre elles restent sans formation, malgré une motivation souvent très forte.
* Depuis le début des années 80, le nombre de Turcs travaillant à leur compte a fortement progressé : de 40.500 en 1995, ils sont passés à 55 200 en 1999.
* Une large majorité des personnes interrogées en Rhénanie-Westphalie entretient des contacts personnels avec des Allemands, notamment dans le voisinage et au travail. Cependant, les deux tiers des sondés souhaiteraient avoir davantage de contacts avec la population allemande.