Georges CONDOMMAS : Né en 1921 à Haiphong (Vietnam), Georges Condominas est eurasien. Études secondaires à Paris (lycée Lakanal), licence en droit à Hanoï (au cours de son séjour en Indochine de 1940 à 1946, période qu’il termina comme matelot. avec un intermède de six mois comme prisonnier des Japonais), licence ès lettres et stage au Centre de Formation aux Recherches Ethnologiques (Musée de l’Homme). Il a effectué au Vietnam, en 1947-1950, la mission qui fait l’objet du présent ouvrage, comme ethnologue à l’Office de la Recherche scientifique et technique Outre-Mer et comme membre correspondant de l’École française d’Extrême-Orient. Le diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes Études lui a été accordé en 1955, pour son mémoire publié en 1957 au Mercure de France sous le titre de Nous avons mangé la forêt de la Pîerre-Génie G6o. Missions au Togo, à Madagascar, en Thaïlande (suivie d’un bref séjour au Vietnam pour revoir Sar Luk) et, comme expert de l’Unesco, au Laos.
Il est actuellement, et depuis 1960, directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et assume, depuis sa création en 1962, la direction du Centre de Documentation et de Recherches sur l’Asie du Sud-Est et le Monde insulindien (d’où de fréquents voyages dans les pays de l’aire couverte par le CeDRASEMI). Il a enseigné à plusieurs reprises, comme professeur invité, aux Universités Columbia (New York) et Yale (New Haven, Connecticut). Fellow du Center for Advanced Study in the Behavioral Sciences (Polo Alto, Californie) en 1970.
Premier ethnologue étranger invité à prononcer le discours inaugurai (Distinguished Lecture) de la session annuelle de l’Americon Anthropological Association (novembre 1972), et, en avril-mai 1973, en compagnie de A.-G. Haudricourt, première mission officielle de chercheurs en Sciences Humaines d’un pays occidental à Hanoï.
De 1948 à 1950, Georges Condominas, dont on n’a pas oublié la pénétrante chronique “ Nous avons mangé la forêt” au pouvoir singulier, a vécu longuement à Sar Luk chez les Mnong Gar, population proto-indichinoise. ( les Moî des anciens auteurs)
Pour étudier de l’intérieur cette vie des hommes de la forêt dans les montagnes du Centre-Vietnam, Georges Condominas s’est tout naturellement intégré à un milieu où d’une certaine manière, il s’est retrouvé. Vivant seul, il parle bientôt couramment la langue des Mnong Gar et effectue toutes ses enquêtes sans interprète ; ce qui lui paraissait encore exotique prend vite la saveur du quotidien, le soumettant au rythme des saisons, le liant à cette population vietnamienne dont il partage le soies et les peines.
Le désir de s’intégrer à une culture à l’opposer de celle dans laquelle il fut élevé, l’auteur croit en trouver au moins en partie, l’origine dans sa nature propre, sa qualité d’Eurasien.