L’INTERCULTUREL, De la psychosociologie à la psychologie clinique

Didier PAQUETTE, docteur en psychologie , il enseigna d’abord la philosophie au lycée français de Rabat, avant de soutenir sa thèse de doctorat sur « le goût du voyage solitaire chez les jeunes français ; aspects psychologiques et sociaux » à l’université René Descartes Paris 5. Auteur de nombreux articles publiés à Raison Présente, Migrations-Société et L’homme et La société, il enseigne la psychologie sociale et clinique à l’université Fédérale de Santa Catarina et poursuit actuellement ses travaux à l’université Fédérale de Sergipe (Brésil).

Edition : L’Harmattan, 1996

Enjeu majeur de la réflexion épistémologique, cet « objet » est le plus souvent livré à la complaisance réductrice des sciences sociales. En fait, lieu-carrefour ou viennent se croiser l’éclairage des sciences sociales et celui de la psychologie clinique, l’interculturel témoigne ainsi d’une complexité et d’un charme inépuisable.

L’iiruption de thèmes aussi attractifs-répulsifs que l’exotisme, la xénophobie, le bouc émissaire, la « distance culturelle », le rapport à l’odeur ou au bruit, ne saurait éluder la spécificité du jeu identificatoire singulier, qui vient subvertir le décryptage socio-culturel,toujours limité et pris en défaut quand il s’agit d’appréhender des enjeux inconscients. Dès lors, nil s’agit d’abord l’oscilliation fétichiste, les modalités d’inscriptions psychique de la différence sexuelle, les déchets de la fonction symbolique, les perceptions de choses dans leur articulation aux représentations de mots, la translinguicité de l’inconscient.

Il sera donc ici question, en passant par le mythe et l’histoire, puis par l’expérience sociologique et clinique, de mesurer l’écart qui sépare les logiques socio-culturelles des logiques psychiques inconscientes, ce qui aura pour conséquence de désigner le champ de pertinence du concept d’interculturalité en regard de celui de transculturalité. Cet enjeu épistémologique dégage, la pratique de terrain illustrera, en s’appuyant sur le cas de femmes portugaises de la région parisienne, puis sur celui des Brésiliens d’origine allemande, les niveaux de confictualité auxquels des référents culturels divers se chevauchent.

Enfin, au détour de quelques digression littéraires, le voyage interculturel épousera les sinuosités de parcours singuliers, ceux de Rainer Maria RILKE, de Paul MORAND et de PESSOA, écrivains dont le tracé existentiel livre le dernier écho, le plus parlant peut-être, d’une « interculturalité » qui rencontre sa vérité la plus intime, celle du labyrinthe humain.

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