L’invention de la mémoire : le cerveau, nouvelles données. (notice bilbiographique)

Israel ROSENFIELD. « L’invention de la mémoire : le cerveau, nouvelles données ». Préface d’Olivier Sacks – traduction par Anne Sophie CISMARESCO – Flammarion, 1994

Israel Rosenfield, mathématicien, médecin et philosophe, enseigne l’histoire des idées à New York University.

Ce livre a pour objet un mythe : notre capacité à nous souvenir des êtres, des lieux et des choses grâce à l’image que nous en possédons, imprimée et emmagasinée en permanence dans notre cerveau. Dans L’invention de la mémoire, Israel Rosenfield conteste ce mythe. Il nous raconte les travaux de Charcot, Broca, Dejerine, entre autres, qui ont fondé la neurologie, la psychologie et la philosophie moderne. Analysant et critiquant les diverses théories du mode de fonctionnement de la mémoire et du cerveau en général, Israel Rosenfield montre en particulier comment l’idée d’utiliser l’ordinateur comme modèle de fonctionnement du cerveau se révèle inadéquate.

Freud a essayé de résoudre le paradoxe suivant : si les souvenirs sont réellement stockés en permanence quelque part dans le cerveau, pourquoi nous est-il si difficile de les rappeler à volonté sous leur forme originelle ? La notion d’inconscient tente de répondre à cette question, mais aujourd’hui d’autres travaux nous donnent de meilleures réponses, en particulier ceux du prix Nobel Gerald Edelman. La théorie d’Edelman affirme que nous pouvons reconnaître, nous souvenir, sans qu’il y ait besoin d’« inventer » un centre de la mémoire : nous ne pensons pas, nous ne nous souvenons pas, notre cerveau ne fonctionne pas comme un ordinateur. Comme des magiciens, nous réinventons notre passé. Ce que nous sortons du chapeau magique qu’est notre mémoire est différent de ce que nous y avons mis, et le chapeau a lui aussi changé. Ce livre nous explique pourquoi et comment chaque cerveau, chaque individu, est unique et quelle est l’origine de cette singularité.

TABLE DES MATIERES

Préface

Remerciements

Introduction

Chapitre I

Contre la localisation

Localisation fonctionnelle ou théorie holistique

Paul Broca : le cas de Tan et la mémoire motrice

Wernicke et Lichtheim : centres spécifiques de la Mémoire et images fixes

Giraudeau : un cas de surdité verbale

Dejerine : l’homme qui ne savait pas lire ce qu’il avait écrit

Quelques détails ignorés : la musique, les nombres de plusieurs chiffres et la vision des couleurs

Contresens modernes sur les travaux de Dejerine : Geschwind et le syndrome de déconnexion

Dejerine et Bernstein : le mouvement et la mémoire

Localisation : l’ébranlement des fondations

Hughlings-Jackson et les jurons

Freud et la mémoire fragmentaire

Intermède littéraire : Marcel Proust et le temps perdu

La localisation des fonctions aujourd’hui : le cerveau, un ensemble d’unités fonctionnelles spécialisées

Contexte et signification : A.A. Low et A.R. Luria

Les trois circuits de la lecture : John C. Marshall et Freda Newcornbe

Contexte et catégorisation : Elizabeth Warrington

Chapitre II

Motricité du langage et reconnaissance de la parole

La perception de la parole

Catégorisation et non pas localisation

Chapitre III

Reconnaissance automatique

David Marr : au-delà de l’intelligence artificielle Les objectifs du système visuel L’ordinateur cérébral et la modularité Localisation cérébrale des symboles : l’ébauche primitive

Représentation en 2, 5 D

Le modèle 3 D

Nommer l’objet

Une autre machine : PDP ou la mémoire cachée Les machines et la biologie : la question du langage

Chapitre IV

Darwinisme neuronal : une nouvelle approche de la mémoire et de la perception

Etudes cliniques

- La notion de temps

- Penfield :  » flash-back » mnésiques et émotions

La perspective biologique

- Damin

- Le système immunitaire

Le cerveau

- Les CAM : contexte et passé en embryologie

Edelman : la théorie de la sélection des groupes de neurones
- Les cartes cérébrales

- « Danvin II » : une nouvelle approche des simulations de reconnaissance automatique

Epilogue et conclusion

BIBLIOGRAPHIE

Chapitre I

1. Broca P. « Perte de la parole, ramollissement chronique et destruction partielle du lobe antérieur gauche du cerveau », Bulletin de la société d’anthropologie, 18 avril 1, 2 : 235-237. (Egalement in Hécaen H. et Dubois J.. la Naissance de la neuropsychologie du langage : 1825-1865, Paris, Flammarion, 1969, p. 61.)

2. Broca P : « Remarques sur le siège de la faculté du ge articulé, suivies d’une observation d’aphémie (perte de la parole) », Bulletin de la société d’anthropologie série, août 1861, 6 : 330-357. (In Hécaen H. et ois J., op. cit., p. 61-9 1, particulièrement p. 7 5.)

3. Broca P. : op. cit., in Hécaen H. et Dubois J., op. cit., 77-78.

4. In Hécaen H. et Dubois J., op. cii., p. 64-65.

5. Ibid., p. 65.

6. Ibid.

7. Uchtheim L. : On aphasia », Brain, janvier 1885, 433-484.

8. Wernicke K. : « The symptom complex of aphasia », Boston Studies in the Philosophy of Science, Cohen R.S.,Watofsky M.W. : Boston, 0. Reidel, 1966, 4 : 36.

9. Baillarger J. : in Hécaen H. et Dubois J., op. cit., 182.

10. Kussmaul A. : Die Stbrungen der Sprache. Versuch Pathologie der Sprache, Leipzig, 188 1, p. 17 7.

11. Giraudeau C. : « Note sur un cas de surdité psychique », Revue de médecine, 1882, 2 : 446.

12. Baternan R : On aphasia, London, J.& A. Churchill, 1890, p. 224-222.

13. [bid., p. 221.

14. Dejerine J. : « Sur un cas de cécité verbale avec agraphie, suivi d’autopsie », Comptes rendus hebdomadaires des séances et mémoires de la société de biologie, 9e série, 21 mars 1891, 3 : 197.

15. Ibid., p. 200.

16. Ibid., p. 198.

17. Dejerine J. : « Contribution à l’étude anatomopathologique et clinique des différentes variétes de cécité verbale », Comptes rendus hebdomadaires des séances et mémoires de la société de biologie, 9c série, 27 février 1892, 4 : 64-65.

18. Ibid., p. 65-66.

19. Ibid., p. 74-78.

20. Ibid., p. 88-89.

21. Mayeux R., Kandel E.R. : « Natural language, disorders of language, and other localizable disorders of cognitive functioning », in Kandel E.R., Schwartz J.H. : Principles of neural science, 2e éd., New York, 1985, p. 696-697.

22. Dejerine J. : op. cit., p. 89.

23. 1bid., p. 87.

24. Dejerine J. : Sémiologie des affections du système nerveux, Paris, Masson, 1926, p. 95.

25. Dejerine J. : « Contribution à l’étude anatomopathologique et clinique des différentes variétés de cécité verbale », Comptes rendus hebdomadaires des séances et mémoires de la societé de biologie, 9c série, 27 février 1992, 4 : 71-72.

26. In Kandel et Schwartz, op. cit., p. 697.

27. Geschwind N. : « Disconnexion syndromes in animals and man », in Selected Papers on Language and the Brain, Dordrecht, Reidel, 1974, p. 149.

28. Ibid., p. 148.

29. Charcot J.-B. : « Sur un appareil destiné à évoquer les images motrices graphiques chez les sujets atteints de cécité verbale », Comptes rendus hebdomadaires des séances et mémoires de la société de bio1ogie, 9e série3 réunion du 11 juin 1892, 4 : 239-240.

30. Ibid., p. 240.

31. Dejerine J.- op. cit., p. 87.

32. Dejerine J. : Sémiologie des affections du système nerveux, Paris, Masson, 1926, p. 148-149.

33. Bernstein N.A. : The coordination and regulation of movements », in Whiting H.T.A. : Humait motor actions : Bernstein reassessed, Amsterdam, Elsevier Science Publishers, North-Holland Publishing Company, 1984, p. 105.

34. Ibid., p. 94-95.

35. Hughlings-Jwkson J. : « On affections of speech from disease of the brain », Brain, avril 1879 – janvier 1880, 2 : 327n-328.

36. Ibid., p. 218-219.

37. Ibid., p. 222.

38. Ibid., p. 220n.

39. Bateman F. : op. cit., p. 201-202.

40. Trousseau A. : Clinique médicale de lHôtel-Dieu de Paris, Paris, Baillière et fils, 1877, in Hécaen H. et Dubois J., op. cit., p. 200.

4 1. Hughlings-jackson J. : op. cit., p. 203.

42. Freud S. : Inhibitions, symptôme et angoisse, trad. Tort M., Paris, PUF, 1965.

43. Freud S. : « L’homme aux rats », Cinq psychanalyses, trad. Bonaparte M., Loewenstein R-M., Paris, PUF, l954 p.226.

44. Freud S. : « L’Homme aux loups », op. cit., p. 359.

45. Freud S. : propos de l’interprétation du rêve », Abrégé de psychanalyse, trad. Berman A., Paris, PUF, 1950, p. 31-32.

46. Freud S. : « L’inconscient », Métapsychologie, trad. Laplanche J., Pontalis J.-B., Paris, Gallimard, 1968, p. 9596.

47. Freud S. : « L’inconscient », op. cit., p. 66-67.

48. Freud S. : Contribution à la conception des aphasies, trad. Van Reeth C., Paris, PUF, 1983, p. 154.

49. Freud S. : Contribution à la conception des aphasies, op. cit., p. 106-107.

50. Freud S. : L’hormne aux rats », op. cit., p. 257.

5 1. Proust M. : A la reeherche du temps perdu, vol. 3, Paris, « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 1954, p. 869-871-970.

52. Low A.A. : « A case of agrammatism in the english language », Archives of Neurology and Psychiatry, 1931, 25 : 558-561.

53. Ibid., p. 564.

54. Ibid., p. 566-567.

55. Ibid., p. 577.

56. Luria A.R : The mind of a mnemonist, Middlesex, England, Penguin Books, 1975, p. 33.

57 Marshall J. : Routes and representations in the processing of written language, in Keller E., Gopnik M. : Wotor and sensory processes of language, Hillsdale, N.J., Erloaum, 1987, p. 242. Voir également Marshall J.C. et Newcombe F. : « Patterns of paralexia : a Psycholinguistic approach », 7ournal of Psycholinguistic Research, 3, 1973, 2 : 175-199.

58. Marshall J., Newcombe F. : op. cit., p. 183-184.

59. Marshall J., Newcombe F : Syntactic and semantic errors in paralexia », Neuropsychologia, 1966, 4 :169176. Voir également Katz J.J., Fodor J. : Language, 1963, 39 : 170-210.

60. Warrington E. : « The selective impairment of semantic memory », Quarterly journal of Experimental Psychology, 1975, 27 : 646.

61. Warrington E., Shallice T. : Category specific semantic impairments », Brain, 1984, 107 : 838.

62. Warrington E. : « Neuropsychological studies of verbal semantic systems », Philosophical Transactions of the Royal Society of London, 1981, B295 : 42 1.

63. Ibid., p. 422.

Chapitre II

1. Studdert-Kennedy M. : « The phoneme as a perceptuomotor structure », in Allport A., McKay D., Prinz W., Scheerer E. : Language perception and production, New York, Academic Press, 1987, p. 76.

2. Ibid. Voir également Ferguson C.A., Farwell C.B. : « Words and sounds in early language acquisition », Language, 1975, 51 : 419-439.

3. Moskowitz B.A. : « The acquisition of language », Scientific Ainerican, novembre 1978, p. 106.

4.Studdert-Kennedy M. : op. cit., p. 78.

5. Pour lire une intéressante et récente discussion des travaux de Liberman, voir Liberman A.M., Mattingly I.G. : « The motor theory of speech perception revised », Cognition, 1985, 21 : 1-36.

6. Bernstein N.A. : « The coordination and regulation of movements », in Whiting H.TA. : Human inotor actions : Bernstein reassessed, Amsterdam, Elsevier Science Publishers, North-Holland Publishing Company, 1984, p. 116.

Chapitre III

1. Marr D. : Vision, San Francisco, W.H. Freeman, 1982,p.102.

2. Hobbes T : Leviathan, éd. Macpherson C.B., Middlesex, England, Penguin Books, 1968, p. 186.

3. Marr D. : op. cit., p. 356.

4. Kellman P.J., Spelke E.S. : « Perception of partly occluded objects in infancy », Cognitive Psychology, 1983, 15 : 522.

5. Rumelhart D., McClelland J.L., PDP Research Group : Parallel distributed processing : explorations in the inicrostructure of cognition, Cambridge, Mass, MIT Press, 1986, 1 : 12.

6. Ibid., 2 : 241.

7. Donaldson M. : « Language : learning word meanings », The Oxford Companion to the mind, éd. R.L. Gregory, p. 421-423.

8. Quine W.V. : . Symbols », op. cit., p. 763-765.

9. Cooper A.R.V. : « Chinese evidence on the evolution of language », op. cit., p. 142-146.

10. Chomsky N. : « Language : Chomsky’s theoi-pp, in Gregory, The Oxford Companion to the mind, p. 419-421.

Chapitre IV

1. Freud S. : L’interprétation des rêves, Paris, PUE

2. Freud S. : Correspondance avec Wilhelm Fliess, Paris, Gallimard, 1966.

3. Damasio A.R., Eslinger P.J., Damasio H., Van Hoesen G.W, Cornell S. : « Multimodal amnesic syndrome following bilateral temporal and basal forebrain damage », Archives of Neurology, 1985, 42 : 252-259.

4. Voir la discussion de Brenda Milner sur la perte de mémoire de H. M., « Amnesia following operation on the temporal lobes », Amnesia, Butterworth, 1966, p. 109-133.

5. Abel H.M., Colman WS., in Hollander B. : The mental symptoms of brain disease, London, Rebman Limited, 19 10, p. 40-41-43.

6. Ibid., p. 42.

7. Penfield W : « Consciousness, memory and man’s conditioned reflexes », in Pribam K. : On the biology of learning, New York, Harcourt, Brace & World, 196), p. 152.

8. Penfleld W, Perot P. : « The brain’s record of auditory and visual experience » Brain, 1963, 86 (4) : 617635-650. (Se reporter aux annexes pour la transcription complète de l’enregistrement de chaque cas.)

9. Gloor P., Olivier A., Quesney L.F., Andermann F., Horowitz S. : « The role of the limbic system in experimental phenomena of temporal lobe epilepsy », Annals of Neurology, 1982, 12 : 140.

10. Ibid., p. 142.

11. Loftus E.F., Loftus G.R. : « On the permanence of stored information in the human brain », Ameriean Psychologist, 1980, 35 : 413-414. Citations de Penfield et Perot extraites de « The brain’s record of auditory and visual expérience » p. 692. Citation de Mahl et al. tirée de Mahl GT., Rothenberg A., Delgado J.M.R., Hamlin H. : Psychosoinatic Medicine, 1964, 26 : 358. Voir également les pertinentes observations de Gloor, qui évoque à nouveau une incapacité à établir un cadre contextuel, bien qu’il ne relève pas ce point :

« Il [Penfield] supposait que la clarté des détails qui caractérise souvent de telles réactions expérimentales apporte la preuve que tous les détails d’une expérience antérieure sont enregistrés dans le cerveau et peuvent être « rejoués » dans leur séquence initiale lorsqu’une crise d’épilepsie ou une stimulation électrique réactive certains circuits à l’intérieur du cortex temporal. Toutefois, les hallucinations de scènes qui n’ont jamais été vécues auparavant, quoiqu’elles soient parfois liées au souvenir d’un événement, peuvent également être provoquées par de telles stimulations ou crises d’épilepsie, et apparaître aussi nettes et détaillées que celles d’un véritable « flash-back » mnésique.

C’est pourquoi il semble peu probable que les stimulations électriques ou les crises, qui impliquent des circuits temporo-limbiques, reproduisent avec fidélité des événements passés. Le caractère fragmentaire de ces phénomènes expérimentaux ne témoigne pas en faveur d’une telle interprétation. Il se peut que ce soit plutôt la crise d’épilepsie temporale ou la stimulation électrique qui, par un processus encore inconnu, active des réseaux neuronaux mettant au premier plan l’impact affectif élémentaire et fondamental d’une expérience donnée, son contexte existentiel et son caractère immédiat, dans le sens proustien du terme, contrairement à l’enregistrement détaillé d’un déroulement narratif, au souvenir d’une action volontaire ou à celui d’un effort mental ; Penfield et Perot n’ont pu expliquer l’absence de ces deux derniers cas dans leurs observations. De tels « flash-back » expérimentaux surviennent parfois chez des personnes normales, au cours d’une vie ordinaire. Les stimuli olfactifs sont plus à même d’activer le sentiment très net de se trouver dans un lieu que l’on avait presque oublié et qui remonte à un passé très lointain, fournissant ainsi une preuve supplémentaire de l’implication des circuits limbiques dans leur évocation. »

(Gloor et al. : « Tbe role of the limbic system », p. 142.)

12. Pour plus de detafls concernant les travaux d’Edelman et le chapitre iv, voir : « Through a computer darkly : group selection and higher brain function », Bulletin of ôhe American Academy of Arts and Sciences, octobre 1982, 36(l) : 20-48.

Neural darwinism : population thinking and higher brain function », in Shafto M. : How we know, Harper and Row, 1986, p. 1-30.

« Group selection and phasic reentrant signaling : a theory of higher brain function », in Edelman G.M., Mountcastle V.B. : The mindful brain, MIT Press, 1978, P. 51-100.

« Group selection as the basis for higher brain function », in Schmitt F.O. et al. : the organization of the cerebral cortex, MIT Press, 198 1, p. 535-563.

« Neuronal group selection in the cerebral cortex » (avec Leif H. Finkel), in Edelman G.M., Gall WE., Cowan W.M. : Dynamic aspects of neocortical function, Wiley, 1984, p. 653-695.

« Cell adhesion molecules », Science, 4 février 1983, 219 : 450-457.

« Expression of cell adhesion molecules during embryogenesis and regeneration », Experimental Cell Research, 1984, 161 : 1-6.

« Interaction of synaptic modification rules within populations of neurons » (avec Leif H. Finkel), Proceedings of the Natz’onalAcademy of Science, février 1985, 82 : 1291-1295.

« Selective networks and recognition automata » (avec George N. Reeke, Jr.), Annals of the New York Academy of Sciences, 1984, 426 : 181-201.

La discussion la plus complète sur la theorie d’Edelman se trouve dans son livre : Neural darwinisni : the theory of neuronal grouP selection, New York, Basic Books, 1987.

13. Gallin W.J., Chuong C.M., Finkel L.H., Edelman G.M. : « Antibodies to liver cell adhesion molecule perturb inductive interactions and alter feather pattern and structure », Proceedings of the National Academy of Science USA., 83 : 8235-8239.

14. Bartlett F.C. : Remembering : a study in experimental and social psychology, Cambridge, Cambridge University Press, 1964, p. 213.

15. Dans Mind and evolution, ouvrage rédigé en 1976 et 1977, j’ai décrit en ces termes la relation entre le langage et la conscience :

« Dans le schéma d’acquisition du langage proposé par Donaldson, les enfants commencent par apprendre la signification des phrases, et ensuite seulement celle des mots isolés ; cela signifie que le cerveau généraliserait d’abord les contours phonétiques les plus larges de la phrase, puis les limites phonétiques qui déterminent les mots individuels, et finalement la relation (grammaticale) des mots entre eux. On peut imaginer comment une série de cartes serait capable d’abstraire les contours phonétiques les plus larges de la phrase, et comment, ultérieurement, des procédures d’abstraction identiques détermineraient les limites des mots, d’autres cartes déduisant les corrélations formées entre eux. Selon ce point de vue, le langage serait le privilège de l’hon-une parce qu’il dépendrait de la taille de son cerveau, de la quantité de cartes disponibles pour réaliser ces procédures d’abstractions, ainsi que de la présence d’une « boîte à voix » pour produire les combinaisons de sons nécessaires.

« Grâce au langage et à toutes sortes d’images, l’homme a créé des transformations de stimuli plus vastes et plus englobantes. Le propre de la pensée est de sans cesse intégrer et transformer les données de la perception et les phénomènes mentaux eux-mêmes. Le fait que chaque phrase que nous produisons devienne à son tour un stimulus nouveau signifie que son sens se trouve transformé. »

« La compréhension est l’adaptation de nouvelles images à de nouveaux moules, transformant l’ancien moule et la nouvelle image en une entité nouvelle. Plus qu’une répétition, c’est peut-être la capacité de transformation qui constitue le fond de l’activité mentale. On a fait subir une transformation radicale aux images visuelles, auditives et tactiles, et cette transformation a entraîné dans son sillage la conscience humaine » (p. 144145, 151-152.)

De même, à la page 144 se trouve le passage suivant, qui contient un des thèmes principaux de ce livre :

« Le système nerveux ne peut que se rapprocher de ce qui a déjà été produit. Nous tentons de le maîtriser pour être plus sûr de nos réactions, mais il ne faut pas oublier l’élément inconnu qui vient brusquement modifier le cadre principal. Est-ce que ces images, qui sont apparemment fixes, ont toujours la même signification ? Leur contexte variera avec le temps, et avec lui, par conséquent, leur signification. Il est possible que ce qui semble être une image fixe ne soit en réalité que la reproduction approximative d’une image antérieure »

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