Affluence records sur les “lieux saints” de l’islam sénégalais à Tivaouane et Touba, création d’associations culturelles des “écoles arabes”, apparition de revues “intégristes” ou “fondamentalistes” .. les événements de l’actualité musulmane au Sénégal défilent depuis quelque années à un rythme impressionnant. certains ont cru déceler dans la montée spectaculaire de l’activisme islamique les relents d’une intolérance anti-chrétienne comme rarement le pays en a connu. Mais, derrière le christianisme chargé du pêché originel d’être la religion du colonisateur, c’est en fait la laïcité dont se réclame l’Etat moderne du Sénégal indépendant qui est vise en tant que symbole d’une occidentalisation corruptrice.
Phénomène passager et sans consistance impulsé par des “ayatollahs” au petit pied rêvant de plaies et de bosses pour ramener les brebis musulmanes égarées vers le royaume d’allah ? Ou plutôt manifestation tangible d’une évolution en profondeur de la société civile musulmane qui, confrontée à la grave crise socio-économique et morale que traverse le pays, a de plus en plus tendance à voir dans l’islam le seul système global de références capable d’apporter des réponses claires aux questions qu’elle se pose ? Ce qui est certain, c’est qu’il se pose dans ce pays plus que jamais une “question musulmane”.
Moriba Magassouba a recherché, à travers les affrontements partisans qui ont émaillé la vie politique sénégalaise depuis 1946, les indices ou les “signes” tendant à démontrer qu’en dépit d’une longue tradition de sécularisation et laïcité de l’Etat, les risques ou les chances de l’instauration d’une république islamique sont inscrits dans le futur de la République du Sénégal.