Éditeur : Calmann Levy (3 novembre 2004)
Née en Colombie, anthropologue et docteur en histoire, Mana Victoria Uribe est actuellement directrice de l’Institut colombien d’anthropologie et d’histoire à Bogota. Elle enseigne à l’université des Andes. Ses recherches les plus récentes comparent les mythes fondamentaux des groupes de libération tamouls (les Tigres du Sri Lanka), des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et de l’IRA irlandais.
Présentation de l’éditeur
Pourquoi la violence est-elle plus que jamais une réalité inéluctable, à l’échelle des individus aussi bien que des, peuples ? Qu’est-ce qui sépare l’humain de l’inhumain le long de cette frontière ténue qu’on appelle » le mal » 7 – Depuis le XIXe siècle, la Colombie est le théâtre d’une violence sourde mais continue. Enracinée dans les guerres fratricides qui opposèrent libéraux et conservateurs, cette violence resurgit aujourd’hui dans les affrontements entre armée, paramilitaires et guérilleros, donnant lieu à d’innommables exactions, enlèvements et assassinats. Entre 1975 et 1995 on recense en Colombie 22617 homicides. Dans cet essai remarquable, l’anthropologue Maria Victoria Uribe recueille les témoignages des survivants de l’époque dite de La Violencia ; elle analyse les processus d’animalisation des victimes et la déshumanisation rituelle gui précédent les massacres, dont on retrouve tant d’échos dans l’histoire mondiale. L’auteur tente surtout, en affrontant la douleur de ceux qui se souviennent et en articulant la portée métaphorique de ces atrocités, de briser le silence qui encoure les victimes. A défaut de pouvoir donner sens à l’horreur, elle retrouve à l’heure des assassins anonymes une mémoire perdue et nous convoque à penser autrement la violence et sa propagation toujours latente.