In : Accueillir – Revue du Service Social d’Aide aux Emigrants -, n° 195 – Mars-Avril 1994 : 34-37
Marie-Jo BOURDIN est assistante sociale au Centre Françoise MINKOWSKA, Paris.
La criminalisation de l’excision : un débat teinté de néo-colonialisme
En rendant la pratique de l’excision passible de la cour d’assises, la France a choisi la voie de la répression. Or les procès qui se voulaient exemplaires n’ont pas empêché que la pratique perdure. Non que le message ne soit pas passé : les Africains savent que la France rejette l’excision. Mais ils ne comprennent pas pourquoi. Et voient souvent dans ces procès un rejet global de leur culture. M. J. Bourdin, qui a réalisé un travail universitaire sur la question et a suivi certains procès, apporte son témoignage.
En 1983, un arrêté de la cour de cassation rend l’excision criminelle. Il faut préciser que cet arrêté a été rendu après qu’une Française, aux origines bretonnes, ait, dans un accès délirant, excisé sa propre fille.
C’est quelque dix ans après les indépendances, que les Occidentaux, avec les mouvements féministes, se sont préoccupés de l’existence de cette pratique. Dès la fin des années 70, la presse dénonce cette coutume pratiquée en France et s’empare de certaines affaires alors jugées dans les tribunaux correctionnels.
Contrairement à ses voisins européens et après un long tâtonnement pour le choix d’une juridiction, la France a finalement opté pour la cour d’assises, considérant ainsi cet acte criminel selon l’article 312-3 du Code pénal.
« C’est notre coutume »
L’Angleterre, la Suisse, la Suède se sont dotées d’une législation appropriée, mais n’ont jamais jugé. Depuis 1992, la Hollande avec l’arrivée massive de réfugiées somaliennes, se trouve confrontée au problème de l’infibulation ; elle hésite entre un cadre législatif répressif et un travail de prévention et d’information auprès de cette communauté. Il semblerait qu’à ce jour, la Hollande n’ait toujours pas fait de choix.
En France, malgré la répression, l’excision, pratiquée par certaines ethnies de la zone sub saharienne (soninké, bambara, toucouleur, malinké), perdure.
« C’est notre coutume », rétorquent ces mères et pères qui se retrouvent dans le box des accusés (toujours pour complicité) et qui ne se reconnaissent pas dans la peau de criminels. Une coutume ante islamique aux origines immémoriales, que pratiquent certaines ethnies de vingt six pays d’Afrique. Elle ne se limite d’ailleurs pas à ce seul continent puisqu’on la retrouve en Asie, Indonésie, Malaisie, dans le sud du Yémen et de la péninsule arabique, dans le sultanat d’Oman et même en Amérique latine dans des tribus indiennes de l’Amazonie péruvienne et vénézuélienne.
Du point de vue de la religion, l’excision n’est pas spécifique à l’Afrique islamisée ; elle existe en milieu animiste, catholique et même chez les coptes d’Egypte. Les grands pays musulmans, Maghreb, Turquie ou Iran ne la pratiquent pas. L’Islam, sans prescrire ni proscrire, est sans doute un des facteurs de sa pérennisation.
Suivant les ethnies nous trouvons trois types d’excision :
– celle dite « Sunna »,qui consiste en l’ablation du clitoris (type 1),
– l’excision complète avec l’ablation du clitoris de ses annexes et des petites lèvres (type 11),
– enfin, l’infibulation ou circoncision « pharaonique (type 111) où l’obstruction de l’orifice vulvaire (laissant seulement le passage de l’urine et du sang menstruel), se fait après l’excision complète de type Il.
Ces trois formes d’excision ne sont pas sans risques médicaux. Elles peuvent être suivies de complications immédiates (hémorragies, blessures d’organes voisins, abcès vulvaires…) avec des formes mortelles (septicémie ou tétanos). D’autres apparaissent plus tardivement sur le plan urinaire (infections, incontinence…) et surtout sur le plan obstétrical nécessitant souvent des épisiotomies au moment des accouchements. La conception de la maladie et de la mort dans la culture africaine fait que, lorsqu’une complication survient ou que l’enfant décède, l’exciseuse n’est jamais mise en cause : Dieu l’aura voulu ainsi ou il s’agira d’un mauvais sort.
Quant aux origines de l’excision elles ne sont pas établies et restent incertaines. L’Egypte serait considérée comme le berceau de la circoncision (masculine et féminine). La découverte de momies excisées est souvent évoquée. L’avènement de l’Islam n’a en rien modifié les comportements, intégrant cette coutume qui lui était antérieure.
A des fins médicales, l’Europe de la fin du XIXe siècle, n’est pas étrangère à cette pratique. Pour guérir ses patientes hystériques, le Dr Baker Brown, chirurgien anglais les excisait. Certains médecins l’utilisaient aussi pour soigner la masturbation des jeunes filles (DI Poulmet, 1900).
L’histoire nous révèle quelques vaines tentatives abolitionnistes. A la fin du XIX siècle, des missionnaires ont voulu décourager la clitoridectomie, ce qui entraîna des révoltes de la part des indigènes. La plus connue et la plus sanglante a eu lieu en 1929 au Kenya où les Mau Mau excisèrent quelques anglaises.
Quand en 1963, Jomo Kenyatta’ prend le pouvoir de ce pays, après des études universitaires en Angleterre, il s’empresse de rétablir officiellement l’excision qui, selon lui, était « sottement combattue par des pro-Africains trop sentimentaux ».
Depuis les années 1940, des Etats africains dénoncent ou interdisent en vain l’excision. Actuellement, regard occidental oblige, certains envisagent de se doter d’une législation tout en ne se leurrant pas sur l’efficacité de la répression dans un domaine où la coutume a droit de cité. Même si certains gouvernements tiennent (souvent frileusement) un discours abolitionniste, il n’en reste pas moins vrai que, politiquement, ils ne peuvent se mettre à dos toute une partie de la population rurale où l’excision est largement pratiquée.
« Un sujet tabou »
Nous avons pu percevoir cette attitude lors d’un voyage d’études au Sénégal 2. Une femme ministre niait l’existence de cette pratique dans son pays, l’attribuant aux femmes maliennes. Il est vrai qu’à Dakar, où des associations de femmes luttent pour son abolition, l’excision est en forte régression, même si l’exode rural lui redonne vigueur dans certaines banlieues dakaroises. Il en va autrement dès que l’on quitte la capitale sénégalaise dans les villages soninké et toucouleur de la région du Fleuve où l’excision est très ancrée dans les comportements.
« Il y a d’un côté l’Afrique où excision égale coutume et de l’autre la France où excision égale acte de barbarie »
Dans le cadre d’un programme d’éducation sanitaire, le ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfant a lancé en 1992 une campagne de lutte contre l’excision. Les médecins, infirmiers et agents sanitaires chargés de l’application de ce programme s’accordent pour dire que, sur le terrain, cette lutte ne constitue pas une priorité. Pour eux, ce qui est prioritaire, ce sont les vaccinations, le suivi des grossesses, la tuberculose pulmonaire et la lèpre. De plus « c’est un sujet tabou difficile à aborder avec les vieux car c’est très ancré dans la mentalité soninké ». Un seul progrès dans les villages : avec l’éducation sanitaire, les « exciseuses » (là-bas, on dit forgeronnes) utilisent des antiseptiques simples, comme la teinture d’iode, ce qui évite certaines complications immédiates.
Lorsque nous avons quitté le Sénégal un nouveau programme s’élaborait pour aborder cette question avec les femmes via le risque de la transmission du sida.
Bien avant ce voyage, en 1990 / 1991, nous avions pu réaliser une enquête dans le cadre d’un travail universitaire et faire parler des Africains des deux sexes sur cette pratique coutumière et sacriminalisation dans notre pays. Parallèlement, nous avons assisté, depuis 1988, aux procès en cour d’assises.
En abordant dans un contexte répressif, la signification et la fonction de l’excision, la loi du pays nous a souvent été renvoyée : « Chez nous c’est comme ça, la loi c’est de couper les filles… on a toujours fait ça, ma grand-mère est coupée, ma mère… je suis coupée… » La coutume ne s’explique pas, elle se reproduit et il est bien difficile d’aller au-delà de ces traditionnelles réponses.
En insistant un peu, l’obligation pour le mariage vient justifier l’excision. Par contre on ne s’abrite plus derrière une prescription coranique, mais la propreté du sexe, dans le sens de pureté (pureté pour prier) est toujours avancée – pureté du sexe, débarrassé de sa partie masculine tout comme la circoncision retire la partieféminine (prépuce) du sexe masculin. Le terme circoncision s’adresse d’ailleurs aux deux sexes. « C’est la coupure qui sauve », dit un proverbe yoruba (Nigeria), sous-entendu coupure et purification pour devenir proprement femme et proprement homme. C’est pour reprendre l’expression d’Anne Raulin la circoncision « qui fait l’homme, l’homme adulte sexuellement désirable… l’incirconcis est inconcevable.
« Les femmes veulent en faire leur affaire »
Pourrait-on alors rapprocher circoncision masculine et féminine ? Les réponses obtenues dans notre recherche ont été assez variées avec quelques interrogations et même l’ébauche d’une remise en cause : « un aspect négatif de la coutume pour les deux » (homme Burkinabé d’ethnie Mossi). Pour résumer, et contrairement à l’excision, la circoncision apparaît sans ambiguïté religieuse. Une mutilation la circoncision ? Oui, commencent à penser certains mais c’est socialement admis ; tout le monde la pratique, les juifs, les blancs pour des raisons médicales ou d’hygiène, elle est légalisée et « même remboursée par la sécurité sociale » dit une Sénégalaise Toucouleur. On ne peut donc la comparer à l’excision ; d’ailleurs, il ne viendrait à l’idée de personne d’alerter la justice…
Quant à la médicalisation, devenue banalité pour la circoncision des garçons, elle ne semble pas être envisagée pour les filles, ni représenter un moyen terme vers l’abandon comme certains peuvent le proner. Même si elle peut rassurer, la clitoridectomie faite en milieu hospi talier ou dans les dispensaires comme en Italie ‘ou dans certaines capitales africaines, redonnerait vigueur à cette coutume plus qu’elle ne l’aiderait à disparaître.
Nous avons aussi abordé le rôle des femmes dans la perpétuité de l’excision. N’est-elle qu’une affaire de femmes ? « Les femmes veulent en faire leur affaire », nous répondront plusieurs hommes qui se sentent eux aussi concernés, reconnaissant chez eux une certaine complicité.
Les femmes, elles, ne semblent plus toujours aussi convaincues même si elles affirment parfois : « C’est les mamans qui décident ». Plusieurs d’entre elles se laissent aller à penser et à dire « Si les hommes le voulaient l’excision cesserait et cesserait même rapidement… c’est eux qu’il faut convaincre. »
Au-delà des hommes, il y a aussi la pression familiale. « Même à Paris le village est présent et nous rappelle nos obligations… nous n’avons pas le choix » (femme malienne, soninké). Si certains ont réussi à prendre du recul vis-à-vis de la famille et de la tradition, la pression du groupe familial (avec le pouvoir incontesté des anciens) reste très présente et très pesante. C’est peut être là où nous, Occidentaux, qui avons remis en cause nos grandes institutions, dont la famille, nous avons du mal à comprendre. Ne peut-on vraiment pas s’opposer à cette famille élargie ?
Suivant l’origine rurale ou urbaine, le temps passé en France, le degré d’intégration, le recul vis-à-vis de l’éducation traditionnelle, l’opposition à la famille peut être plus ou moins affirmée, parfois semble impossible. Si les mères africaines obéissent à la loi des ancêtres ce que leur demandent leurs grandmères, mères ou soeurs aînées, elles subiront, de ce côté-ci de la Méditerranée, l’humiliation des procès ; si elles respectent la loi française, elles seront coupables pour les leurs et mises au ban de leur propre société, subissant la honte de tout leur groupe social. Le choix est douloureux et outrepasser la loi française ne signifie-t-il pas réaffirmer sa culture, son identité d’origine ?
Tout ceci nous montre qu’il y a débat, divergence entre ceux qui restent fidèles et gardiens de la tradition, et ceux plus progressistes, acculturés, qui osent remettre en cause certaines coutumes et ont déjà fait l’apprentissage d’une société où l’individu prime sur le groupe, l’autonomie sur l’autorité, le droit sur la coutume.
« C’est une sorte de résistance. A partir du moment où il y a une forme de ghettdisation de la vie des immigrés, on se replie sur soi-même… Il y a une nécessité d’identité. »
Il ne faut pas non plus nier et oublier le passé colonial encore très proche dans les mémoires ce qui peut entraîner des attitudes de rejet à l’égard de certaines préoccupations occidentales.
Un néo-colonialisme culturel ?
La condamnation de l’excision serait elle alors un néo-colonialisme culturel ? Ce n’est qu’après la décolonisation que l’Occident se préoccupe de cette coutume totalement occultée pendant la période coloniale.
Pourtant, nous dit une Guinéenne d’ethnie malinké, « pour lutter, les Français ont eu leur heure, ils ont été chez nous, ils n’ont pas protesté… c’est en France qu’ils ont soulevé le problème avec peut-être certaines Africaines ».
Quant à ceux qui, en France, outrepassent la loi, « c’est pour résister aux colonisateurs, aux toubab » qui se mêlent de notre vie pour que l’on soit comme eux » (Ivoirienne, malinké). C’est un écho aux dires d’un Soninké malien : « C’est une sorte de résistance. A partir du moment où il y a une forme de ghettoïsation de la vie des immigrés, on se replie sur soi-même… Il y a une nécessité d’identité, on oublie que toute culture, quelle qu’elle soit, a besoin d’un apport extérieur… Multiculturel est aussi valable pour le pays d’accueil ; la France qui, pendant des siècles, a bénéficié d’un formidable apport culturel, se montre de plus en plus ethnocentrique malheureusement ».
Une autre Malinké dira : « Il y a d’un côté l’Afrique où excision égale coutume et de l’autre la France où excision égale acte de barbarie ». La réflexion du grand-père de cette femme nous interpelle aussi sur notre rôle en Occident. Lorsqu’elle part en vacances au village, il l’interroge sur les procès en France : « Il paraît que l’on met les gens en prison ? Mais vous êtes fous ou quoi ? Les Français sont venus nous coloniser en Afrique ; vous, vous allez là-bas et vous vous laissez encore coloniser ? »
Au cours d’un des procès, le beau-frère d’une mère accusée, très impressionné par le rituel du procès et la teneur des débats s’approche timidement pour nous dire : « Mais vous, les Français, vous êtes venus au Mali, vous y êtes même restés alors pourquoi vous ne nous avez pas dit tout ça là-bas ? Aujourd’hui ma soeur ne serait pas là ! »
La colonisation, qui a fermé les yeux, rebondit au coeur des procès dans une démarche acculturatrice forcée. C’est bien là que réside la grande difficulté à appréhender le problème. Vouloir, par la répression, faire disparaître une perception « traditionnelle » pour en faire émerger une nouvelle, « moderniste », sans qu’apparaisse, à un moment ou à un autre, une forme de néo-colonialisme culturel, relève du défi.
La criminalisation de l’excision met en scène, nous l’avons très vivement ressenti dans le déroulement des procès mais aussi dans les discours recueillis, un conflit de culture où chacune veut et tente de résister à l’autre. Laquelle va prévaloir ?
Les condamnations ne semblent pas résoudre le problème, car elles blessent, traumatisent, humilient mais ne semblent pas parvenir à convaincre réellement. Dans le clivage juridico- culturel, un rapport de force s’installe, faisant apparaître un phénomène de résistance qui renforce dans leurs attitudes les parents africains défenseurs de l’excision, poussant certains à outrepasser la loi.
Depuis 1988, l’exemplarité, tant prônée dans les premiers procès par les parties civiles, n’a plus guère aujourd’hui sa raison d’être. Car si exemple il y avait eu, nous n’aurions pas assisté à sept procès l’année dernière et débuté cette année 1994 par un nouveau jugement.
Ce constat devrait nous amener à nous interroger sur ce mode de répression. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut laisser exciser les petites filles africaines sur notre territoire. Non. Mais nous ne pourrons jamais faire admettre à une mère soninké qu’elle est une criminelle, au même titre qu’un assassin ; elle aime sa fille, n’a aucune intention de lui nuire. Au contraire elle nous dit que c’est pour son bien, son avenir qu’elle perpétue ce que lui dicte sa tradition. Dans son pays, elle est une bonne mère en décidant de faire exciser sa fille. De ce côté ci de la Méditerranée elle devient une criminelle, jugée comme telle.
Mentalement le passage est difficile. La difficulté majeure est celle de la compréhension de notre interdiction. Tout le débat de la connaissance de la loi est un faux débat.
« Plus aucun Soninké en France ne peut ignorer la loi », ne cesse de clamer l’avocate de la partie civile dans tous les procès. Mais l’important dans cette affaire n’est pas uniquement de savoir mais de comprendre pourquoi c’est interdit.
« Il paraît que l’on met les gens en prison ? Mais vous êtes fous ou quoi ? Les Français sont venus nous coloniser en Afrique ; vous, vous allez là-bas et vous vous laissez encore coloniser ? »
A ce titre les condamnations n’ont aucune visée pédagogique car elles imposent et ne proposent rien. Les sanctions qui accompagnent une interdiction nécessitent, pour tous, que l’acte réprimé soit considéré et intégré comme une faute selon le code culturel de références. Or, Africains et Occidentaux n’ont pas les mêmes codes culturels d’où la complexité du message et des excisions continuent à se pratiquer malgré la répression.
Pour preuve de cette incompréhension, la réflexion d’une mère soninké : « Bon, les Blancs ont dit c’est pas bon pour les filles, alors c’est pas bon, mais toi, est-ce que tu peux me dire pourquoi c’est pas bon ? » Cette réflexion se passe de commentaire lorsqu’on sait que nous l’avons rencontrée pour notre recherche deux ans après qu’elle ait été condamnée à trois ans de prison avec sursis. Elle était la première mère jugée aux assises sans que l’excision n’ait eu de suites mortelles.
L’image du barbare et du civilisé
Pour que cesse cette tradition ici, mais aussi là-bas, nous devrions pouvoir trouver un autre compromis. Ce qui frappe dans tous ces procès, c’est l’impression que tous les parents accusés, quels qu’ils soient, pourraient entrer dans un même moule. Ils perdent au cours des débats toute leur individualité ; ce ne sont plus des personnes que l’on juge mais toute une culture et les dérapages ethnocentriques peuvent rapidement émerger. Dans ce conflit de lois et de normes, très vite se profile l’image du barbare et du civilisé. C’est vrai, nous l’avons déjà dit, mais il faut le répéter, des moyens efficaces sont difficiles à mettre en place car il n’existe pas de solutions prêtes à l’emploi qui engageraient beaucoup plus que le simple rapport intellectuel.
Le cheminement d’un long questionnement dans lequel nous sommes encore aujourd’hui, face à cette prise de conscience des difficultés à trouver des solutions, nous conduit à miser sur la médiation culturelle, très à la mode en ce moment. Proposer de « parler l’excision » via des relais, des – sages » africains appartenant à des ethnies où l’on excise, qui seraient un lien entre ces deux manières de voir le monde social, afin d’éviter l’écueil des généralisations et des préjugés si souvent présents dans tout ce qui touche au culturel. « Préjugé culturel, dirait Roger Bastide, le plus répandu en France ». Sa définition peut d’ailleurs nous apporter des éléments de réponse à notre interrogation sur l’attitude néocolonialiste face à l’excision : « Nous croyons que notre civilisation et notre culture sont supérieures aux autres civilisations et aux autres cultures, nous sommes toujours des missionnaires, nous voulons toujours apporter à tous notre civilisation, les franciser, les assimiler. »
Peut-être émigrerons-nous un jour de nos certitudes ?
Nous sommes contre l’excision.